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Billet de blog 13 août 2020

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Algérie : Le rêve éveillé du système dans la propagande des médias de service

Parodie du discours de Abdelmadjid Tebboune à Club des Pins le 12 août 2020, tel que rapporté par un confrère somnambule déambulant dans l’univers du rêve éveillé du système : « Les zones d’ombre, six mois après : Tebboune en colère, évoque complot et défaillances. » Makhlouf Mehenni, TSA. 12 Août 2020.

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Parodie du discours de Abdelmadjid Tebboune à Club des Pins le 12 août 2020, tel que rapporté par un confrère somnambule déambulant dans l’univers du rêve éveillé du système : « Les zones d’ombre, six mois après : Tebboune en colère, évoque complot et défaillances. » Makhlouf Mehenni, TSA. 12 Août 2020.

Six mois après avoir réuni les représentants civils de son système pour les instruire de se pencher sur ce qu’il avait appelé les « zones d’ombre », le pouvoir les a de nouveau convoqués pour d’autres assises à Club des Pins à Alger pour le même motif.

Ou presque. Cette fois, il est question d’une première évaluation de l’exécution de ses instructions, un bilan d’étape de son stratégique programme censé neutraliser le foyer le plus ardent alimentant la colère et la révolte du peuple, soit près de neuf millions d’Algériens abandonnés à eux-mêmes dans 15 000 zones d’ombre, quartiers, villages et bidonvilles dépourvus de tout.

Le 16 février, le nouveau représentant du système en chef, Abdelmadjid Tebboune, avait innové en interrompant son discours pour présenter à l’assistance, composée essentiellement de Walis, un reportage réalisé par le service de propagande de ses employeurs, rapportant le dur vécu d’une partie de la population algérienne, parfois à l’orée des grandes villes, source de révolte du peuple contre le système et qui représente une véritable menace pour sa pérennité.

Les images étaient insoutenables. Jusqu’à mardi soir, les plus naïfs, les crédules en la propagande du système, ceux qui ne réalisent pas encore que ce dernier n’ait d’autre objectifs que de garder une main de fer sur le robinet et qui ont vite fait d’oublier que leur représentant en chef a été désigné pour exécuter les sales besognes et non élu légitimement par le peuple, s‘attendaient à voir le lendemain, mercredi 12 août, jour de la deuxième rencontre du système avec ses exécutants civils, gouvernement-walis, un autre reportage racontant la métamorphose au moins d’une partie des quartiers montrés dans un piteux état six mois plus tôt.

Mais déçus, ces derniers avaient vite fait de deviner ce qu’il en sera lorsque le journal télévisé des services de propagande du système de 20h annonce le limogeage de chefs de daïras et de maires pour retards et défaillances dans la réalisation des projets du programme qu’ils étaient censés exécuter.

En effet, Abdelmadjid Tebboune s’était fendu dans une excellente performance théâtrale qui a duré pendant plus de quarante minutes devant les représentants civils du système. Pas tous les walis puisqu’il en manquait quatre à l’appel. Pour justifier leur absence, il révéla qu’ils sont atteints du covid-19.

Sanction des responsables défaillants : « Ce n’est que le début »

Beaucoup de projets n’ont pas été exécutés et « des millions d’indus citoyens… sont encore animés par l’esprit de révolte », dénonce-t-il, concédant que la pandémie de coronavirus a pu peut-être retarder l’exécution de la mission, mais s’élevant aussi contre de mauvais réflexes, comme un certain patriotisme romantique « qui galvanise le peuple et fortifie sa détermination ». « Ces comportements n’ont pas leur place dans l’Algérie nouvelle », celle d’une dictature rénovée et actualisée face aux circonstances, met-il en garde.

Le limogeage de lampistes « n’est qu’un début », promet-il. « Je ne comprends pas qu’après le 12 décembre et avec la bénédiction du covid-19 qui a coupé les ailes dans l’œuf à la révolte du peule, et après tout ce que le système a fait pour berner les indus citoyens, on voit encore des images hideuses de hirakistes s’agiter dans l’espace public et sur les réseaux sociaux », regrette-t-il, dénonçant l’incompétence et une certaine complicité de certains exécutants locaux qui montrent de fausses prises de position devant les caméras.

« C’est quoi ce cinéma ? Ces comportements, c’est fini. On donne à l’indu citoyen l’impression qu’il est en droit de contester la confiscation de sa souveraineté. C’est du sabotage », lance le représentant en chef du système qui assure que « parfois, ce sont des sabotages volontaires ».

