Xoreeyo (avatar)

Xoreeyo

Créateur de contes, nu.

Abonné·e de Mediapart

580 Billets

1 Éditions

Billet de blog 18 mai 2025

Xoreeyo (avatar)

Xoreeyo

Créateur de contes, nu.

Abonné·e de Mediapart

Darmanin, le cancer du colon

Sous prétexte de sécurité, le ministre de l’Intérieur exauce le vieux fantasme colonial : enfermer au cœur de la jungle guyanaise les criminels "irrécupérables". Une annonce qui résonne comme une gifle à l’histoire, un affront aux Guyanais et un nouveau signal du virage autoritaire du pouvoir.

Xoreeyo (avatar)

Xoreeyo

Créateur de contes, nu.

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis Cayenne, Gérald Darmanin a officialisé ce que beaucoup auraient cru impensable : la création d’un quartier pénitentiaire ultrasécurisé en pleine jungle amazonienne. Il prend ainsi de court La rétaille et le Wauquiez.

Un lieu destiné aux figures jugées les plus dangereuses du narcotrafic ou de l’islamisme radical. À travers cette annonce, le ministre ne fait pas seulement preuve d’une surenchère sécuritaire grotesque — il convoque sans détour l’histoire traumatique du bagne.

Cayenne, symbole mondial de l’enfer carcéral colonial, redevient la scène d’un théâtre pénal à ciel ouvert. Comme si la Guyane n’était bonne qu’à cela : enfermer, reléguer, punir.

Loin de la République, loin du regard métropolitain, loin des droits. C’est bien là tout l’enjeu : sortir certains détenus du champ de la démocratie, pour les isoler dans un no man’s land pénitentiaire hors d’atteinte.

Ce choix de lieu n’est pas neutre. Il révèle une vision utilitariste du territoire : la Guyane comme espace à exploiter, comme variable d’ajustement de la politique intérieure. Ni l’histoire, ni les populations locales ne semblent compter. Ce n’est pas la Guyane en tant que collectivité qui est valorisée, mais sa géographie, sa jungle, son éloignement. Elle redevient la "colonie utile", celle qu’on sacrifie aux besoins de la métropole.

En s’inspirant des logiques trumpiennes — externalisation carcérale, prisons de haute sécurité pour les "ennemis de l’État", communication guerrière — Darmanin envoie un message clair : la France ne croit plus en la justice réparatrice. Elle préfère l’élimination symbolique, l’oubli par l’enfermement, la jungle pour horizon.

Ce projet est bien plus qu’un fait divers ministériel : c’est un tournant. Il montre que l’État français, dans sa dérive autoritaire, n’hésite plus à ressusciter ses fantômes les plus sombres. Le bagne n’a peut-être jamais disparu. Il change juste de nom.

Décidemment Darmanin est plutôt un vrai qu'un Faucon!

Illustration 1

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.