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Billet de blog 15 octobre 2020

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L'ombre de Staline film

L'Ombre de Staline est un film polono-britannico-ukrainien réalisé par Agnieszka Holland, sorti en 2019. Il est sélectionné en compétition officielle à la Berlinale 2019. il est librement inspiré de la découverte par le journaliste britannique Gareth Jones, de la famine ukrainienne de l'Holodomor (1932-1933)

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Le corps de l’action du film se déroule en mars 1933, deux mois après l’arrivée d’Hitler au pouvoir. Un jeune journaliste, conseiller auprès de Lloyd-George alors Prime Minister du Royaume-Uni, a réussi l’exploit d’obtenir une interview d’Hitler pendant l’un de ses déplacements en avion. Il en rapporte la conviction qu’Hitler veut la guerre en Europe. Face au scepticisme des membres du cabinet britannique il étaye sa conviction sur le fait que Goebbels lui-même lui a dit que les nouvelles autorités allemandes la souhaitaient.

En ce mois de mars ou les Nazis commettent deux actes particulièrement spectaculaires et dictatoriaux (l’incendie du Reichstag et l’autodafé des livres qui nuisent à la culture allemande), en Angleterre on cherche l’apaisement avec l’Allemagne. La grande dépression bat son plein le chômage atteint plusieurs millions de personnes, les banques sont en pleine décrépitude, la misère s’étend. Et cela se produit dans toutes les pays capitalistes avancés (Allemagne, États-Unis, France, Canada). Le seul pays qui semble échapper au désastre est l’URSS avec des taux de croissance industriels de 5 % et plus qui fascinent les dirigeants de puissances capitalistes. Notre jeune journaliste veut rééditer son coup de l’Interview d’Hitler au moyen d’une entrevue avec Staline ;

Il obtient un visa de huit jours pour aller à Moscou où il entend parler par un collègue d’une famine en Ukraine. Or les fonds des investissements industriels de l’URSS sont censés provenir d’exportation de matières premières tel que le charbon ou le blé. Le malheureux collègue de Jones est malheureusement abattu de de quatre balles devant l’hôtel Métropole. Jones y trouve le besoin impératif de se rendre sur place pour se rendre compte de la situation. Par ruse il s’échappe du voyage officiel qu’on lui organise à coup de caviar et de vodka et rencontre une population tellement affamée qu’elle en a perdu jusqu’à la force d’exprimer sa douleur. La famine désintègre ces paysans de l’intérieur tel un cancer. Rien n’est plus important pour les ukrainiens qu’il rencontre qu’un pignon de pain au point vendre un manteau de fourrure pour quelques bouchées de pain et ce en plein hiver.
Mais il voit aussi des chargements de blé dans des trains partant pour Moscou. Là, les représentants de la presse internationale sont abreuvés de « fake news » par les services de communication du Kremlin. Et sont confinés, choyés au sein de l’hôtel « Métropole » où sont organisées à leur intention des parties fines pendant lesquelles vodka et héroïne sont là pour les remercier de leur venue et de leur complaisance vis à vis du régime. Gareth Jones rentre en Europe où les contenus de ses articles sont dénoncés par le correspondant du New York Times en poste à Moscou. C’est la période de la normalisation des relations entre le régime stalinien et les grandes puissances à la suite de l’arrivée d’H

La grande crise, le pouvoir absolu de Staline, l’abandon de la perspective de l’extension de la révolution à l’international, la doctrine du « socialisme dans un seul pays », scellent le retour de l’URSS dans l’arène diplomatique mondiale. Les États-Unis établiront des relations diplomatiques avec la Russie des soviets en novembre 33.

