Il existe un parallèle évident entre la dérive productiviste du modèle agricole dominant et celle de l’économie libérale extractiviste. Dans les deux cas, les constats sont identiques : une course à l’enrichissement individuel qui engendre un appauvrissement collectif, tant sur le plan social qu’environnemental. D’un côté, l’intensification agricole détruit les écosystèmes, pollue les sols, l’eau et l’air. De l’autre, la logique libérale sacrifie le lien social, la solidarité et la soutenabilité au profit d’intérêts privés.
Nous faisons face à une offensive sans précédent des tenants du modèle ultralibéral.
Les mécanismes qui soutiennent ces dérives sont également similaires : storytelling séduisant, arguments fallacieux, lobbying intense – souvent portés par les mêmes acteurs et les mêmes logiques d’accumulation.
Pourtant, les solutions existent, claires et déjà à l’œuvre : en agriculture, l’agroforesterie et les pratiques agroécologiques démontrent qu’il est possible de nourrir les populations tout en régénérant les sols et en respectant la biodiversité, dans l’économie, l’Économie Sociale et Solidaire (ESS) prouve qu’il est possible de produire, d’échanger et d’innover dans une finalité d’intérêt général, de justice sociale et de durabilité.
Dans les deux cas, il ne s’agit pas de niches ou de gadgets qu’on pourrait agiter en vitrine pour donner bonne conscience. Il s’agit d’une transformation profonde de nos modèles.
L’ESS ne peut plus être perçue comme une exception, ou un machin social qu'on comprend pas vraiment : elle doit devenir la norme.
De la même manière qu’une transition écologique est à la fois nécessaire et possible, une transition économique vers un modèle ESS est non seulement souhaitable, mais indispensable si nous voulons faire face aux défis sociaux, écologiques et démocratiques de notre temps.
Mais pour ça il va falloir se battre. Sortir de la dépendance à l'enrichissement personnel, à la pollution des esprits, comme on sort des intrants...
Evidemment il faut aider et accompagner les acteurs au même titre que les exploitants agricoles et ne pas se contenter de les accuser.
Mais impérativement casser le mythe de ces pauvres patrons benêts et dégénérés du CAC 40 qu'on propose en modèle et qu'on récompense publiquement alors qu'on devrait simplement leur cracher au visage. Les Bernards, et tous les autres escrocs...

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