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Billet de blog 6 février 2020

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Mutinerie au sommet du pouvoir, un leurre pour le Hirak !

Un Président illégitime ne peut vouloir du bien à son peuple, car le bien suprême de tout peuple est justement la légitimité même de son Président.

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Mutinerie au sommet du pouvoir, un leurre pour le Hirak !

-Youcef Benzatat-

Un grand bruit fait état de graves rivalités au sommet de l’armée et des services de sécurité pour le contrôle du pouvoir ou de la rente, ce qui revient au même. Des rivalités nous dit-on qui opposeraient Tebboune et Chengriha et leur clan, d’une part, les résidus de Gaïd Salah que ce dernier avait disséminés dans les services et les directions centrales du MDN avant sa mort, le clan qui voulait imposer Mihoubi Président à la place de Tebboune et enfin les hommes de Mohamed Mediene dit Toufik, l’ancien homme fort du DRS, d’autre part. A savoir, que de telles rivalités au sommet du pouvoir ont de tout temps existés et le système s'en est bien accommodé et s’est toujours sorti indemne depuis l’indépendance. D’ailleurs c’est sur fond de rivalités et de convoitises du pouvoir qu’il a toujours fonctionné. C’est de l’aveu de Chadli Bendjid lui-même, qui avait dévoilé en fin de vie, que les membres influents du système sont liés en permanence par un code d'honneur qui devrait astreindre chaque membre au devoir de protéger l'unité du système et sa pérennité dans toute sortes de rivalités. A savoir surtout qu’à chaque fois que le système a été sérieusement menacé, comme il l’est aujourd’hui par le Hirak, il a porté à la connaissance de l’opinion ces rivalités en criant au danger imminent sur la nation, et que cela pourrait provoquer l’effondrement de l’état. Plus la menace est grande sur sa pérennité, plus il a dramatisé les conséquences et fait grand bruit pour propager la peur dans l’opinion, pour la tenir dans la terreur.

Aujourd’hui, par ce bruit assourdissant, ils essayent de nous faire croire que Tebboune et Chengriha travaillent la main dans la main pour l’intérêt du Hirak ou du peuple, ce qui revient au même, pour instaurer un état civil et que les autres clans s’y opposent et font tout pour saboter leurs initiatives. Un peu comme une sorte d’exercice de la démocratie au sommet du pouvoir, mais par la ruse, la violence et le chantage à la place des urnes. Alors qu’en réalité, leur stratégie commune, au-delà de leurs rivalités domestiques, fonctionne sur les mêmes schémas des organisations mafieuses, qui exercent la terreur en présentant une face gentille et une autre face méchante. En l’occurrence, le clan de Tebboune et Chengriha seront dans ce cas les gentilles, qui nous veulent du bien, et les autres, voudraient nous faire du mal, en les empêchant de nous faire du bien.

Toutes ces facettes du système, y compris celle de Tebboune et Chengriha, savent qu’ils seront exposés à la justice du peuple, s’ils venaient à lui céder définitivement le pouvoir. S’ils continuent à résister au Hirak et veulent l’anéantir avec obsession, c’est parce que son contenu véhicule leur propre anéantissement. Car chacun pour son compte, ils ont fondé un empire à leur échelle. Leurs familles, leurs proches, leurs amis et toutes sortes de clients et d’associés sont à la tête de fortunes acquises de manière aussi fulgurante que ne l’a été la Révolution qu’ils ont provoquée. Rien n’échappe à leur mainmise. Toute l’administration, les institutions de l’Etat, les représentations consulaires, le secteur économique, les entreprise publiques, le secteur éducatif, sanitaire, jusqu’au monopole du secteur privé de l’économie, furent quadrillés par les membres des empires personnels qu’ils avaient fondés. Ce qui les pousse à s’enfermer dans leur obstination à conserver le pouvoir, c’est le souci de sauver leur tête et celle des membres des empires qu’ils contrôlent. Car l’avènement d’un Etat de droit, synonyme d’une justice indépendante, verra leurs empires s’effondrer comme un château de cartes et leurs membres des parias qui passeront le restant de leur vie sous les verrous. Ils n’ont plus le choix, en effet : résister ou périr. Le piège de la Révolution s’est refermé définitivement sur eux.

D’ailleurs, le bruit avec lequel ils tentent aujourd’hui de faire prendre une douche froide au Hirak pour essayer de l’influencer à rentrer chez lui, en le rassurant qu’ils travaillent pour son bien, n’est plus audible au-delà de leurs enceintes. Car le peuple sait qu’il n’a pas voté et qu’il se retrouve flanqué d’un Président qu’on lui a imposé. Un Président illégitime ne peut vouloir du bien à son peuple, car le bien suprême de tout peuple est justement la légitimité même de son Président.

Y.B.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.