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Billet de blog 6 avril 2020

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EHPAD : deuxième lettre à Monsieur le Président de la République - 25 mars 2020

Le dévouement des personnels ne pourra pas pallier tous les manques dans les EHPAD. Des mesures spécifiques à prendre?

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Le  25 mars 2020

Monsieur le Président de la République,

Le 13 mars 2020, je vous écrivais, craignant une catastrophe dans les EHPAD. Les radios du service public parlent ce matin de « personnes décimées », « d’hécatombe » en institutions. En cette fin du mois de mars 2020, où la priorité est à retarder les effets du COVID19 par le confinement pour ne pas faire craquer le système hospitalier, les EHPAD ont été oubliés. Or, des problèmes aigus frappent les résidents et les personnels, problèmes qui impacteront la société toute entière.

Les résidents n’ont pas le plus souvent  signé des directives anticipées. Ceux qui seront en proie à une détresse respiratoire vont devoir finir leur vie, seuls et dans une mort qui n’aura rien de doux. La loi, telle qu’elle est aujourd’hui, ne permet pas aux médecins de les plonger dans une sédation profonde.

Les personnels épuisés vont devoir subir et le spectacle d’agonies douloureuses à répétitions et leur propre impuissance. Hors épidémie, beaucoup de ces derniers sont en souffrance éthique. Ils vont être à leur tour contaminés et contaminants aussi hors les murs.

Dans cette catastrophe sanitaire, ne pourrait-on trouver d’autres solutions que l’abandon des résidents au dévouement des soignants ? Comment ces derniers vont-ils pouvoir tenir le coup ? Les mots de réconfort et de remerciement peuvent certes compter, mais il faudra davantage. C’est pourquoi je lance quelques propositions qui relèvent des échelles nationale et locale.

Il me paraît important de prendre des mesures particulières pour l’intérêt de tous.

Pour les résidents en fin de vie, il faudrait :

  • réunir d’urgence le comité d’éthique et le comité scientifique, peut-être autoriser des mesures dérogatoires à la loi Leonetti afin de permettre au personnel soignant de pouvoir éviter des souffrances inutiles avant une mort inéluctable.

Pour les personnels parmi lesquels de jeunes mères qui continuent à travailler en mettant leur vie en péril, faute de protections nécessaires,  il faudrait :

  • prévoir un dépistage systématique dès que les tests seront disponibles
  • prévoir de renforcer les équipes

par des volontaires connus des  institutions, aguerris et dépistés négatifs qui pourraient les soutenir dans l’aide au repas, par exemple,

par des étudiants stagiaires, renvoyés chez eux alors qu’ils ont souvent déjà un lien avec l’EHPAD et qu’ils pourraient apporter une aide précieuse.

 En vous remerciant de votre attention, je vous prie, Monsieur le Président, d’agréer mes respectueuses salutations de citoyenne.

Geneviève Chovrelat-Péchoux

Auteure sous le pseudonyme ROSALOU  d’Un été en EHPAD Situation critique (HD Société,  2019)

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