Réponse à un berbériste ivre de mensonges et de déni
Certes, ça va de soi que « Le déni de réalité n’efface pas la réalité », comme la vérité est le contre point de l’immense laideur du mensonge.
Vous m’attribuez le propos « Yennayer ne devrait pas exister parce qu’il y aurait eu une erreur de date commise au début des années 1980 par Ammar Negadi, écrivain originaire des Aurès et membre de l’Académie berbère. » Vous prétendez ensuite que « sur la base de cette erreur de date, vous effacez d’un trait une fête ancestrale. Quelles absurdités ! De quel côté est l’imposture ? »
Ces arguments que vous avez versé dans le débat sont grossièrement mensongers et pervertissent avec effrontément mon propos sur Yennaer, qui est d’ailleurs accessible à tout public « Yennaer 2968, une imposture berbériste », publié début janvier 2017, dans lequel j’avais dénoncé le mensonge sur lequel avait été fixé la date du début du calendrier amazigh par les berbéristes, que j’avais qualifié d’imposture. A aucun moment je n’avais évoqué l’erreur de la date commise par Ammar Negadi et son rapport au calendrier Julien ou Romain ou tout autre calendrier, ni nier l’existence de cette fête agricole, fêtée dans tout l’ancien monde et pas seulement en Afrique du Nord. C’était l’année 2968 et non pas le jour de l’année, le 12 janvier, qui était l’objet de mon propos dans ce texte.
Voici les termes de mon propos par lesquelles j’avais dénoncé ce grossier mensonge berbériste, à travers lesquelles j’ai qualifié de farfelu le calendrier amazigh plutôt que la fête de Yennaer elle-même, comme vous le prétendez !
Je disais en substance, comme pour toute idéologie, qu’elle soit politique, identitaire ou religieuse, celle-ci pour s’affirmer doit se doter d’un système de référents pour asseoir sa structuration. Pour ce faire elle doit recourir à toute sortes de symboles, de mythes, de rituels déjà existants dans son environnement culturel et les réinterpréter à des fins de réappropriation pour asseoir sa légitimation.
Les berbéristes vont opérer de la sorte pour assoir la légitimation du choix du début du calendrier berbère. Ils ont donc choisi une référence historique, celle de l’intronisation de Sheshonq, un pharaon d’origine amazighe et fondateur de la XXIIe dynastie. De la date de cette intronisation ils en feront le début du calendrier berbère, soit 950 avant Jésus-Christ, ce qui nous situera aujourd’hui en 2968. Ils ne leur restaient qu’à l’associer à une fête locale, en l’occurrence la célébration par les Algériens, au début du mois de janvier de chaque nouvel an, de ce qu’ils nomment communément, d’Est en Ouest, du Sud au Nord : Yennayer.
Les berbéristes semblent donc s’appuyer sur le fait, tout à fait farfelu, que les Algériens fêtent Yennayer en célébration de la prise du pouvoir en Égypte de l’un de leurs ancêtres amazighe, parti à la conquête de l’Égypte, pour y fonder la XXIIe dynastie, une dynastie amazighe dont l’avènement sera pris comme référence à l’établissement du calendrier berbère !
Les berbéristes ne semblent pas tenir compte de la réalité historique telle que produite par les historiens. En fait, Sheshonq n’est jamais parti à la conquête de l’Egypte à partir des terres algériennes. Il est largement décrit dans les livres d’histoire en tant que militaire au service du Pharaon. Sheshonq était général dans les armées égyptiennes et à la mort du Pharaon c’était l’homme le plus puissant, et le pouvoir lui revenait par les lois de succession en vigueur en Egypte à ce moment. C’est ainsi qu’il fonda une dynastie égyptienne, qui n’a rien à voir avec une quelconque dynastie amazighe. Il est certes d’origine amazighe, mais ses parents et grands-parents, voire depuis plusieurs générations, ses ascendants se sont établis en Égypte et se sont complètement égyptianisés.
Par ailleurs, pour pouvoir lever une armée et partir à la conquête de la civilisation la plus puissante de l’époque, en l’occurrence l’Egypte Pharaonique, ensuite la battre et s’emparer de son trône, il aurait fallu au minimum que cette armée soit aussi puissante et aussi organisée et disciplinée. Or, l’embryon de la première civilisation apparue dans la région où naquis Sheshonq, - à savoir le sud constantinois actuel selon les historiens, soit environs à une cinquantaine de kilomètres, entre l’actuelle commune de Sigus et Ain Fekroun - et qui était capable potentiellement de lever une armée, se situe aux environs du III° siècle av. J.-C., avec Massinissa comme roi, qui fut le premier à avoir unifié la Numidie et s’être doté d’une armée. Car, pour lever une armée, il aurait fallu au préalable, le développement de structures urbaines, l’apparition d’une classe sociale susceptible de verser l’impôt et payer les soldats, leur acheter des armes et les entrainer au combat. Alors que Sheshonq avait vécu au X° siècle avant notre ère, soit VII siècles avant l’apparition du premier royaume dans la région, celui de la dynastie de Massinissa, descendant de Gaïa son père et de Zelalsan son grand père, qui avaient certainement posé les premiers jalons du royaume Numide et que Massinissa avait consolidé.
Confondre le début du calendrier berbère avec l’intronisation de Sheshonq est bien évidemment une imposture au service de l’idéologie berbériste. Même si l’on aurait commencé le début d’un hypothétique calendrier amazigh avec l’intronisation de Massinissa comme Roi de Numide, qu’en sera-t-il de Syphax, Roi des Amazighs de l’ouest de l’Etat qui deviendra l’Algérie plus de deux milles ans plus tard. Ne serait-il pas là ou se situe l’absurde par lequel vous m’affublez ! A suivre votre logique, chaque état dans le monde établira son propre calendrier en rapport à la date d’intronisation de son premier Roi ! Et comme ce n’est pas l’audace sans mesure qui vous manque, vous concluez que « c’est de cette manière que nos enfants puissent vivre en harmonie » ! J’estime cher compatriote, que votre manière de concevoir le vivre ensemble ne peut générer que désharmonie et schizophrénie aux conséquences imprévisibles.
Youcef Benzatat