Les mécanismes de la famine en Ukraine

La famine en Ukraine n’est pas la conséquence d’une mauvaise récolte imputable à une météo détestable comme souvent l’empire russe en a connu. C’est une famine provoquée par la collectivisation forcée des exploitations agricoles à partir de janvier 1930 qui permis au pouvoir de mettre la main sur les stocks de blé, pour nourrir les villes, exporter des céréales sur le marché mondial, gagner des devises fortes et ainsi accélérer le développement industriel. Celui-ci devait aussi concourir à la croissance agricole grâce à une mécanisation de plus en plus importante. Mais rien ne se passa comme prévu. Les objectifs du plan ne furent pas atteints, les charrues et les tracteurs n’étaient pas adaptés au « Tchernoziom » (les terres noires) et se détériorèrent sans que des processus de réparation ne fussent prévus. La gestion bureaucratique des fermes étaient faites d’objectifs au mieux absurdes ou au pire criminels. Ce qui arriva au printemps 1933 fut une gestion criminelle des stocks de blé de l’Ukraine. Les ponctions sur les réservent furent tellement énormes que les kolkhoziens se retrouvèrent sans quantité pour assurer leur alimentation, ni surplus pour assurer les semis de printemps qui se réalisent, selon la météo, entre avril et mai.

 Ainsi le déficit du printemps 1933 se répercuta sur des surfaces emblavées des blés de printemps 1933 ceux semés en automne 1933.  Le niveau réel des productions fut pendant toutes cette période très difficile à apprécier car toutes les statistiques furent manipulées pour montrer que l’agriculture soviétique était un succès incontestable. Ce n’est qu’en 1957 que la GKS (sorte d’INSEE soviétique) a publié un annuaire statistique rectificatif couvrant la période 1913- 1956, mais comportant de nombreux « trous » en particulier pour les années à problèmes (entre les années 1928-32 et 32-37). Le service des statistiques agricoles publiait dans les années trente, trois types de statistiques : celles qui n’étaient connues que du polit-bureau, celles dont disposaient les cadres intermédiaires et celles qui faisaient l’objet de publications officielles. Si bien que nous ne disposons pas des statistiques fiables sur la période 1917-1950 ! Il en va de de même pour le nombre des décès intervenus entre 1930 et 1935. Reconstituer des statistiques fiables serait un travail de titan. Car les statistiques des surfaces et des productions des grandes cultures sont établies par communes, puis par districts et par oblasts. Or nous sommes au pays du mensonges déconcertant.

 Des statistiques précises seraient de la plus grande utilité pour établir la mortalité provoquée par la collectivisation. En août 1917 les moujiks se révoltèrent contre le système foncier impérial et occupèrent en masse les terres des nobles. Cette insurrection fut soutenue par le parti Bolchevik et par les socialistes révolutionnaires de gauche au nom du mot d’ordre « la terre à ceux qui la travaillent ». Le 27 octobre 1917 le congrès pan Russe des soviets adopta un décret sur la terre qui entérinait les occupations des terres et des installations qui leur était liées. Tout se passait comme ci ces anciens moujiks étaient devenus propriétaires de leurs terres et de leurs productions. De là est venu un immense mal entendu. Les paysans qui voulaient se soustraire de la tutelle de la noblesse se retrouvèrent sous celle de la bureaucratie. Cette tutelle fut d’autant plus forte que la majorité des terres étaient des terres provenant des possessions impériales ou étatique, si bien que tout au long du régime soviétique les fermes géantes étaient des fermes gérées par l’État et non pas des fermes collectives issues des occupations des terres par les paysans.

Au temps du Communisme de guerre, les bolcheviks ont tenté de mettre la main sur les stocks de céréales détenus dans les fermes. Mais comme la collectivisation n’était pas encore intervenue les réquisitions des céréales étaient difficiles, car les stocks étaient éparpillés. Le gouvernement soviétique du faire appel à la fois aux Américains pour acheter du blé sur le marché mondial (programme ARA) et aussi en Europe sous le signe de la solidarité avec la révolution (programme IWA, International Workers Aid). Mais aucune de ces initiatives ne permit à l’URSS de sortir des pénuries alimentaires.

