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Billet de blog 5 juin 2016

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Un phénomène climatique complètement inédit

La crue de la Seine que nous connaissons est exceptionnelle, non par son importance en valeur absolue, mais par sa date. C’est la seule vraie crue répertoriée qui se produise en juin et qui atteigne son maximum, 6,1 m, le 4 juin à 2h.

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 La crue de la Seine que nous connaissons est exceptionnelle, non par son importance en valeur absolue, mais par sa date. C’est la seule vraie crue répertoriée qui se produise en juin et qui atteigne son maximum, 6,1 m, le 4 juin à 2h[1].

On a probablement toujours connu des crues à Paris. La chronique rapporte déjà  des crues à l’époque romaine en particulier du temps de l’empereur Julien. Paris, comme beaucoup de ville, a été, volontairement, construit en zone inondable.

  La crue la plus élevée jamais relevée n’est pas celle de 1910 mais celle du 27 février 1658 qui atteint 9,96 m

Illustration 1
D'après B. Gaspard Les crues de la Seine à Paris, revue la Houille Blanche, 1954

Les crues surviennent entre novembre et mars avec une prédilection marquée pour l’hiver et la fonte des neiges. Elles ne surviennent jamais en été et normalement il n’y a pas de crue entre mai et novembre. Au cours de a période observée (entre 1649 et 1945) il n’y a que deux exceptions le 10 mai 1836 avec 6,45 m et le 29 septembre 1866 avec 5, 45 m.

Illustration 2
D'après B. Gaspard Les crues de la Seine à Paris, revue la Houille Blanche, 1954

La crue actuelle constitue donc une nouvelle exception pour cette saison. Et la comparer avec des crues hivernales n’a tout simplement pas de sens. 

 En revanche, la comparaison de date à date le 4 juin montre bien le caractère exceptionnel de l’événement que nous vivons. Le débit moyen estimé pour le 4 juin est deux fois supérieur à celui de 2013 qui était déjà important et plus de 7 fois plus élevé que la moyenne des dix dernières années.[2]

Illustration 3
Source Eaux France, débit de la Seine au pont d'Austerlitz; Pour 2016 estimation personnelle

Si la cause des inondations réside évidemment dans le volume des précipitations, leur importance est provoquée par la topographie des lieux. Les départements de la Seine-et-Marne comme celui du Loiret sont des zones d’Open Field  où l’eau ruisselle avec beaucoup de facilité. L’urbanisation en région parisienne accentue fortement le ruissèlement de l’eau vers les rivières et les fleuves. Elle amplifie le phénomène de crue. Et le Paris d’aujourd’hui, puis-je écrire un truisme ? n’est pas celui de 1910.

Lors de la crue du 27 février 1658 la Seine a été mesurée à 9,96. La région parisienne comptait un peu plus de 450 000 habitants. En 1910 la  Seine a atteint son niveau la plus haut le 28 janvier à 8,62 m, et la population parisienne au sens large atteignait 5,34 millions d’habitants (3 millions à Paris intra muros et 2,3 en banlieue).  En 2016 la population de l’ile de France est de 12 millions d’habitants dont 2,2 à Paris intra périphérique. Non seulement il pleut des cordes à double nœuds, mais en plus l’eau coule comme jamais. Donc crue.

Les prévisions de montée des eaux ne se font que par des modèles. Il n’y a pas de corrélation automatique entre un niveau de précipitations et la monté des eaux d’un fleuve. Il faut recourir à des modèles complexes qui doivent évaluer l’impact de l’urbanisation selon la manière dont celle ci est réalisée (une ville du type de Londres retient beaucoup plus les eaux que le Paris haussmannien), le nombre de ponts avec leur nombre de pieds et d’arche, le nombre d’obstacle qui sont là , les bateaux les péniches, les guinguettes etc. Le vent joue aussi un rôle dans l’écoulement… Et puis dans le cadre d’un fleuve comme la Seine qui va se jeter dans la mer en aval la marée et le vent de mer vont jouer un rôle décisif dans l’évacuation de la crue dans la Manche. Nous ne sommes peut être pas au bout de nos surprises. 


[1] Chronologie des principales crues établie par B. Gaspard Les crues de la Seine à Paris, revue la Houille Blanche, 1954

[2]. Source EauFrance  débit moyen quotidien de la Seine au pont d’Austerlitz

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