Les projections sur la composition de la future Assemblée nationale laissent à penser qu'aucun bloc n'aura de majorité absolue. Le Front pop', bien que plus fort qu'aujourd'hui, a très peu de chances d'atteindre les fameux 289 sièges, et la barre semble également un peu trop haute pour le RN et ses alliés, bien qu'étant eux aussi en forte progression.
Emmanuel Macron devra cependant nommer une nouvelle personne à Matignon. Tous les signaux envoyés depuis des mois me font croire qu'il cherchera d'abord une personne plutôt très fortement marquée à droite, qui composera un gouvernement avec le RN ou du moins avec des figures de la droite la plus dure, marquant, sans le dire explicitement, une tentative d'accord avec le RN. Cela laisserait au RN la possibilité d'obtenir pourquoi pas quelques portefeuilles ministériels de moindre importance, mais surtout, laissera au groupe parlementaire et à sa présidente un pouvoir très fort de direction et de blocage des textes de loi. Or, pour cela, il faudrait qu'une partie des députés du "centre" (Les Républicains non alliés au RN, Renaissance, etc) vote la confiance ou du moins ne vote pas de motion de censure. Si Macron ne réussissait pas à trouver une telle majorité, à cause de député.e.s qui refuseraient un alliance (même inavouée) avec le RN, il faudrait proposer une personne à Matignon capable d'obtenir un soutien, même discret, du Front pop', avec le même schéma que décrit pour l'autre bord.Il est en revanche très peu probable que Macron puisse nommer une personne à Matignon de son entourage proche, car une motion de censure tomberait à coup sûr, aucun des deux blocs n'acceptant de revenir à la situation de ces deux dernières années.
Emmanuel Macron, qui s'était donc acharné à détruire la gauche et la droite pour gouverner avec un bloc "central" hégémonique, a réussi à torpiller ce dernier bloc et donc à recréer le clivage gauche-droite. Le bloc central, affaibli, mais qui aura encore de nombreux députés du fait du mode de scrutin, se fissurera inévitablement dans le choix de la personne qui occupera Matignon. Il leur faudra choisir l'alliance avec la gauche ou avec la droite. Et le clivage sera trop marqué pour prétendre dépasser les différences. Cette dissolution est donc bien la fin du macronisme, du moins dans sa forme de 2017 et du "en même temps" devenu insupportable pour tout le monde.