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Billet de blog 24 mai 2025

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Retailleau : reconversion idéologique de l'antisémitisme vers l'islamophobie

Nous entendons aujourd'hui un Retailleau revendiquer une idéologie exempte de toute forme de racisme. Le type présenté par les médias comme le nouveau boss de la droite est "blanc comme neige", et juste défenseurs d'une France d'Epinal et d'une préférence nationale, digne résistant vendéen contre une immigration d'invasion. Seulement voila : (extrait)

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  • Rappel : Bruno Retailleau est soutenu à la fois par bolloré et Pierre machin STERIN "un pognon de dingues"

    Retailleau se définit lui-même comme engagé dans une « bataille des esprits », citant Gramsci pour justifier une stratégie de conquête culturelle, avant même l’accession aux responsabilités électorales, lit-on dans Mediapart. Une vision partagée avec ses deux soutiens milliardaires, eux-mêmes animés par un catholicisme traditionaliste et un rejet assumé de ce qu’ils considèrent comme le « déclin moral et culturel » de la société française.

    Les convergences ne s’arrêtent pas là : tous trois partagent un réseau de conseillers et de relais intellectuels. Jean-Baptiste Doat, ancien du MPF de Philippe de Villiers et figure de l’aile droite catholique, conseille aujourd’hui Retailleau à l’Intérieur après avoir été le communicant personnel de Stérin. Ce dernier finance aussi plusieurs structures influentes, dont le Centre de réflexion sur la sécurité intérieure (CRSI), partenaire d’événements sécuritaires fréquentés par le ministre.

  • Réflexions sur la question antiraciste
  • Pierre-André Taguieff

Le témoignage de P. Schultze-Naumburg, rapporté par H.F.K. Günther, mérite d'être cité : « Là se tenait Hitler [dans la bibliothèque de S.-N.], devant le piano, et moi, à côté du meuble. Dans la conversation, nous en vînmes à la question raciale. Je dus lui apprendre qu'il n'existait pas de race juive, pas plus que de race allemande : l'une et l'autre étaient des métissages. ( ... ) n n'en avait rien su jusque-là» (73). Si, dans ses discours publics, Hitler continuera de référer aux Juifs comme à une « race » biologique, conformément à la vulgate raciste, ses conversations privées, recueillies par Martin Bormann, montrent qu'il concevait l'« ennemi inexpiable » comme une « race mentale », un type psycho- culturel historiquement engendré, caractérisé essentiellement par son invariabilité (d'où son inassimilabilité) et sa force« dissolvante »(le Juif« germe [ou «ferment»] de décomposition», selon l'expression de T. Mommsen), sa puissance de destruction :

« Le Juif est par définition l'étranger inassimilable et qui refuse de s'assimiler. C'est ce qui distingue le Juif des autres étrangers.( ... ) Notre racisme n'est agressif qu'à l'égard de la race juive. Nous parlons de race juive par commodité de langage, car il n'y a pas, à proprement parler, et du point de vue de la génétique, une race juive. li existe toutefois une réalité de fait à laquelle, sans la moindre hésitation, l'on peut accorder cette qualification et qui est admise par les Juifs les Juifs de toutes les parties du monde ont conscience de faire partie. ( ... ) La race juive est avant tout une race mentale. ( ... )Une race mentale, c'est quelque chose de plus solide, de plus durable, qu'une race tout court. Transplantez un Allemand aux Etats-Unis, vous en faites un Américain.

Le Juif, où qu'il aille, demeure un Juif. C'est un être par nature inassimilable. Et c'est ce caractère même, qui le rend impropre à l'assimilation, qui définit sa race. Voilà une preuve de la supériorité de l'esprit sur la chair ! » (74).

Cette légitimation hitlérienne de la judéophobie, forme particulière de xénophobie adaptée à la nature spécifique du Juif (inassimilable/ dissolvant), est aujourd'hui appliquée par de nouveaux Héros de la Nation à des xénophobies ciblées visant d'autres groupes que les Juifs. C'est ce déplacement qui nous autorise à parler d'une extension ou d'une généralisation des représentations et des arguments originellement antijuifs.

La vision nationaliste xénophobe de l'Arabe inassimilable en train de conquérir la France (ou l'Europe occidentale) par «l'immigration-invasion», cette vision participe, dans ses formes organisatrices, de la tradition judéophobe étendue et retraduite. De tels phénomènes de reconversion idéologique mériteraient d'être systématiquement étudiés.*

(73) Hans F.K. Günther, Mon témoignage sur Adolf Hitler ( 1969), tr. fr. E. Popelier, Puisseaux, Pardès, 1990, p. 104 (livre posthume, l'auteur étant mort lez~ septembre 1968). Sur le rôle de Schultze-Naumburg dans la politique culturelle nazie, voir: Hildegard Brenner, La politique

artistique du national-socialisme (1963), tr. fr. L. Steinberg, Patis, Maspero, 198o, p. zo sq, ~ 1 sq. © Éditions Hazan | © Éditions Hazan | 

Réflexions sur la question antiraciste Pierre-André Taguieff

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