MALGRÉ ses locaux flambant neufs, la zone d'attente de l'aéroport de Roissy risque à nouveau de défrayer la chronique. Un agent du ministère des affaires étrangères a signalé dans un rapport, remis le 14 mars au procureur du tribunal de grande instance de Bobigny, des violences et dérapages commis par des policiers de la police aux frontières (PAF) sur des étrangers. C'est la première fois qu'un tel témoignage émane d'un fonctionnaire du Quai d'Orsay.
Dans un rapport de trois pages, l'agent explique que, lors d'une permanence effectuée le 10 mars dans la nouvelle zone d'attente pour personnes en instance (ZAPI 3) de l'aéroport Roissy-Charles-de-Gaulle, où sont maintenus les étrangers dont l'entrée sur le territoire est refusée, il a découvert une jeune femme blessée dans une salle d'attente. Blandine M., originaire de la République démocratique du Congo (RDC, ex-Zaïre) était « allongée sur le sol » : « J'ai remarqué immédiatement la présence sur ses jambes de multiples plaies sanguinolentes », écrit le fonctionnaire. Le récit qu'elle fait alors à l'agent est édifiant.
Arrivée le 8 mars à Roissy dans la soirée, la jeune femme avait immédiatement sollicité l'asile en raison de persécutions qu'elle dit avoir subies dans son pays. Les policiers ignorent sa demande et la placent en zone d'attente. Pendant les premières quarante-huit heures de son maintien, Blandine M. va « réitérer sa demande d'asile à plusieurs reprises ». Les fonctionnaires de la PAF lui auraient demandé d'attendre. La jeune femme, enceinte, serait passée devant le juge pour un maintien en zone d'attente le 12 mars, alors que sa demande n'avait toujours pas été enregistrée.
Quand l'agent du ministère des affaires étrangères l'interroge sur ses plaies, elle explique qu'elle a été frappée lors de la tentative d'éloignement vers le Cameroun organisée le matin même. Ainsi, pour la forcer à embarquer, « un des policiers, après l'avoir déséquilibrée en la tirant brusquement en arrière, l'a traînée sur le sol par les cheveux en la couvrant d'insultes. Il lui a ensuite asséné plusieurs coups de pied avant de lui écraser les jambes avec ses chaussures », relate le rapport.
Xorreyo : Antoine, êtes vous cet agent du quai d'Osay?
Antoine : Oui