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Billet de blog 4 janvier 2020

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Algérie : L’impérative assemblée constituante pour mettre fin à la crise politique

La seule alternative plausible à une véritable sortie de la crise politique qui affecte l'Algérie depuis l'avènement du Hirak le 22 février 2019 ne peut être que l’élection d’une assemblée constituante souveraine, transparente et sereine.

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L’impérative assemblée constituante pour mettre fin à la crise politique

-Youcef Benzatat-

Les manifestations populaires massives de ce 46eme vendredi du 3 janvier 2020 qui se sont déroulées dans toutes les villes algériennes, après que le pouvoir incarné par l’état-major a achevé son coup de force du 12 décembre 2019 en imposant un Président et un gouvernement désignés, affirment avec force et détermination le rejet par le peuple de toute normalisation de la vie politique qui ne soit pas l’émanation de sa propre volonté souveraine. De ce fait, le peuple et le pouvoir se retrouvent dos à dos et le fossé qui les sépare devient de plus en plus infranchissable et le dialogue impossible.

Désormais, l’Algérie s’installe dangereusement dans une crise politique majeure sans précédant depuis l’accès à l’indépendance. Car la crise inaugurale engendrée par le coup de force du 31 juillet 1963 par Ahmed Ben Bella et l’état-major, qui avaient fait adopter une Constitution à la hâte au cinéma le Majestic par une assemblée parallèle à celle qui a été élue le 20 septembre 1962 et qui a scellé à jamais tout espoir de démocratie en perspective, s’était déroulée presque à huit clos. Alors que la crise d’aujourd’hui compte parmi ses principaux acteurs le peuple, qui a fait une irruption en force sur la scène politique, en étant uni et déterminé à recouvrer sa souveraineté législatrice, ce qui n’était pas le cas en 1963.

Cette nouvelle reconfiguration de la crise politique qui affecte le pays depuis l’indépendance, par l’irruption en force de la conscience collective sur la scène politique, vient en effet aggraver dangereusement cette crise en mettant le pouvoir en demeure de trouver une solution qui puisse préserver cette même indépendance chèrement acquise. Car le peuple ne semble pas prêt à abdiquer et son rejet radical du coup de force du 12 décembre, qui s’apparente à une véritable désobéissance civile, pourra le mener vers l’exaspération de celle-ci, ce qui ne va pas sans faire peser de hauts risques sur la paix civile et par conséquence au péril de la souveraineté nationale.

Dans ces conditions, la seule alternative plausible à une véritable sortie de crise ne peut être que l’élection d’une assemblée constituante souveraine, transparente et sereine.

Il faut admettre que le temps n’est plus au bricolage politique par l’armée et que l’exigence du peuple pour un état civil, véritablement démocratique, n’est pas une perversion de « traîtres à la patrie » comme le martèlent inlassablement et grossièrement les commis de l’armée désignés à la gouvernance de la façade civile de son pouvoir autoritaire, totalitaire et réactionnaire. Mais bel et bien une conscience nationale qui a émergé au sein des nouvelles générations soucieuses de l’édification d’un état correspondant à leurs valeurs civilisationnelles, qui seraient en phase avec la contemporanéité du monde avec toutes les libertés, les dynamiques économiques et sociales, technologiques et institutionnelles qui le caractérise.

Y.B.  

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