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Billet de blog 8 juillet 2024

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Macron, un perdant qu'il va falloir surveiller

Le scénario sorti des urnes est le seul que Macron n'avait pas souhaité. Une chose est sûre, il va tout faire pour mettre des bâtons dans les roues de la gauche. Une surveillance solide s'impose.

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Alors que le président de la République avait pris un malin plaisir à occuper les ondes audiovisuelles au soir des dernières élections, hier soir, Emmanuel Macron est resté muet. La raison semble être qu'il avait, avant les européennes, anticipé deux scénarios qui lui convenaient. Le premier, le plus avouable, était celui de compter une nouvelle fois sur la division de la gauche, le matraquage d'éléments de langage diabolisant, et au final le report des voix en faveur de son camp, pour que ce dernier sorte renforcé et de nouveau légitimé par les urnes de ce scrutin. Ce scénario a été largement commenté par les éditorialistes, pas besoin d'aller plus loin. Le deuxième scénario était celui d'un large victoire du Rassemblement national. Ce scénario semblait tout à fait satisfaire Emmanuel Macron. Sa politique a en effet largement dévié vers le programme du parti lepeniste, comme en a témoigné la loi immigration. Mais au-delà de cette loi, Macron avait fortement amplifié ses relations avec Vincent Bolloré. Avoir prévenu Pascal Praud avant Gabriel Attal de la dissolution en a été une preuve effrayante. Le président semblait tout à fait se faire à l'idée de gouverner avec une majorité RN, ce qui lui aurait permis de continuer sa politique économique d'augmentation du taux de profit tout en ciblant les économies sur les étrangers plutôt que sur les autres travailleurs, déjà lourdement amputés de leur pouvoir d'achat par sa politique. Cela lui aurait également permis d'apparaitre comme un garant des institutions, faisant mine de tempérer certains élans impopulaires du parti lepeniste.

Mais dimanche, ce n'est pas ce scénario qui est sorti des urnes. Le président, qui s'était empressé de "parler aux français" juste après le résultat des européennes, puis juste après le premier tour, n'a pas souhaité s'exprimer. Comme Marine Le Pen, dimanche 7 juillet aura été l'occasion de ne pas devoir entendre ces deux personnes qui ont tout misé depuis 7 ans sur leur prétendu duel. Si Marine Le Pen n'en sort pas gagnante, le perdant de cette histoire, c'est bien lui.

Maintenant, un grand travail doit s'engager à gauche.

D'une part, il va falloir passer d'une coalition d'opposition à une coalition de gouvernement. Ce travail nécessitera de trouver des accords avec d'autres forces politiques. De ce point de vue, une opportunité semble se dégager. Gérald Darmanin et Edouard Philippe semblent vouloir recréer un groupe réunissant l'aile droite du macronisme, Horizon et pourquoi pas une partie des LR. Si cela abouti, non seulement ce sera à coup sûr un nid de guêpes miné par les ambitions de chacun, mais cela permettra de libérer les autres députés Ensemble de son aile droite la plus radicale, ouvrant la possibilité de négocier sur certains textes pour trouver une majorité. Si la gauche souhaite gouverner, elle devra nécessairement trouver des accords. Même si cela semble inenvisageable aujourd'hui, c'est une piste qu'il faudra étudier. Hors de question bien sûr d'une coalition avec la partie d'Ensemble restante, mais pourquoi pas compter sur elle sur certains votes. Pour ne pas gouverner par 49.3 ou seulement par décret, il faudra bien s'ouvrir un peu. Mais ce travail devra être mené à l'Assemblée.

D'autre part, il va falloir surveiller attentivement Emmanuel Macron qui, heureusement fortement affaibli, va tout faire pour faire capoter l'union de la gauche et l'empêcher de gouverner. Il a la main sur la nomination du Premier ministre, et nul doute qu'il cherchera à mettre des bâtons dans les roues de l'union, puis cherchera à tout prix à l'empêcher de mettre en place son programme. C'est en tout cas le pire scénario pour lui car il devra chercher à empêcher des lois très populaires et clairement attendues, notamment sur l'augmentation des salaires, la transition écologique et la taxation du capital. Une chose est sûre, il va falloir le surveiller de près.

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