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Billet de blog 21 septembre 2023

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Zones d'attente en France, 2

Le sort des demandeurs d'asile attrapés dans les filets de la Police aux Frontières (PIF et PAF) et coincés en centre de rétention n'intéresse personne ou presque. Antoine agent des Affaires étranges revient sur son expérience.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Xorreyo : Qui êtes vous Antoine? un privilégié? Un fils de? Quel est votre parcours, comment en êtes vous arrivés à travailler à l'ex Direction des français à l'étrangers et des étrangers en France?

Antoine : Tout simplement le hasard. Je n'ai jamais été titulaire. Simplement contractuel catégorie A. Et employé par le biais d'un montage complexe entre l'OMI de l'époque et le MAE en lien avec des agents détachés de l'OFPRA. Je vous ai indiqué précédemment que les autorités françaises cherchaient en toute logique à créer un filtre aux frontières, afin de ne laisser entrer sur le territoire que les seuls candidats solides au statut de réfugié. 

Xorreyo : Ok mais pourquoi vous?

Antoine : A l'époque j'étais esclave sur un plateau téléphonique de FTMS. Ma seule qualité, un bac + 5 en droit et une amie qui venait d'être recrutée elle aussi par hasard. Un entretien dans un bureau feutré face à un duo de hauts fonctionnaires et le tour était joué. 

Xorreyo : Vous parliez des langues étrangères? Vous disposiez de connaissances géopolitiques? 

Antoine : Rien d'exotique. Je suppose qu'il y avait des cases à remplir et que les qualités des nouvelles recrues importaient peu. C'était sans doute déjà une indication de l'insoutenable légèreté de la mission. En revanche personnellement j'en suis ravi, j'ai adoré cette expérience. Ca a été pour moi un électrochoc.

Xorreyo :  Et ensuite

Antoine : Nous avons été formés sur le terrain en quelques jours, par des agents de l'OFPRA, nous avions également accès à toutes les sources documentaires du MAE, y compris les télégrammes diplomatiques, les notes de la DGSE ou de la DRM. Franchement, le casting n'était pas si mauvais, mes camarades de jeux étaient plutôt intelligents.

Xorreyo : Impressionnant.

Antoine : Impressionnant pour des amateurs complets comme nous. 

Xorreyo :  Et votre mission?

Antoine : Mener des entretiens dans les aéroports avec les demandeurs d'asile puis émettre un avis sur le caractère "manifestement infondé" ou non de leur récit. Les avis étaient ensuite faxés chaque jour à la DLPAJ qui rendait une décision conforme à notre avis. En pratique, chacun d'entre nous décidais de l'entrée sur le territoire des âmes que nous rencontrions. Nous reviendrons sur la notion de "manifestement infondé".

Xoreeyo : Une grosse responsabilité...

Antoine : Une terrible responsabilité pour les gamins que nous étions.

A suivre...

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