"Si l'on veut comprendre psychanalytiquement la situation raciale, conçue non pas globalement, mais ressentie par des consciences particulières, il faut attacher une grande importance aux phénomène sexuels. Pour le Juif, on pense à l'argent et ses dérivés. Pour le nègre, au sexe. L’antisémitisme est susceptible de rationalisation sur le plan foncier. C'est parce que les Juifs s'annexent le pays qu'ils sont dangereux. Récemment, un camarade nous disait que, sans être antisémite, il était obligé de constater que la plupart des Juifs qu'il avait connus pendant la guerre s'étaient comportés en salauds. Nous avons vainement essayé de lui faire admettre qu'il y avait dans cette conclusion la conséquence d'une volonté déterminée de détecter l'essence du Juif partout où elle pouvait se trouver.
Sur le plan clinique, il nous revient l'histoire de cette jeune femme qui présentait un délire du toucher, se lavant sans cesse les mains et les bras depuis le jour où on lui avait présenté un Israélite."
"Moi, l'homme de "couleur", je ne veux qu'une chose :
Que jamais l'instrument ne domine l'homme. Que cesse à jamais l'asservissement de l'homme par l'homme. C'est-à-dire de moi par un autre. Qu'il me soit permis de découvrir et de vouloir l'homme, où qu'il se trouve.
Le nègre n'est pas. Pas plus que le Blanc. (Le juif n'est pas. Pas plus que le musulman, le chrétien ou tout autre artifice.)
Tous deux ont à s'écarter des voix inhumaines qui furent celles de leurs ancêtres respectifs afin que naisse une authentique communication. Avant de s'engager dans la voix positive, il y a pour la liberté un effort de désaliénation. Un homme, au début de son existence, est toujours congestionné, est noyé dans la contingence. Le malheur de l'homme est d'avoir été enfant.
C'est par un effort de reprise sur soi et de dépouillement, c'est par un tension permanente de leur liberté que les hommes peuvent créer les conditions d'existence idéales d'un monde humain.
Supériorité ? Infériorité ?
Pourquoi tout simplement ne pas essayer de toucher l'autre, de sentir l'autre, de me révéler l'autre ?
Ma liberté ne m'est-elle donc pas donnée pour édifier le monde du Toi ?
A la fin de cet ouvrage, nous aimerions que l'on sente comme nous la dimension ouverte de toute conscience.
Mon ultime prière : Ô mon corps, fais de moi toujours un homme qui interroge !"
Frantz FANON
extraits
On peut combattre le colonialisme sans pour autant devenir antisémite.