Qualifier le mouvement progressiste des « insoumis » d’« islamo-gauchiste » est une absurdité intellectuelle doublée d’une faute politique. Non. On ne peut pas être à la fois soumis et... Insoumis (ou alors uniquement sur un plan spirituel)... Les gros malins ont confondu avec le macronisme "mi-pute, mi-soumise", "en même temps".
C'est probablement aussi con que prétendre que les Républicains (LR) sont des défenseurs de la démocratie.
Il faut un certain aplomb, ou une ignorance crasse, pour coller l’étiquette de « soumission religieuse » à ceux qui militent précisément pour la libération des consciences, la critique des dogmes et l’émancipation des dominations.
La gauche, la vraie, n’a jamais fait de la religion un allié. Marx la désignait comme l’opium du peuple, et cet héritage critique n’a pas disparu : il s’exprime aujourd’hui dans la défense de la laïcité, du féminisme, des droits LGBTQ+, souvent en opposition frontale avec les intégrismes, qu’ils soient catholiques, juifs ou musulmans, même si il faut de la nuance et qu'on ne peut cacher de l'islamophobie derrière la laïcité..
Mais le tour de passe-passe fonctionne. Il suffit de quelques images de manifestations mêlant keffieh et pancartes pour que l’on accuse toute la gauche d’accointance avec l’islamisme. Mélenchon serait un pote du Hamas...un argument de poids. Comme si on pouvait accuser la droite d'être catholique intégriste... (?!) mmm 🙁 bon ok la c'est vrai.
Ce raccourci malhonnête confond engagement antiraciste, défense des droits des musulmans en tant que citoyens, et complaisance envers les dogmes. Or refuser que des populations soient discriminées en raison de leur origine ou de leur religion n’implique en rien d’adhérer à cette religion. Rien n'empeche aux insoumis de respecter la foi des français, quelle qu'elle soit.
En réalité, le terme « islamo-gauchisme » n’éclaire rien. Il dissimule. Il disqualifie. Il vise à rendre suspecte toute solidarité avec les classes populaires issues de l’immigration, en particulier quand elles sont musulmanes. Il est un outil de guerre idéologique, pas une analyse. Et sa violence retombe sur ceux qui l’emploient : car s’il y a bien une contradiction insoutenable, c’est de prétendre défendre la République tout en pervertissant son langage au service de la peur.
Pire : ce terme n’est pas seulement absurde, il est stratégiquement utilisé pour détourner l’attention. Pendant que l’on accuse les militants de gauche d’être les complices d’un obscurantisme imaginaire, ceux qui saccagent réellement notre société avancent masqués.
Ce sont eux, les vrais prédateurs : ceux qui trichent avec les règles du jeu démocratique, qui s’accaparent les richesses communes, qui polluent impunément, qui fraudent massivement le fisc, qui détruisent les services publics à coups de privatisations, et qui creusent les inégalités à coups de niches fiscales.
Ce sont eux, les dirigeants de la droite et de l’extrême droite, qui orchestrent ce grand détournement moral, pour que les projecteurs ne soient jamais braqués sur leurs véritables méfaits.
Le "problème", ce ne sont pas les insoumis bien au contraire. Ce sont les insatiables fraudeurs et destructeurs de la chose publique.