Bien sur que les Palestiniens veulent que ça s'arrête. Que s'arrêtent ces bombardements de civils et d'enfants. Que s'arrête cette torture par la faim et par la destruction des maisons et des biens. Bien sur que les victimes de cet enfer n'en peuvent plus.
Après ces deux années de terreur quotidienne Donald Trump propose un plan de paix en vingt points sinon « ce sera l'enfer » menace t il ; il prétend menacer le Hamas mais c'est les Palestiniens qui le subiront ; « l'enfer », ils y sont depuis deux ans. Le Hamas s'apprête à rendre les otages, tant mieux, il le faut. Que ça s'arrête.
Alors tous les chroniqueurs de la loi du plus fort félicitent l'artisan de la paix, on parle même de prix Nobel ! Au comble de l'horreur s'ajoute le comble du cynisme. Grâce à Trump, l'histoire pourrait prendre un cours normal. Cette histoire qui aurait commencé le 7 octobre. Car avant il n'y avait rien.... Oh pardon ! Oui, avant il y avait les accords d'Abraham qui sellaient une paix éternelle entre les Pays Arabes et Israël sous le regard attendri de Trump. Il n'y avait rien, c'est à dire : plus de Palestiniens... Oh pardon ! Oui, il y avait des Palestiniens : deux millions parqués en silence dans la bande de Gaza, sous l'autorité d'un Hamas financé par Israël. Il y avait plus de trois millions de Palestiniens sur le territoire de Cisjordanie grignoté et éclaté par des colonies, vivant sous la menace de colons violents et armés soutenus par l'armée Israélienne. Il y avait aussi huit cent mille Palestiniens vivant en Israël sous un régime d’apartheid. Bien sûr qu'il faut que ça s'arrête, même dans ces conditions. Que s'arrêtent la terreur, la faim, la douleur. Que l'on puisse soigner les blessés, les malades, les enfants.
Il faut que ça s'arrête là, maintenant. Les palestiniens son encore une fois vaincus, écrasés, humiliés. Nétanyahou prétend se battre contre l'armée du Hamas. Après deux ans d'une guerre contre une des armées les plus puissantes du monde, armée et soutenue par les Etats Unis et des Etats Européens dont la France l'armée du Hamas est détruite. C'est bien aux Palestiniens que l'Etat d'Israël fait la guerre. Les Palestiniens veulent que ça s'arrête... à n'importe quel prix ! N'importe quel prix ? Peut on cesser d'être Palestiniens ?... C'est pourquoi l'Etat d'Israël veut leur disparition ; il veut coloniser « de la mer au Jourdain ».
Le Hamas est défait. Cette guerre a massivement semé les graines de la haine. Elles germent déjà. Que vont elles donner ? Elles peuvent se développer sous différentes formes. Il y a eu la forme OLP de Yasser Arafat, avec ses différentes composantes porteuse d'un projet laïque et démocratique malgré ses défauts. L'OLP est allée très loin dans les compromis, jusqu'aux accords d'Oslo. Elle a été détruite par Israël. Il y a eu la forme Hamas autoritaire, religieuse, barbare et, rappelons le, encouragée financièrement par Nétanyahou. Elle est détruite. Quelle sera la prochaine ? Il faut lire ou relire Franz Fanon ( « les damnés de la terre »)et Primo Levi (« naufragés et rescapés »)qui décrivent si bien comment la barbarie des oppresseurs crée la barbarie des victimes. Quelle forme prendra la prochaine résistance, car où il a oppression il y a résistance, c'est une loi de la vie. Au vu de l'espace laissé aux Palestiniens faut il craindre pire que le Hamas ?.
Si en Israël même, les voix qui militent pour la justice, l'égalité et la paix ne sont pas entendues par les Israéliens, l'Etat d'Israël détruira par une violence totale toute organisation, quelle qu'elle soit, que se donneront les Palestiniens pour la reconnaissance de leurs droits. Les Palestiniens veulent la justice et la Paix Trump et Netanyahou leur proposent l'humiliation, la soumission et les guerres de demain, Pour arriver à la justice et à la paix il faut espérer que des voix Israéliennes combatives nombreuses s'opposent au projets colonisateurs de leurs dirigeants et que des voix palestiniennes se donnent des organisations combatives et démocratiques. Il faut que les deux peuples trouvent des points de fraternisation et d'égalité contre leurs dirigeants respectifs qui s'y opposent.
En guise de conclusion, il faut se soumettre au rituel : « … Il ne faut jamais oublier le 7 octobre et les otages... ». C'est par cette phrase que toute parole sur le droit des Palestiniens est disqualifiée. C'est par cette phrase qu'un premier ministre François Bayrou, au nom de la France, concluait sa réponse à une sénatrice qui l’interpellait sur les massacres à Gaza. D'accord avec lui ; il ne faut jamais oublier ; rien oublier. Et, bien que l'histoire n'ait pas commencé le 7 octobre comme beaucoup ont insisté pour le faire croire ; partons du 7 octobre.
Il ne faut jamais oublier le 7 octobre et les crimes qui ont été commis par le Hamas sur des civils et des enfant. Il ne faut jamais oublier la prise d'otages.
