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Billet de blog 25 août 2025

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Nous sommes tous des « clandestins » du paquebot

Imagine un grand paquebot Arc en Ciel. Solide. Fier. Il s’appelle France. Bon pour le moment sur le pont supérieur il y a un imposteur « Manu » qui brâme « je suis le roi du Moooondeeuhh !!! avec sa « Kate Brigitte Winslet »», Bruno le  Croisé du Puy et Gérald « Javert » ça plombe un peu l’ambiance, mais il faut se projeter un peu …

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Imagine un grand paquebot Arc en Ciel. Solide. Fier. Il s’appelle France.

Le premier qui me parle de Sardou prend une balle… on va parler d’autre chose.

Bon pour le moment sur le pont supérieur il y a un imposteur « Manu » qui brâme « je suis le roi du Moooondeeuhh !!! avec sa « Kate Brigitte Winslet »», Bruno le  Croisé du Puy et Gérald « Javert » ça plombe un peu l’ambiance, mais il faut se projeter un peu …

Il a été remis à flot après la guerre (la seconde, la mondiale…). Pas par hasard : par la Résistance. Par ceux qui ont tout risqué pour qu’on ait une vie digne quand certains avaient lâché l’affaire (l’élite… ceux qui ont réussi… et le plus grand nombre d’ailleurs, mais pas pour les mêmes raisons).

Dans le lot Missak Manouchian, un poète, un étranger (il parait que l’immigration ce n’est pas une chance ! ) #BrunoBarbareSansLimite qui placarde sans vergogne des « affiches Rouges » sur le pont du bateau.

(Léo FERRE)

« Vous aviez vos portraits sur les murs de nos villes

Noirs de barbe et de nuits hirsutes menaçants

L'affiche qui semblait une tache de sang

Parce qu'à prononcer vos noms sont difficiles

Y cherchait un effet de peur sur les passants

Nul ne semblait vous voir français de préférence (Surtout Marine, Bruno, Laurent et les autres…) et pourtant … tant de monde au Panthéon.

Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant »

Et grâce à vous du chantier de l’Histoire est sorti un pacte magnifique : santé pour tous, école « gratuite », retraite digne. On a appelé ça le programme du CNR (Conseil National de la Résistance).

Bref, un bateau qui ne laissait personne à quai.

Mais ça c’était avant…

Aujourd’hui ? On est toujours à bord. Mais l’ambiance a changé.

Sur le pont, on se dévisage. On compte les rames. On soupçonne son voisin de tricher.

Les privilégiés disent : “Regardez-les, ils vivent à nos crochets ces feignasses… gnagnagna l’assistanat…”

Et « ceux qui ne sont rien » répliquent : “Et vous, vous planquez vos rames aux Bahamas avec vos montages Cum Cum.”

Les travailleurs accusent les chômeurs. Les chômeurs accusent les patrons, qui pleurnichent… gnagnagna on est le bateau le plus taxé de l’Univers !!!.

Les fonctionnaires suspectent les entrepreneurs. Les entrepreneurs ricanent sur la fonction publique qui se paye aux frais de la princesse même quand ça va mal des fauteuils ergonomiques à 40 000 €.

Les étrangers ? Ah, eux, forcément, ils “profitent” du navire sans avoir payé leur billet.

Et pendant ce temps, chacun ralentit un peu son coup de rame. Parce qu’après tout, pourquoi s’épuiser si les autres abusent ?

Et puis en vrai, est ce que quelqu’un sait où on va à cette vitesse ? Quel cap ? Quel Horizon ? Est-ce qu’il y a seulement une destination ? Faut il ramer 7 h00 par jour ou 60 heures par semaine ? est ce qu’on ne s’est pas habitué au blabla du mérite pour se convaincre qu’il est juste d’avoir plus que M. Beans notre voisin ?

Résultat : nous sommes tous devenus un peu des clandestins du paquebot. Non ?

Le concept du passager clandestin (ou free rider en anglais) vient de l’économie et de la théorie des biens publics.

Le « passager clandestin » en gros c’est un gars qui bénéficie d’un avantage collectif sans participer au coût ou à l’effort pour le produire. On dirait que c’est ça notre vrai paranoïa ! C’est pour ça que tout part en couille aujourd’hui.

L’éclairage public, la défense nationale, la qualité de l’air, l’éducation…

Par exemple Saint Pierre Edouard Stérin 1er  exilé fiscal en Belgique « Je préfère éviter de payer l’impôt, et ainsi gagner plus d’argent, pour le redistribuer à bon escient » ben voyons pierrot !

(Manu CHAO)

« Solo voy con mi pe-na Sola va mi conde-na

Correr es mi desti-no  Para burlar la ley

Per-di-do en el cora-zôn De la grande Baby-lon

Me di-cen el clan-des-ti-no

Vo soy el quiebra ley

Pierrot STERIN clan-desti-no

hombre de negocios clan-desti-no

Oficial clan-desti-no

Politica clan-desti-no

Trampo-so clan-desti-no »

 Le pire ? Nos capitaines. De gauche, de droite, du centre (bon l’extrême droite, c’est… on va dire juste une dérive pathologique, une espèce de dermatose bovine pas la peine de s’attarder faut traiter en même temps que pierrot) … Ils ont tous gaspillé les réserves comme si la cale était infinie. Promesses intenables pasqueuu on s’achète des amis avec des bonbons pas avec des sermons et pis les fleurs c’est périssable... Bureaucratie à rallonge (remplir le CERFA 452568 et ses annexes 74 bis pour se procurer une rame). Centralisation asphyxiante. On a fabriqué l’environnement parfait pour la méfiance.

