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Billet de blog 27 septembre 2023

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ROISSY La Blessure Un film de Nicolas Klotz France, Belgique - 2003 - 160 min

Blandine est blessée sur le tarmac de Roissy lors d'un retour à l'avion où un groupe d'Africains résiste à l'embarquement. Bien qu'elle soit sur le sol français, sa blessure, sa présence, son être sont niés par la Police Aux Frontières à qui elle demande l'asile. La France est sourde. La France n'est plus une terre d'accueil. Mais une terre butée qui expulse, blesse, et humilie.

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Illustration 1

La colère du réalisateur aurait pu déboucher sur un film manichéen de dénonciation. Mais Nicolas Klotz fait un choix beaucoup plus intelligent et courageux : après une longue préparation-enquête sur le sujet avec sa scénariste Elisabeth Perceval, il propose au spectateur de partager ce que vivent ces exclus au quotidien. Dans la première heure du film, située dans l'aéroport de Roissy, Klotz filme avec rigueur, met en scène avec pudeur et délicatesse la brutalité (curieusement, bien que les personnages soient africains, j'ai souvent pensé au cinéaste chinois Hou Hsiao Hsien), avec un refus constant de tout artifice (au montage comme au tournage), un renoncement à toute virtuosité (ce qui aurait été une façon de récupérer le spectacle du malheur des autres dans un exercice de style destiné à se mettre en valeur).

 En nous rendant de plus en plus familiers ses personnages, le film dépasse le simple sentiment d'empathie et nous fait aimer ces exclus qui cessent peu à peu d'être des « étrangers ».

Ce qui me touche profondément dans ce film est cette façon pour moi inédite de faire naître un poème d'amour, à la fois pudique et poignant, au rythme étrangement contemplatif, à partir d'une prise de conscience purement politique. Un film nécessaire, généreux et sincère, formellement audacieux et d'une grande exigence, qui invite le spectateur à remettre en question sa vision du monde, et apporte un message d'espoir à travers ce sourire final tant attendu de Blandine, qui est l'amorce de sa reconstruction.

Alain Mazars  - Cinéaste

Xoreeyo : Votre avis sur ce film ?

Antoine : Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval m'ont contacté après avoir pris connaissance de l'incident avec Blandine. Perceval est venue régulièrement à mon domicile pour enregistrer mon témoignage. Ils m'ont proposé de jouer mon propre rôle dans le film, mais bien évidemment les conséquences juridiques étaient trop délicates à gérer. J'ai collaboré parce que le cinéma est pour moi un bon vecteur pour toucher et ouvrir la conscience de l'opinion qui n'est sur le sujet pas très mobilisée.

Finalement c'est un camarade d'une association la Cimade qui à joué mon rôle.

Pour être honnête je suis extrêmement déçu par le film.

Trop long, trop esthétique, c'est indécent de vouloir faire trop intellectuel avec ce contexte brulant. Pardon, mais j'aurais aimé un format qui puisse toucher le coeur tout venant, et sur ce point c'est un échec, beaucoup de gens ont validé le film sur le plan esthétique, mais bon, sincèrement...

 Nicolas Klotz et Élisabeth Perceval créent Petits et Grands Oiseaux, leur propre structure de production, pour coproduire La Blessure afin de terminer la version de 2 h 43 min qui est sortie en salles sans grand succès. Paria obtient le Prix Spécial du Jury au Festival de San Sébastian (2000) et La Blessure est présenté à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes en 2004 avant de faire le tour du monde dans les festivals internationaux.

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