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Le Grand Soir est un site d'information alternative anti-impérialiste dont la ligne est pro-russe et pro-chinoise.
D'aucuns pourraient arguer que c'est contradictoire, je serais le premier à réfuter cette contradiction.
Le Grand Soir, c'est avant tout des militants. Ils ont, par leur activisme, contribué à la libération de Julian Assange et à la lutte contre la désinformation, notamment sur la Chine mais sur bien d'autres sujets traités dans les grands médias par le prisme atlantiste.
Bien que soutenant Mélenchon (plutôt la version de 2017 et malgré un lectorat qui lui est en partie hostile), le site est allergique au progressisme et se révèle, tant à travers ses lecteurs et lectrices que ses administrateurs, majoritairement d'un conservatisme modéré que je qualifierais de "générationnel" et qui se manifeste, par exemple, par le refus catégorique de publier tout texte et commentaire qui emploieraient l'écriture inclusive et par une vision un peu rétrograde de la langue, allant jusqu'à corriger les textes d'auteurs qui auraient l'outrecuidance de faire usage d'anglicismes ou de tournures de phrase trop modernes.
Des lubies. Rien de sérieux. Et derrière l'aspect anecdotique de ses petites imperfections, les deux seuls reproches de fond que je lui ferais, c'est, en premier lieu, trop occupé qu'il est à traiter de sujets internationaux, et sans nier le moins du monde les écrits antifascistes passés des administrateurs du site, de rester relativement silencieux face à la dérive raciste actuelle en France et notamment islamophobe, reliquat de colonialisme qu'on ne peut pourtant absolument pas dissocier du sort fait aux Palestiniens. En second lieu, de rejeter de façon épidermique tout ce qui n'est pas class first c'est-à-dire de mépriser l'anti-racisme, le féminisme et les droits des personnes LGBTQ+ au prétexte de la primauté de la lutte des classes.
Ce sont des reproches, rien de plus. C'est un site à mes yeux indispensable dans le paysage médiatique alternatif. Et s'il se désintéresse de certains sujets, il ne fait pas non plus, au contraire de Réseau International par exemple, de propagande raciste ou de désinformation homophobe.
L'avoir critiquée me vaut aujourd'hui d'être persona non grata sur le Grand Soir. En dépit d'une quarantaine d'articles publiés pour le site, de dizaines d'autres traduits et de multiples plaidoiries en sa faveur et celle de ses administrateurs, régulièrement attaqués par Conspiracy Watch pour leur supposé complotisme et surtout accusés dans le passé d'être des rouge-bruns.
On me reprochera de l'aigreur. Il n'en est rien. Je parviens toujours à commenter et même à publier sur ce site en usant de pseudos alternatifs, dans un amusant jeu du chat et de la souris d'ailleurs.
Cela étant dit, si la ligne éditoriale du site n'a pas bougé d'un iota, il y a eu un net virage conservateur voire réactionnaire au sein du commentariat du Grand Soir.
J'y vois deux origines :
- l'épisode covid, qui a attiré de nouveaux commentateurs/trices parmi lesquel(le)s les théories complotistes allaient bon train, théories largement partagées dans les sphères d'extrême-droite.
- la guerre en Ukraine vis-à-vis de laquelle les prises de position pro-russes du site et de ses commentateurs ont peu à peu glissé vers une une adoption progressive du Verbe poutinien ultra-conservateur et une absence totale de recul à son égard.
De mon point de vue, que j'ai largement développé dans un long article, la transphobie n'est qu'une résurgence d'homophobie mal refoulée. Et il est devenu de plus en plus évident que le site laisse aujourd'hui des propos homophobes se répandre dans ses fils de commentaires sans modération aucune et va même jusqu'à censurer toute contradiction. Pourtant, les administrateurs/modérateurs du site n'hésitent jamais d'ordinaire à recadrer les commentateurs/trices qui s'écarteraient de la sainte charte du site ou qui simplement raconteraient n'importe quoi.
ET ERNO RENONCOURT RACONTE N'IMPORTE QUOI !
Erno Renoncourt, auteur haïtien publié régulièrement sur le Grand Soir, porte la parole -- trop rare -- d'Haïti sur le net francophone.
Malheureusement, depuis peu, dans l'esprit de l'auteur caribéen, probablement troublé par ses propres conditions de vie et frustré par son impuissance devant le génocide des Palestiniens a crû une obsession anti-woke visant surtout les personnes LGBTQ+ qu'il rend implicitement responsables de tous les maux. Ce discours est récurrent chez lui, aussi bien dans ses publications que dans ses commentaires, sans la moindre modération du Grand Soir. Ni la plus petite possibilité de corriger ses fadaises. Au contraire, le site laisse passer uniquement les réponses qui acquiescent aux propos homophobes de Renoncourt.
Ainsi, dans un commentaire récent sous l'édito du site, il croit avoir l'audace d'une question qu'il qualifie lui-même de "dérangeante" :
En regardant cette image et bien d’autres, qui témoignent de l’horreur dans laquelle vivent les enfants de Gaza, je ne peux m’empêcher de poser cette question dérangeante : Pourquoi les peuples européens ont-ils été plus nombreux à descendre dans les rues pour défendre le mariage pour tous et les droits des personnes LGBTQ+ que pour défendre la dignité du peuple de Gaza ?
Par ignorance ou par aveuglement, il ne peut pas être plus loin de la vérité. Lui aurait au moins cette excuse. Pas le Grand Soir.
En 2013, en réaction à la loi dite du "Mariage pour tous", les plus grosses manifestations ont été le fait des opposants au mariage des couples homosexuels et non de ses partisans. Dixit Wikipédia : le 13 janvier, une manifestation nationale rassemble à Paris 340 000 personnes (selon la préfecture de police). Le 29 janvier 2013, les opposants au mariage homosexuel déploient des banderoles sur 170 ponts de Paris et sa banlieue, alors que le même jour débute le débat à l'Assemblée sur le projet de loi ouvrant le mariage et l'adoption aux couples homosexuels. La Manif pour tous organise des rassemblements dans tous les départements, le samedi 2 février. La police comptabilise 80 000 participants et 80 rassemblements. Les opposants au mariage entre personnes de même sexe manifestent à nouveau à Paris le 24 mars 2013. La police estime à environ 300 000 le nombre de manifestants, tandis que les organisateurs l'estiment à 1,4 million.
Peu ou pas du tout de manifestations des partisans de la loi.
Et quand bien même : c'est au sein de cette même gauche progressiste qui fut alors favorable au Mariage pour tous qu'on trouve aujourd'hui le plus de voix anti-sionistes qui hurlent au génocide et c'est parmi ses opposants, de droite, d'extrême-droite, cathos ultra ou simplement conservateurs qu'on trouve celles et ceux qui aujourd'hui approuvent, applaudissent ou détournent le regard face au massacre des populations palestiniennes.
Erno Renoncourt ment et le Grand Soir laisse faire.
Et au-delà de cette pulsion ignominieuse de vouloir à tout prix pointer un index accusateur vers des personnes qui ne sont en rien responsables (en tout cas ni plus ni moins que le reste des populations occidentales dont le confort matériel s'est construit sur l'exploitation des peuples du Sud), cette hiérarchisation, qui bien que compréhensible puisque fondée sur le martyre absolu des Palestiniens n'en reste pas moins absurde, invaliderait de facto toute lutte sociale, que ce soit celle contre la réforme des retraites, celle des Gilets jaunes, celle contre la loi travail... etc (on peut continuer très loin dans le temps comme ça).