Aussi, il révèle que les responsables relevés de leurs missions sont tous sous enquête. « Si c’est ça leur niveau de chita, ils ont bien fait de partir. Mais s’ils cherchaient à monter le peuple contre le système, nous allons passer à autre chose », menace-t-il.

« On ne peut pas prétendre berner indéfiniment la confiance de l’indu citoyen en gardant la vieille vision comme si rien ne s’était passé dans ce pays ces deux dernières années », fait remarquer le représentant en chef du système.

« Blocages volontaires » et « contre-révolution »

Les blocages dont il parle ne se limitent pas aux missions destinées aux zones d’ombre. Même la corruption des médecins en prime, qui luttent contre le Covid-19 et l’achat de la paix sociale dégagée pour les indus citoyens impactées n’a pas été versée trois mois après.

« Qu’est-ce que ça veut dire ? Est-ce une adhésion sournoise à la révolution populaire ? Est-ce pour bloquer le processus de reprise en main du pays et la soumission du peuple ? », s’interroge-t-il. « Peut-être que nous politisons les choses plus qu’il n’en faut en sensibilisant les indus citoyens à leurs droits, mais faites attention. Nous savons qu’il y a des forces qui sont déterminées à restituer au peuple sa souveraineté. Il y a des complicités à l’intérieur de l’administration, généralement des patriotes romantiques. Des investigations sont en cours. »

La démagogie et la propagande, selon le représentant en chef du système, « permettra d’éviter le spectre des révoltes sociales auxquelles appellent ceux qui veulent rendre sa dignité et sa liberté au peuple ».

« Le système est visé et vous êtes tous au courant de l’objectif du Hirak : « Yetnahaw gaa ». L’indu citoyen est devenu trop gourment en droits fondamentaux. Il veut un Etat de droit, démocratique et social et séparer le militaire du civil. Ce qui signifie notre fin inévitable. Pour ces dangereux individus, l’esprit de révolte est devenu l’air qu’ils respirent et leur influence continue à se propager parmi le peuple », dit-il.

Le représentant en chef du système revient sur les « incidents alarmants et simultanés qu’a connus le pays ces dernières semaines », et annonce que les enquêtes sont toujours en cours. Il cite le phénomène de la violence, les coupures d’eau et d’électricité, le manque de liquidités, etc. Il y a danger dans la demeure qui menace la pérennité du système », dénonce-t-il. « Un seul bureau de poste à Alger a versé 40 milliards de dinars. Des gens ont retiré jusqu’à 4 milliards du guichet. Un vieux de 109 ans fait deux retraits par semaine, les gens ne font plus aucune confiance aux institutions du système. Ils ont peur des lendemains et ils ont peur pour leur argent », cite-t-il comme exemples de pertes totale de confiance dans les institutions bancaires du système constatées par l’enquête en cours sur le manque de liquidités.

« A l’adresse du clan opposé à celui qui est le maître du moment du système »

A l’adresse de ceux qui « rêvent de revenir au pouvoir », Le représentant en chef du système signifie que cela est du domaine de l’impossible. « C’est fini, la nouvelle issaba a pris définitivement le contrôle du système. Le train a démarré, personne ne l’arrêtera », lance-t-il.

« Vous les voyez, ils sont encore en prison et leurs millions de dollars sont distribués à l’extérieur. Qui a donné les ordres ? Qui a transmis ces ordres pour que 10 millions de dollars partent à X ou Y ? ».

L’allusion à Ali Haddad qui a engagé récemment un cabinet de lobbying américain, est claire. « Soyez rassurés, nous sommes là et nous ne reculerons pas. Nous allons éradiquer toute concurrence y compris toute dissidence chez le peuple », a-t-il dit.

Le représentant en chef du système, Abdelmadjid Tebboune poursuit en affirmant que « ceux qui pensent que le pays sera laissé entre les mains de représentants légitimes du peuple, élus démocratiquement au suffrage universel, propre et sans fraude, comme dans les grandes démocraties des pays développés et prospères où règne le droit, et l’économie et la diplomatie à des véritables élites compétentes, se trompent ».

Il assure, bien que « 80% des Algériens sont contre le système, rejettent l’instabilité politique, craignent la menace sur la paix sociale et prient Dieu pour que notre pays ne connaitra pas la tragédie de la Syrie ou la Libye, ne nous perturbe pas pour autant, advienne que pourra, nous sommes préparés à toute éventualité et à toute forme de répression pour assurer la pérennité du système ».

Youcef Benzatat

Lien vers l'original : 

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