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Billet de blog 9 juillet 2024

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Piste pour une nouvelle manière de gouverner : le référundum

Pour réussir le pari d'un gouvernement minoritaire, une piste est à étudier et permettrait d'échapper au blocage du modèle politique actuel.

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Un problème majeur du modèle politique actuel est la sclérose qui découle du modèle partisan. Toute la campagne des législatives, mais aussi celles des européennes et encore la présidentielle précédente, mais aussi avant, bref, toute élection porte sur l'existence des partis et de figures pour l'incarner. Au moment du vote, après des semaines et des mois d'invectives et de calomnies sur les personnes et les partis, il est demandé aux électeurs et électrices de voter. Le résultat est généralement le même : on a quasiment pas parlé des programmes. Macron a lourdement profité de ce modèle, en faisant lors des présidentielles de 2022 une chose qui devrait toutes et tous nous interpeller : il a fait campagne sans programme. Quelques éléments étaient cachés et jamais évoqués, mais cela ne l'a pas empêché de considérer sa légitimité pour appliquer son programme comme absolue.

La gauche quant à elle, et particulièrement la France insoumise avec l'Avenir en commun, mais encore le Nouveau front populaire récemment, a fait preuve d'une grande transparence et s'est toujours félicitée - à juste titre - que les françaises et les français étaient majoritairement très favorables à leur programme. Augmentation des salaires, meilleure répartition des richesses, renforcement des services publics, renforcement de l'indépendance des médias, réduction du temps de travail, relocalisation du travail, transformation écologique radicale, bref, toutes ces mesures obtiennent un fort soutien dans la population. Les attaques se sont concentrée sur le présumé antisémitisme de la gauche qui, s'il existe dans toute la société au même titre que la xénophobie ou le racisme, est beaucoup moins présent à gauche qu'à droite comme l'a montré le dernier rapport de la CNCDH. Elles se sont également focalisées sur les personnes et au premier titre sur Jean-Luc Mélenchon, mais également, de manière plus floue, sur "l'extrême-gauche" dont on a toujours du mal à percevoir les contours. Cela a donné une assemblée où la gauche est minoritaire dans un pays qui soutient dans l'ensemble ses mesures.

Mais nous avons une opportunité. Pour une fois depuis longtemps, une gauche clairement de gauche peut gouverner. Et cela effraie la droite qui cherche depuis deux jours à briser l'union en multipliant les "mains tendues" et les ultimatums (comme ces députés qui annoncent noter une motion de censure si un membre de LFI entre au gouvernement). Il y a même une partie des macronistes et des LR qui appellent à former un gouvernement d'alliance entre eux, donc à continuer la même politique qu'avant alors qu'elle a été très largement rejetée par le corps électoral.

Le référundum

Une option à mettre sur la table pour changer de méthode consisterait à annoncer, lors du discours de politique générale du nouveau gouvernement minoritaire du NFP, qu'un ensemble de mesures programmatique sera soumis à référendum aux Françaises et aux Français. Un programme d'un bloc qui reprendrait une partie du programme et que les électeurs, s'il trouvait une majorité dans le pays, autoriseraient à mettre en œuvre en utilisant l'article 49.3 pour éviter le blocage. Retraite à 60 ans, indexation des salaires sur l'inflation, 14 tranches d'impôt sur le revenu, suppression de la flat tax, financement de la rénovation des logements, taxe sur les superprofits et quelques mesures budgétaires. Le discours de politique générale annoncerait alors que le reste du programme, notamment ce qui fait plus débat dans la société, serait débattu par la voie parlementaire sans utiliser le 49.3 mais en cherchant un compromis. Plusieurs gains politiques en ressortiraient. Premièrement, cela permettrait d'enfin parler du programme et d'obtenir un soutien populaire qui légitimerait cette politique. Les oppositions n'oseraient alors pas voter une motion de censure sur une mesure adoptée par référendum, même si le gouvernement utilise le 49.3, car il aurait demandé l'autorisation au peuple pour éviter le blocage. Deuxièmement, cela permettrait d'impulser une nouvelle manière de gouverner, une manière plus directe, où le peuple pourrait voter, même indirectement, des lois. Cela permettrait d'initier le passage à une nouvelle république et ouvrirait la voie pour les présidentielles de 2027. Troisièmement, cela permettrait d'avoir une vraie légitimité pour le vote du prochain budget qui sera, c'est certain, très périlleux. Enfin, cela offrirait une nouvelle grande victoire politique à la gauche et une grande défaite définitive à Emmanuel Macron. La gauche en sortirait largement vainqueur et pourrait ressouder une nouvelle fois ses militants, les syndicats et la société civile impliquée dans le NFP. C'est un moyen intéressant pour changer de modèle et, pour la France insoumise, d'utiliser sa grande expérience de mobilisation militante au service d'un renouvellement de son fonctionnement démocratique.

Si ça vous parle, quelqu'un pour faire passer l'idée à grand.e.s che.fe.s ?

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