Un nouvel effet d'annonce du gouvernement s'abat sur la France. Le programme de vaccination contre la grippe A doit prendre un coup d'accélération brutale du fait de l'attente trop importante dans les centres de vaccination et de la nécessité de vaccination de masse de la population jeune. La réquisition des internes de médecine et de chirurgie, est une réponse du ministère de la santé.
En effet, ils représentent aux yeux du gouvernement une masse importante mobilisable pour la réalisation des consultations pré-vaccination, l'injection elle-même étant faite à la chaîne par une infirmière regardée par l'interne contrôleur de fiches.
La pandémie de grippe A, à risques mortels pour les jeunes, est annoncée depuis plus d'un an.
Depuis plus d'un mois et demi, différents vaccins sont mis à disposition des centres, durant le dernier mois des feuilles d'informations ont été envoyées en masse.
Le programme de vaccination longuement réfléchi par les plus hautes autorités de santé prend un coup de fouet soudain. Dans une sinistre ambiance d'angoisse montante de la population concernant l'accès au vaccin, le ministère de la santé s'envole dans la tourmente médiatique et réquisitionne tous les internes des hôpitaux de France.
Le plus ahurissant est que la prévision du pic de l'épidémie ne semble pas avoir été bien évalué puisqu'il était estimé arriver plus tôt. Comment comprendre cette urgence du jour pour le lendemain, déversant soudainement des listes de réquisition, sans qu'aucun interne réquisitionné ne puisse avancer la moindre remarque quant à la date et la situation géographique de son affectation.
Mais à quoi donc ont pu servir les heures de réunions, les heures de forums, les journées de colloques réalisés pour l'organisation de ce programme de vaccination ?
Alors que l'on s'y prépare depuis plus d'un an, l'organisation désorganisée de la vaccination nécessite dans une urgence frôlant la panique, l'ébranlement de dociles internes devant faire leur affaire du fonctionnement de leurs services en quelques heures et aucun soutien...
Peut-être que les responsables du programme de vaccination sont comme les internes, en sous-effectif permanent, mais que leur obligation de résultat ne figure pas dans leur irresponsabilité coupable.
Le problème n'est pas tant le principe de mobilisation pour un effort de santé publique que les réelles justifications du caractère de soudaine urgence absolue, et le manque d'organisation d'un évènement plus que prévisible.
Mathilde SOULE
Interne en chirurgie viscérale au CHU de Tours,
Contrôleuse de fiche à l'hôpital de Rennes, samedi.