Le 22 avril,la France et les Français se trouveront au Carrefour des Cinq Routes. Et il leur faudra choisir parce que l'histoire ne sait pas s'arrêter, hésiter, tergiverser. Cinq routes et quelques chemins de traverse qui ne permettront pas d'échapper bien longtemps au choix définitif.
Sur le premier, une femme, Marine Le Pen, qui voudrait qu'on emprunte avec elle une voie qu'au Mouvement Démocrate, nous pensons sans issue, que nous croyons être à la fois une impasse économique et un cul-de-sac moral. En somme, un itinéraire de délestage pour nos angoisses collectives et les rancoeurs individuelles. Mais, au final, une nasse ou nous serions d'impuissants prisonniers et dont nous ne sortirions que par la violence.
Sur le second chemin, l'actuel Président, Nicolas Sarkozy, qui nous proposera de continuer avec lui la politique menée depuis cinq ans et dont nous avons pu apprécier le bilan exceptionnel: un chômage aux alentours de cinq millions de Français, une dette stratosphèrique, l'abaissement de l'influence de la France dans le monde...Mais ce n'est pas tout, et au fond, cela pourrait résulter de la "crise" mondiale...Le plus grave est ailleurs, dans l'effondrement moral, avec la mise en oeuvre d'une politique fondée sur le mensonge, la démagogie, et le mépris pour l'intelligence des citoyens. Une politique qui considère que le "dire" est plus important que le "faire", que 'l'avoir" est plus important que "l'être". En somme, on nous propose de suivre un roitelet capricieux entouré de sa cour formée d'une kyrielle de rapaces pour qui la France est devenue une réserve de chasse aux milliards.
Sur le troisième chemin, François Hollande, qui fait, comme on dit dans la fable, "patte de velours". S'il est élu, pourtant, Raminagrobis et ses comparses détiendraient tous les pouvoirs en France : la Présidence, le Sénat, la quasi totalité des Régions, le Premier Ministre et n'en doutons pas, l'Assemblée Nationale. Comment mieux expliquer que nous serions alors, nous Français, entre ses griffes ? Nous aurions ainsi un suzerain matois suivi d'une kyrielle de vassaux, eux aussi dans la course au fromage. D'ailleurs, il a prêvenu : "Vous étes là pour les places, et vous avez raison, il y ebn aura". Là encore, de notre gruyère français, pour les citoyens, il ne restera que les trous.
Sur le quatrième chemin nous invite Jean Luc Mélenchon, le verbe haut, l'injure à la bouche, l'apostrophe facile. Tout est la faute des autres. Il suffit de se planquer derrière nos frontières, de prendre les sous aux patrons et tout ira bien. Mais ne nous y trompons pas, cet itinéraire n'est qu'un "itinéraire bis", là encore, un itinéraire de délestage pour les rancoeurs et les passions inassouvies. Au bout du chemin, nous le retrouverions sur le chemin numéro trois, main dans la main avec François Hollande. D'ailleurs, il nous a prêvenu : au second tour, il appelera à voter pour lui.
Reste la cinquième voie, celle que nous vous proposons autour de François Bayrou : un projet humaniste pour une France Solidaire, comme le souligne encore le nom de son dernier livre. Nous pensons qu'il n'existe pas de politique qui vaille sans présupposés philosophiques. Pour nous, c'est l'Humanisme. Cela signifie : mettre l'homme au centre de notre projet. Mais encore ?... C'est dire, avec le poète Térence, cette phrase que nous connaissons tous: "Je suis homme, et rien de ce qui est humain, je crois, ne m'est étranger" ou encore "Homo sum; humanis nihil a me alienum puto". C'est reprendre ce qu'en 1588 écrivait Montaigne : "Tout homme porte en soi la forme entière de l'humaine condition". Et je ne citerai pas les autres grands penseurs de ce courant, Pétrarque, Vinci, Erasme, Rabelais, Ronsard, Descartes, Tocqueville, Hugo, Zola, Camus ou Martin Luther King...et tant d'autres...
C'est une richesse extraordinaire, le plus grand trésor des Français, leur culture admirée partout, qui a ensemencé la terre. En avons nous seulement conscience ? C'est à partir de cet humus intellectuel, philosophique, unique au monde, que nous avons pu et que nous pourrons construire un modèle de société fondé sur ces valeurs que nous avons mises au fronton de nos mairies : Liberté, Egalité, Fraternité.
Nous devons nous appuyer sur chacune d'entre elles pour bâtir la France de demain. Et le projet du Mouvement Démocrate est construit dessus.
J' insiste plus particulièrement sur la troisième, la Fraternité, la Solidarité, qui en cette période difficile est plus que jamais nécessaire: solidarité dans la famille avec les plus faibles, les plus jeunes ou les plus agés; solidarité dans l'entreprise ou chacun, de l'actionnaire à l'ouvrier doit se sentir responsable de l'avenir et bénéficier des succès; solidarité entre les citoyens entre régions, entre départements, entre villes et villages; solidarité entre tous les européens qui ne relèveront les défis de l'histoire qu'ensemble.
Je voudrais terminer en rappelant la fin de cette nouvelle d'Albert Camus ou le peintre Jonas a tracé sur la toile un mot presque illisible. On ne sait s'il s'agit de Solitaire ou de Solidaire. Avons nous le choix ?