(Jacques BREL)

Faut vous dire, Monsieur
Que chez ces gens-là
On ne vit pas, Monsieur
On ne vit pas, on triche

La bureaucratie (pas les agents) comme nouvelle classe dominante : beaucoup de hauts fonctionnaires mais surtout les grands patrons d’entreprises publiques ou privées, apparatchiks, proches du pouvoir ont formé une nomenklatura, une élite privilégiée (qui bouffe sur le pont supérieur, des sushis et des plats étoilés), consanguine formatée dans la même classe avec accès à des sphères de pouvoir protégées et les « élites économiques », même la « franchise » des Maçons aussi bien intentionnée soit elle (initialement)...

Conséquence une grande Rigidité : incapacité à s’adapter aux réalités locales, bon alors ce n’est même pas la peine de parler des « colonies »….

La haute bureaucratie (genre Alexis Kohler le médaillé irascible) et le pouvoir politique sont aujourd’hui indissociable d’un appareil répressif (police politique, censure).  Toute critique de l’appareil est perçue comme une menace pour le système.  L’argent finance la politique qui accorde des privilèges… Et on frappe non pas sur des bambous mais sur les manifestants, les mutins en colère sur le pont ! Aie mon œil !

Pire : dans la confusion, certains passagers se radicalisent. Les uns veulent jeter à la mer les rameurs jugés inutiles. Les autres rêvent d’un capitaine autoritaire qui forcera tout le monde à ramer droit. D’autres encore veulent saboter la coque pour “repartir de zéro”.

👉 Bref, personne n’a totalement raison… mais tout le monde est convaincu d’avoir raison contre les autres.

Alors les libertariens rigolent. “Regardez ! Votre modèle social ne marche pas. Vous vous dévorez entre vous.” Rejoignez donc la secte, la « Firme », la Heritage Foundation !

Comme si ça ne suffisait pas, la mer monte. Le climat s’emballe. Et à l’horizon, on voit déjà des canots pneumatiques. Des naufragés qui frappent à la coque.

On les connaît. Ce sont ceux dont on a pillé le frigo et siphonné les mini-bars, hier encore. Aujourd’hui, ils demandent une place à bord.

Alors oui, il faudra probablement se serrer. Réorganiser les cabines. Partager le réfectoire. Faire de la place. Parce que le paquebot France, c’est aussi une arche de Noé. S’il le veut, il peut accueillir. Protéger. Et inventer une navigation commune.

Roolala c’est pas juste un discours, c’est pragmatique, la population vieillie faut renouveler les rangs et accepter les mœurs des nouveaux arrivants, genre le Sakasaka à la cantoche, sinon y’aura bientôt plus personne à la barre…

Évidemment, il y a des pirates qui rôdent. Ils rêvent de saboter la coque. De nous renvoyer chacun sur un radeau individuel, seul au milieu de la tempête. Ces pirates se nourrissent de notre division. Si on les laisse faire, le paquebot finira en épave.

Mais ce n’est pas une fatalité.

On peut choisir autre chose. Même si … la tout de suite on pense que c’est foutu, si on est privilégié on pense que LFI (les méchants islamos-gauchistes) le poignard entre les dents et la kalash sur les genoux vont tout nous piquer ! Les salauds de cocos ! Bon il faudrait peut être juste qu’il fasse le ménage dans leurs rangs et se débarrassent des pirates. Et si on fait partie de ceux qui ne sont rien, qui refusent de traverser la route pour faire un job mal payé auquel ils ne croient pas, qui pensent que ces enfoirés de bourgeois ne pensent qu’à les exploiter… Faut juste se rappeler qu’on est dans la même galère, et que si les singes rhésus peuvent parvenir à partager l’ombre sur l’Ile de Cayo Santiago après un cyclone… nous les pauvres humains on peut renoncer à certains de nos privilèges…

On peut accepter de ramer chacun selon ses forces et recevoir chacun selon ses besoins, sans honte ni arrogance. On peut alléger la bureaucratie qui distribue des rames tordues. On peut mettre en place un contrôle ferme mais bienveillant : sanctionner les vrais tricheurs, mais valoriser les rameurs sincères.

Chacun doit balayer devant sa cabine…

Et surtout, on peut retrouver ce mot oublié : confiance.

Si on s’en donne les moyens, il peut accueillir la diversité, protéger les plus fragiles et inventer une navigation commune. Une fédération de kibboutzim flottants, pourquoi pas? Des communautés solidaires où chacun contribue selon ses forces, où la dignité de chacun est garantie.

Pour ça, il faudra sans doute dynamiter la centralisation, et accepter le fédéralisme, en assurant la promotion et la valorisation de la diversité.

Oui, nous sommes tous un peu des clandestins du « paquebot » France. Mais nous pouvons redevenir les résistants de l’entraide et du bien commun.

Parce que ce navire n’a pas été construit pour couler, parce qu’en fait il n’a pas été construit, il s’est construit. Forgé pour résister aux tempêtes.

Et si nous savons nous serrer les coudes, même face à la montée des eaux, il ne sera pas une épave.

Il sera une arche.

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