Billet de blog 16 mai 2011
Pulsion et Politique
Dominique Strauss-Kahn, indépendamment de la réalité d'une culpablité toujours à prouver, nous rappelle que l’homme n’est pas seulement raison mais aussi pulsion. L’animal sommeille et reprends le dessus parfois, quand la maîtrise de soi craque, quand le refoulé revient à la surface. La pulsion est source de vie et aussi de mort – Indispensable et dangereuse –
Bien sûr, en apparence, c’est affaire d’individu. DSK comme Nicolas Sarkozy sont des hommes du même type. La pulsion y semble mal maîtrisée, comme incoercible. Les actes impulsifs, irréfléchis, intuitifs ou arbitraires foisonnent – Caligula président – L’enfant-roi ou plutôt l’adolescent-roi. Et malheur à la ville dont le prince est un enfant, pour reprendre un titre de Montherlant. Pour les citoyens, c’est l’incompréhension qui domine. Or, leur inconscient les porte vers ces hommes, et donc les rapproche de leur propre pulsion.
Pourtant, la politique est affaire de raison, de sobriété, de réflexion. Parfois, chez les plus grands, l’intuition s’en mêle, mais à la marge, quand la raison ne suffit plus, que la décision n’est pas raisonnable jusqu’au bout et qu’il faut, comme dans la foi, faire un saut. Mais chez Nicolas Sarkozy, c’est l’inverse. L’intuition guide la raison. La décision précède l’action. D’ou l’impression de chaos permanent, d’impréparation, de décisions sans fondements qu’il faut justifier a posteriori...
Mais peut être est ce notre image qui se reflète dans ce miroir politique ? – Notre image de peuple français repris par ses démons pulsionnels venus de la nuit des temps. En témoignent l’explosion des paroles et des actes racistes, la désignation permanente du bouc-émissaire, la peur de l’autre, immigré ou pauvre, l’invasion de la vie publique par l’irrationnel.
A nous de choisir d’échapper à cette pulsion. C’est sans doute la leçon collective de cette affaire, qu’elle qu’en soit l’issue. DSK a-t-il voulu nous dire que, comme Sarkozy, il était le jouet de lui-même ?... Que d’autres hommes ou femmes étaient plus à même de remplir ce rôle de Président que lui ?... Que l’on ne se laisse pas collectivement emporté par le miroir médiatique, que l’on reprenne pied et fasse confiance à d’autres qui, mieux qu’eux, porteraient plus fortement la France vers l’avenir parce que la politique est d’abord affaire de solidité personnelle, de constance, de raison.
Si la pulsion est un océan, la raison est dans les amers. Quelques hommes sont des balises dans notre obscurité. Ils ne peuvent rien sans nous mais ils sont nécessaires. A nous de les choisir en toute raison -
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