 Il a donc fallu faire marche arrière, ralentir le rythme de la révolution en espérant encourager la production. Ce fut la NEP, la nouvelle politique économique, énoncée par Lénine dans un discours devant le congrès du parti intitulé « Sur l’impôt en nature ». Les paysans ont retrouvé la liberté de cultiver leur terre selon leur appétence et de les vendre sur le marché après avoir acquitté un impôt dit en nature. Le commerce libre fut réintroduit et les négociants réapparurent sous le joli mot de « Nepmen ». Cette politique fut un succès car elle permit d’augmenter les surfaces cultivées et la production des céréales de base : blé, seigle, orge, avoine. Mais elle entraina une plus grande circulation des grains et dégagea des surplus nécessaires à la mécanisation de l’agriculture (charrue, tracteur, silos, etc.) Du point de vue de Lénine, le recul provisoire que la NEP représentait une concession due au retard de la révolution mondiale (Allemagne en particulier). Mais après la mort de Lénine, très vite Staline inventa le concept du socialisme dans un seul pays et pris peur face à la force économique des paysans « riches », les Koulaks, et entreprit une campagne de « liquidation » des Koulaks en tant que « classe ». Elle se traduisit par des opérations plus policières que politiques. Le BP du PCUS inventa une méthode nouvelle de persuasion « la méthode ouralo-sibérienne ») qui supposait que les Koulaks cachaient d’énormes réserves dans leurs bâtiments. Des quota par villages étaient fixés. Et si on ne trouvait pas ces stocks cachés des koulaks, ceux-ci étaient déportés en Sibérie quand ils ne furent pas tout simplement fusillés sans autre formes de procès. Cette campagne eut de très nombreuses conséquences négatives et, en autre, de faire perdre aux campagnes les agriculteurs les plus qualifiés, les plus expérimentés. C’est en janvier 1933 que le parti décida de passer à la collectivisation complète de l’agriculture contre les avis des paysans qui se vengèrent en n’accomplissant pas les travaux de saison, en abattant le bétail plutôt que de le « donner » au kolkhoze et en détruisant les outils agricoles. On observa aussi que contrairement à ce que les autorités escomptaient, la mobilisation des « masses » faibli alors qu’on espérait à ce qu’elle croisse. Des stocks de céréales pourrissaient dans les cales des péniches sans que qui que ce soit s’en soucie. Des stocks étaient aussi conservés en plein air au moment de l’arrivée de l’hiver. Dans certaines minoteries les stocks de blé étaient conservés dans des caves sans aération suffisante ce qui dégradait la qualité des blés qui finissaient par n’être plus panifiables.

 Face à cette situation catastrophique, les autorités déportèrent en masse les koulaks bien au-delà de ce que les statistiques avaient établis. Dans certaines régions on comptait, dans les années 20, 4 à 5 % de koulaks et au début des années trente 20 %. Au total on estime désormais qu’entre 4 et 5 millions de koulaks furent déportés et que plus de 500 000 ont quitté la terre pour rejoindre les villes, là où le besoin en main d’œuvre insatisfait  était énorme

Ces attaques frontales contre la paysannerie n’ont pas eu pour seules conséquences de forcer à la collectivisation des terres, elles ont eu des buts si ce n’est génocidaires, au moins de destruction ethnique. En Ukraine depuis le règne de Catherine II, le régime a favorisé l’implantation de populations russophones.
La guerre aux simples paysans a commencé au nord du Kazakhstan à partir de 1925. Là l’agriculture traditionnelle était une agriculture d’élevage nomade basé sur des troupeaux de chameaux et de chevaux. On ordonna à ces populations de se sédentariser contre leur volonté afin d’arabiliser les terres contre les clans. Pour se débarrasser des chefs de clan et mettre fin à la société clanique, les chefs de clans, les Bays, furent déportés en Sibérie en espérant mettre fin à cette société archaïque. Malheureusement pour le régime ces clans existent toujours, que ce soit au Kazakhstan, au Tatarstan, en Tchétchénie, en Ingouchie, et dans d’autres république du Caucase ou de l’Oural. Cette organisation clanique est une des formes dites « archaïques » qui ont perdurée souterrainement pendant l’ensemble de la période soviétique, aussi extraordinaire que cela puisse paraître.

