Le parti du premier ministre sortant, Parti Populaire libéral et démocrate (VVD), arrive en tête de l’élection avec 21,3 % des voix. Ce score est en retrait de 5,3 points par rapport à celui qu’il avait enregistré en 2012. Mais, cette année là, ce parti avait obtenu son meilleur score de l’histoire 26,6 %.

Le parti dit « de la Liberté », de l’ignoble Geert Wilders arrive en deuxième position, mais loin derrière le VDD, avec 13,1 % soit 3 points de plus que lors de la précédente élection. C’est assurément une progression significative, mais on est très loin des délires que l’on a entendu dans la plupart des média où on nous présentait le PVV, comme à la veille d’une prise de pouvoir. 13% c’est énorme mais beaucoup moins que le Front National en France.
En réalité, le principal événement de cette élection n’est pas le score de l’extrême droite mais celui de la gauche sociale-démocrate (en fait sociale-libérale). Le parti travailliste (PvdA) n’obtient que 5,7 % des suffrages soit un recul de plus de 19 points !

C’est, pour le coup, une défaite historique. Et ce parti paie ainsi sa coalition avec les libéraux et la politique sociale libérale qu’ils ont mené ensemble. Rapporté à la France, c’est l’effondrement de la ligne Valls. C’est l’enseignement majeur de cette élection.
Où sont partis, les électeurs déçus du parti travailliste néerlandais ? Ils se sont d’abord tournés vers le parti de la gauche verte qui progresse de presque 7 points à 8,9 %. Et, ensuite, ils se sont éparpillés vers divers partis plus petits tel DENK (scission du parti travailliste, fondé par des députés d’origine turque pour une société tolérante) (+2 points), le parti pour les animaux (+1,2 point), le parti pour les plus de 50 ans (+1,2 point). Une autre partie de l’électorat travailliste, a probablement voté à droite mais pour des partis plus tolérants tel que l’Appel Chrétien démocrate, (partisan d’une politique libérale mais ouverte et en particulier favorable à l’adhésion de la Turquie à l’UE) qui progresse de 4 points à 12,5 % ou le D66, autre parti libéral tant au plan économique qu’au plan des « valeurs ».
Contrairement à la relation délirante des élections néerlandaises que nous avons vécue en France, ce scrutin montre à la fois une progression, appréciable mais limitée, de l’extrême droite, et une résistance à l’expansion des idées xénophobes et racistes en dépit de l’effondrement historique du parti travailliste. Aux Pays-Bas, comme dans la plupart des pays de l’UE l’heure est à la reconstruction d’une vraie gauche de gauche.