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Billet de blog 14 novembre 2023

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"le nègre français est condamné à se mordre et à mordre."

Tristes tropiques. Le mal profond des Antilles françaises fief des politiques "entrepreneurs de cause" à la conquête du temps de cerveau antillais disponible.

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« Le Blanc en tant que maître a dit au nègre : « Désormais tu es libre. »

Mais le nègre ignore le prix de la liberté, car il ne s'est pas battu pour elle.

De temps à autre, il se bat pour la Liberté et la Justice, mais il s'agit toujours de liberté blanche et de justice blanche, c'est-à-dire de valeurs sécrétées par les maîtres. L'ancien esclave, qui ne retrouve dans sa mémoire ni la lutte pour la liberté ni l'angoisse de la liberté dont parle. Kierkegaard, se tient la gorge sèche en face de ce jeune Blanc qui joue et chante sur la corde raide de l'existence. Quand il arrive au nègre de regarder le Blanc farouchement, le Blanc lui dit : « Mon frère, il n'y a pas de différence entre nous. »

Pourtant le nègre sait qu'il y a une différence. Il la souhaite. Il voudrait que le Blanc lui dise tout à coup : « Sale nègre. » Alors, il aurait cette unique chance — de « leur montrer... ». Mais le plus souvent il n'y a rien, rien que l'indifférence, ou la curiosité paternaliste. L'ancien esclave exige qu'on lui conteste son humanité, il souhaite une lutte, une bagarre. Mais trop tard : le nègre français est condamné à se mordre et à mordre. » Frantz FANON Peau noire, masques blancs

Amer constat de F Fanon en 1952...comme une prémonition.

Et depuis...

"Affirmer que des pans entiers de la réalité historique ont été totalement ignorés, jusqu’à peu, par les sciences sociales françaises, comme cela est régulièrement répété, par exemple, pour l’histoire coloniale de la France ou l’existence d’une vieille « question noire » en France, est devenu ces derniers temps une rengaine de la scène académique dont un simple travail d’exploitation d’archives et de recherche bibliographique consciencieux suffit à démontrer le caractère de grande exagération, voire d’invention. Ces affirmations participent des stratégies collectives ou individuelles de promotion dont les sciences politiques disent aujourd’hui qu’elles sont le fait d’« entrepreneurs de cause ». Cette métaphore économiste – au-delà de ce que peut avoir de réducteur toute métaphore – a le mérite de mettre en lumière que les affirmations en question constituent, pour l’essentiel, des instruments en vue de la conquête de « marchés ».

Pour ceux, par exemple, qui affirment et dénoncent un oubli généralisé de l’esclavage en Guadeloupe et en Martinique ou un aveuglement commun devant le poids de la « race » dans la société française, il s’agit de capter l’intérêt du plus grand nombre des personnes qui – elles ou leurs ascendants – ont eu à souffrir des injustices dont il est prétendu qu’elles ont été depuis longtemps massivement oubliées. Ces « entrepreneurs » pourront ainsi s’assurer une légitimité à parler au nom ou à se mettre au service de ces « victimes » pour lesquelles reconnaissance et réparation sont réclamées. Ils peuvent, en outre, escompter des positions de force sur le marché académique ou le marché politique par la présentation qu’ils font, plus ou moins ouvertement, d’eux-mêmes comme premiers explorateurs de terres restées avant eux inconnues, ou comme premiers redresseurs de torts longtemps occultés, niés ou excusés." Michel Giraud*, le 12 juin 2012

*Sociologue. - Chercheur au laboratoire du CNRS Groupe de recherche sur la socialisation, Université de Lyon II, Bron, Rhône

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