Il ne faut jamais oublier que le massacre fut organisé par le Hamas que le gouvernement de Netanyahou finançait via le Quatar. Netanyahou voulait dans les territoires Palestiniens une force qui rende impossible l'application des accords d'Oslo ou tout autre accord qui reconnaisse des droits au peuple Palestinien.
Il ne faut jamais oublier qu'au lendemain du 7 octobre , après l'annonce de représailles par l'armée Israélienne, les amis de François Bayrou, par la voix de la présidente de l'Assemblée Nationale ont apporté un « soutien inconditionnel »aux décisions que prendrait Netanyahou.
Il ne faut jamais oublier qu'il y a des conditions à la guerre : au minimum le respect frontières et des lois la guerre.
Il ne faut jamais oublier que depuis des années les gouvernements Israéliens violent le droit international et les frontières en colonisant des territoires Palestiniens au su et au vu de tous.
Il ne faut jamais oublier que ce « soutien inconditionnel » des amis de Bayrou et Macron vaut approbation de tout ce qui a suivi et de tout ce qui a précédé le 7 octobre.
Il ne faut jamais oublier que Macron appelait Netanyahou « mon cher Bibi » lorsqu'il l'a reçu à l'Elysée et qu'à sa demande il a déclaré que toute opposition à la politique colonialiste d’Israël est antisémite.
Il ne faut jamais oublier comment les amis de Macron et de Bayrou ainsi que les commentateurs attitrés sur de nombreux plateaux de télévision et autres médias ont usé et abusé de ce qualificatif.
Il ne faut jamais oublier qu'ils ont détourné le mot « antisémitisme », chargé de sens, de mémoire de responsabilité humaine, en une insulte banale de campagne électorale.
Il ne faut jamais oublier qu'ils ont dégradé la mémoire de ceux qui en ont été et en sont encore les victimes.
Il ne faut jamais oublier qu'en galvaudant le mot « Antisémitisme » ils ont affaibli le combat contre l'antisémitisme et le racisme .
Il ne faut jamais oublier qu'ils ont ainsi stigmatisé et calomnié des organisations et des militants de la lutte contre le racisme et l'antisémitisme et que dans le même temps ils ont offert un marche pied et une vitrine au Rassemblement national/Front National héritier et porte parole historique de l'antisémitisme et du racisme en France.
Il ne faut jamais oublier tous ces animateurs vedette qui disqualifiaient toute parole en soutien à la résistance du peuple palestinien. « Dites terroriste » était le préalable à toute argumentation.
Il ne faut jamais oublier que ces mêmes animateurs sont moins pressés de demander aux « soutiens inconditionnels » de la politique de l'état d'Israel: " dites génocide" comme préalable. « Laissons le temps aux historiens » disent ils.
Il ne faut jamais oublier que pendant tout ce temps il y avait une presse, des médias des témoignages et des voix qui donnaient tous les moyens d'être informés , pour savoir les crimes en cours à Gaza pour prendre position et pour agir.
Il ne faut jamais oublier le nombre de journalistes qui pouvaient témoigner sur le terrain, tués par les forces Israéliennes. Plus de 200 d'après Reporters Sans Frontières.
Il ne faut jamais oublier que la dénonciation par Macron des massacres et de la famine de la population de Gaza lui a valu de se faire traiter d'antisémite et de complice du Hamas par Netanyahou, son « cher Bibi ».
Il ne faut jamais oublier que pendant tous ces mois des organisations politiques, des associations et des militants ont dénoncé la barbarie imposée à la population de Gaza, malgré les insultes les calomnie et l'infamie .
Il ne faut jamais oublier qu'il y avait dans ce combat des militants de tous horizons et parmi eux, beaucoup d'origine juive
Il ne faut jamais oublier que des manifestations de soutien aux palestiniens et d'appel à l'arrêt des destructions ont été interdites par des autorités « soutien inconditionnel ».
Il ne faut jamais oublier que des personnalités de renom comme le dessinateur Sfar ou la rabbin Delphine Horvilleur et d'autres….ont il y a quelques mois élevé leur voix pour protester contre la barbarie à Gaza. Bienvenus parmi nous. Ils avaient pourtant distribué du haut de leur notoriété et des tribunes qui leurs étaient offertes des labels « d'antisémitisme » iniques et destructeurs - peut-être par réaction identitaire, compréhensible, après le choc du 7 octobre-.
Il ne faut jamais oublier que pendant des mois les commentateurs et chroniqueurs des plateaux télé disaient ne pas comprendre les buts de guerre du gouvernement de Netanyahou.
Il ne faut jamais oublier qu'il y a une volonté de la part des dirigeants de l'état d'Israel d'anéantir les Palestiniens et que c'est certainement là le but de guerre qui est à l'oeuvre depuis bien avant le 7 octobre.
Il ne faut jamais oublier qu'une enquête en cours doit établir les causes de la faillite des forces de sécurité et de renseignement israéliennes le long du mur à ce moment là.
Il ne faut jamais oublier le 7 octobre.