 La guerre faite aux paysans en Ukraine abouti, pour sa part, à un génocide. On a laissé les gens mourir de faim. Le processus dit de collectivisation des terres peut s’analyser comme un processus d’expropriation des anciens moujiks. Ceux ci au cours de l’épisode révolutionnaire de l’été 1917 occupèrent en masse les terres des nobles en réponse à la revendication « la terre à ceux qui la travaillent ». Au contraire l’épisode de 1930 fut celui d’une prise de contrôle des terres par l’État contre les paysans. Le kolkhoze était entièrement contrôlé par la bureaucratie. Le directeur était un bureaucrate nommé par le parti. La définition des assolements était la conséquence des objectifs imposés par les Gosplan.

 La Russie avait connu de nombreuses famines dans son histoire, liées pour l’essentiel aux conditions climatiques et aux désordres qu’elles avaient engendrés en particulier dans le système des transports. Mais la famine de 1933 en Ukraine ou celle de 1929 au Kazakhstan furent les premières à trouver leur source dans la politique du gouvernement visant à s’accaparer le produit des moissons.

 Le film « L’ombre de Staline » mélange deux périodes : celle de la famine et celle où George Orwell écrit « La ferme des animaux ». On voit des scènes où on ne sait pas si on est dans le rêve ou la réalité et où les bureaucrates de haut rang se goinfrent tandis que le peuple des paysans meurt de faim. Et cet épisode est décrit à l’aide du livre d’Orwell « La ferme des animaux » dans lequel tous les animaux sont égaux, mais certains le sont plus que d’autres. Cette référence me semble déplacée, car en 1933 Orwell était loin dans sa vie et ses écrits de la situation en URSS. Il réglait ses comptes avec l’Empire britannique.
George Orwell, nom de plume d’Éric Blair naquit lors de la gloire de l’Empire au début du XX° siècle au Bengale où son père officiait au sein de l’Office de l’opium, le plus grand trafiquant d’opium que le monde ait connu. L’opium était cultivé au Bengale sous le contrôle de l’Office, puis exporté vers les ports chinois et ensuite commercialisé par des compagnies chinoises à l’intérieur du pays. Cet « arrangement » fut conclu après trois guerre de l’opium toutes déclenchées par les gouvernements de sa majesté dans le but d’ouvrir la Chine au libre-échange et ainsi rééquilibrer la balance des change Chine-Grande-Bretagne. En effet celle ci était gravement déficitaire du fait des achats massifs de thé de l’Angleterre où sa consommation n’a cessé de croître tout au long du XIX° siècle. La Chine était alors le seul exportateur de thé au monde et l’Inde n’en produisait pas.  Pour réduire ce déséquilibre dans les échanges le Royaume uni ne cessa de demander aux empereurs chinois d’ouvrir le pays aux importations et à la consommation d‘opium, alors que les dits empereurs chinois avaient banni toutes importations et toutes consommations de ce stupéfiant. A la même époque les modes de consommation de l’opium ont changé. Les effets antalgiques de cette plante étaient connus et utilisés par l’ingurgitation de la substance. Au début du XIX° siècle on se mit à la fumer ce qui provoquait des effets hallucinogènes plus importants et surtout un mécanisme de dépendance beaucoup plus fort.

Le cynisme n’ayant pas de limite, les Anglais de même que les Français, les Américains, les Portugais demandèrent aux Chinois de céder sur toute la ligne ou presque. C’est ainsi que Hong-Kong fut concédée pour plus d’un siècle à sa gracieuse Majesté Victoria, Macao au Portugal l’ouverture des ports les plus importants au commerce international, la mise en place de concessions attribuées aux grandes puissances où la loi serait celle des occidentaux et non celle de la Chine. La Russie en profita aussi pour conquérir Vladivostok.

