Une blouse blanche ne rend pas légitime pour raconter n'importe quoi...ou alors au café du commerce!
Voici une grille de lecture de la lettre "Manifeste".
Valorisation de l’éthique individuelle, effacement du collectif
Les rédacteurs insistent dès l’intro sur leur identité de "cancérologues", pour asseoir une autorité personnelle réduisant l’espace critique (« nous ne signerons pas »). Ce procédé tend à masquer le silence collectif : ni collèges, ni sociétés savantes, ni consensus scientifique. Une rhétorique du « je parle seul mais je suis expert ».
Usurpation du vocabulaire scientifique à outrance
Le texte abonde en termes autoritaires (« science », « méthode », « principe de précaution constitutionnel »), sans offrir de références précises aux données ou études. C’est une illusion d’objectivité : langage savant + absence de sources = discours pseudo‑scientifique.
Fausse opposition entre raison et émotion
Ils opposent « raison lucide » à l’« inquiétude écologique sincère » des pétitions. C’est une stratégie de manipulation émotionnelle inversée : présenter l’autre camp comme sentimental et irrationnel pour se déclarer rationnel, sans apporter d’argument scientifique concret.
Effet de cadre : la dérogation présentée comme précisément circonscrite
Ils soulignent que la loi Duplomb autorise une utilisation limitée (3 ans, < 2 % des surfaces). Au lieu d’analyser les risques, ils encadrent le texte comme très restrictif, créant une fausse impression de maîtrise, alors même que l’ANSES ou l’EFSA évoquent toujours d’importantes incertitudes sur les effets de l’acétamipride Le Monde.fr
Cet effet de cadrage est destiné à relativiser la perception du danger potentiel;
Argument d’exclusivité : pas d’alternative fiable
Ils affirment qu’« à ce jour aucune alternative réellement efficace » n’existe. Cette affirmation est issue du silence des études alternatives, mais résulte de l’ignorance volontaire des solutions avérées. En réalité, des alternatives (flonicamide, spirotétramate, lutte biologique, paillage) sont déjà utilisées avec succès reporterre.net L'Express.
Réduire tout à la peur du cancer?
Ils martèlent que relier l’acétamipride au cancer ou aux troubles neuro-développementaux relève de l’« instrumentalisation de peurs profondes ». Or des études toxicologiques indiquent un lien plausible avec des cancers (foie, thyroïde, testicule), des troubles du développement et des impacts neurologiques chez le fœtus atlantico.fr+ 9whatsupdoc-lemag.fr. Présenter ces enjeux comme hyperémotionnels est une stratégie d’émoussage de l’indignation légitime.
Appel à l’« autorité morale » plutôt qu’à l’évidence empirique
Leurs phrases valorisent la lucidité, la raison et la science sans jamais exposer une seule statistique ou donnée concrète. C’est une méthode proche du « scientisme » rhétorique : beaucoup de mots complexes, zéro transparence des preuves.
Whataboutism massif
« Instrumentaliser le cancer pour faire pression sur une décision politique, c'est ouvrir une boîte de Pandore. À ce jeu-là, il faudra bientôt interdire les voitures non électriques, les cheminées à bois… »
C’est la figure type du whataboutism : au lieu de traiter du problème précis (l’acétamipride), ils détournent l’attention vers autres pollutions (particules fines, cheminées, tabac) pour relativiser.
Manœuvre classique : « Oui mais ailleurs c’est pire ».
Effet pervers : créer de la confusion et de l’impuissance (on ne peut pas tout interdire, donc ne faisons rien).
Faux débat sur “les vraies causes du cancer”
Ils affirment que se focaliser sur les pesticides « détourne l’attention des causes principales de cancer : tabac, alcool, sédentarité… ».
Procédé de hiérarchisation artificielle : oui, tabac et alcool sont des causes majeures, mais cela n’excuse en rien l’ajout de nouveaux cancérogènes évitables.
C’est un stratagème rhétorique pour transformer un sujet en débat de priorité morale plutôt qu’en question sanitaire factuelle.
Argument du “ridicule”
Ils suggèrent qu’interdire l’acétamipride mènerait à interdire voitures ou cheminées. C’est un argument de pente glissante : exagérer les conséquences d’une action pour la rendre absurde. Technique classique de décrédibilisation.
Contradiction interne
En accusant les autres d’« instrumentaliser le cancer », ils… instrumentalisent eux-mêmes la peur de la paralysie politique (« boîte de Pandore », « on va tout interdire »). C’est un miroir inversé : reprocher aux autres exactement ce que l’on fait.
Bah oui, oui peut être à la fois technicien médical performant et un humain contestable...
"Même sous la contrainte, je ne ferai pas usage de mes connaissances contre les lois de l’humanité."
"Je ne tromperai jamais leur confiance et n’exploiterai pas le pouvoir hérité des circonstances pour forcer les consciences."
"Je préserverai l’indépendance nécessaire à l’accomplissement de ma mission. Je n’entreprendrai rien qui dépasse mes compétences. Je les entretiendrai et les perfectionnerai pour assurer au mieux les services qui me seront demandés."
Et comme dis le gang poétique NTM "Comme on dit chez moi, si tu as rien à dire, ferme ta gueule ! Ferme-là, c'est ça, ou c'est ta mère qui va porter le deuil. "
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