 La famille Blair avant d’entrer dans les institutions coloniales en Birmanie avait amassé une certaine fortune en Jamaïque où elle « possédait » de nombreux esclaves. Cependant les fortunes peuvent connaître de mauvais sorts et cette famille dû se mettre à travailler pour gagner sa vie. Le père d’Éric Blair entra à l’Office de l’opium pour faire vivre sa famille et offrir une instruction de haut niveau à son fils. Les petites bourgeoisies coloniales plus ou moins pannées, voulaient assurer à leurs enfants les meilleures études existantes dans l’empire. C’est ainsi qu’Éric Blair, sa mère et l’une de ses sœurs quittèrent le Bengale pour l’Angleterre. Eric Blair fut inscrit dans une école prestigieuse : la public school St Cyprian à l’aide d’une bourse qui lui fut attribuée non sans mépris. Plus tard il affirmera s’y être épouventablement ennuyé, bien qu’il fût un bon élève. A l’issue de ce premier parcours, il fut admis à Eton, à l’époque et encore de nos jours l’une des écoles les plus prestigieuses du Royaume Uni[1]. Blair ne se plu pas à Eton et en sorti avant la fin du cursus normal. Il se décida à entrer, comme son père dans la coloniale ; et rejoignit les corps de la police de Birmanie. Cette expérience lui montra l’horreur de la politique coloniale de l’Empire. « Le fonctionnaire maintient le Birman à terre pendant que l'homme d'affaires lui fait les poches » comme il l’écrira plus tard dans son opus « une histoire Birmane ».

Cette activité de policier n’enthousiasma que modérément Orwell. Il démissionna au bout de cinq ans et rentra au Royaume-Uni avec la ferme intention de devenir un écrivain. Il se mêla aux populations londoniennes les plus affectées par le chômage et le mal logement.  Puis il parti pour Paris où il resta 18 mois.  Il y recueillera d’autres témoignages de la vie des couches les plus défavorisées. On est alors en 1929 . C’est à la fin de cette année qu’il rentre à Londres ; il n’a plus un sou. Il écrira avec les matériaux de son expérience « Dans la Dèche à Paris et à Londres » qui sera publié au début de l’année 1933. Il écrit aussi une « histoire birmane »

Pour gagner sa croute il sera professeur dans une école privée. Atteint par une pneumonie,  il cesse son travail. . Histoire Birmane paraît en 1934.  Puis Orwell devint vendeur dans une librairie. En 1936, il joue de ses relations avec l’Independant Labour Party pour partir en Espagne et combattre dans les milices du POUM. C’est là qu’il va découvrir le stalinisme, ses mensonges et calomnies. Il est sur le front de l’Aragon. Il constate le piètre armement dont lui et ses camarades disposent. Ils n’ont pas les moyens de combattre les troupes franquistes.
Au cours d’une permission en mai 1937, il est à Barcelone le témoin des « journées de mai ». Le gouvernement espagnol cherche à prendre le contrôle du central téléphonique de la ville occupé depuis juillet 1936 par les travailleurs de la CNT. Cette volonté mettre au pas les anarchistes provoque une sorte d’insurrection à Barcelone qui se couvre de barricades. Le gouvernement envoie l’armée pour reprendre le contrôle de la ville et de la Telefonica. Orwell est stupéfait de voir des troupes fraiches et bien équipées défiler dans la ville alors qu’au front les armes étaient rares. Les staliniens du PSUC lancent alors une campagne de calomnies contre le POUM en l’accusant d’être la cinquième colonne de l’armée franquiste. Le gouvernement que Trotsky désignera comme « gouvernement Staline Negrin » interdit le POUM et pourchasse ses militants et sympathisants. Andreu Nin dirigeant du POUM est arrêté puis assassiné par le NKVD (ancêtre du KGB).  Orwell est obligé de fuir et va se réfugier en France.

C’est cette expérience qui sera le fondement de ses œuvres ultérieures. D’abord « Hommage à la Catalogne » qui paraît en 1938 , puis la « Ferme des animaux » et enfin « 1984 ».  Dans le film « L’ombre de Staline » le réalisateur nous montre Orwell en 1933 en Russie et en Ukraine. C’est un anachronisme. Et c’est une façon de refaire l’histoire. Car entre le début 1933 et 1938, les crimes de Staline se sont amplifiés (laisser-passer à Hitler en Allemagne au nom de la lutte contre le « social-fascisme », collectivisation délirantes et forcée, grandes purges et procès de Moscou, politique désastreuse en Espagne). Or les œuvre d’Orwell sont basées essentiellement sur l’expérience qu’il a vécue. Il n’aurait pas pu écrire « La ferme des animaux » avant 1933.

[1]. Boris Johnson est passé par Eton avant de rejoindre l’Université de Cambridge.

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