Y. Benzatat

Abonné·e de Mediapart

112 Billets

0 Édition

Billet de blog 20 mars 2020

Y. Benzatat

Abonné·e de Mediapart

Algérie : Ie Covid-19, comme le FIS en 1992, une stratégie bien rodée !

Cette stratégie, mise en place par le pouvoir algérien en réponse au Covid-19, a déjà été rodée par le passé et s'apparente curieusement à celle mise en place en 1992 pour faire barrage à la demande du peuple de mettre fin à la dictature militaire, en instaurant un véritable état de droit, démocratique et social.

Y. Benzatat

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Le confinement total de la population pendant deux ou trois semaines suffirait pour circonscrire l’épidémie du Covid-19. Car, le confinement permet de stopper relativement sa propagation, notamment par l’identification pendant ce temps des individus contaminés et leur isolement pour traitement dans des structures médicalisées. Le prolongement du confinement par la fermeture des frontières, hermétiquement, permettra de prévenir de nouvelles contaminations à partir de l’étranger. Lorsque la pandémie sera maîtrisée à travers le monde, on pourra alors envisager un retour progressif à la normale.
Pendant ce temps, le pouvoir ne donne pas l’impression d’être préoccupé par l’aspect meurtrier de sa propagation, que l’on sait exponentielle, à part des effets d’annonce sans réelle conviction, qui présagent le pire dans les jours et les semaines à venir. Aucune contrainte significative n’a été imposée dans cet objectif. Les commerces et les marchés non alimentaires restent ouverts, les cafés et les restaurants n'ont été fermés que dans les grandes villes, pourtant se sont des facteurs de propagation par excellence. L’espace public demeure investi massivement. Même les prières collectives qui ont été interdites dans les mosquées continuent à se tenir autour du périmètre de celles-ci, sans que les forces de sécurité n’interviennent pour les en empêcher. La ville de Blida, en tant qu’épicentre de l’apparition du virus aurait dû être mise en quarantaine dès la révélation des premiers cas, pour contenir sa propagation.
Beaucoup parmi le peuple restent insensibles à l’aspect meurtrier du Covid-19. Ne respectant ni confinement, ni distanciation sociale. Déambulant inconsciemment dans l’espace public, dans les cafés, les restaurants et dans les marchés non alimentaires. Souvent par ignorance, mais aussi par nécessité. Car il s’agit de leur survie. Beaucoup trouvent leur pitance dans ces déambulations. En trouvant leur compte dans le marché parallèle ou en louant leur force de travail pour des tâches occasionnelles précaires. Mais aussi par dépit ou par défi contre le sort qui leur est réservé par un pouvoir illégitime, liberticide et corrompu, en contrariant volontairement ses consignes contre cette épidémie, du reste à peine audibles et sournoises.
Si le peuple a réussi à s’unir autour du Hirak pour affronter l’imposture du pouvoir qui menaçait le pays, il se doit aujourd’hui de s’unir encore une fois pour affronter cette épidémie meurtrière qui menace sa survie.
En luttant collectivement contre ce péril, le peuple aura encore une fois démontré qu’il ne peut compter que sur sa propre volonté pour assainir son vivre ensemble, tellement dévoyé par un pouvoir illégitime et corrompu, qui ne pense qu’a ses propres intérêts au détriment de l’intérêt général, encore une fois attesté par la gestion irresponsable de cette épidémie meurtrière. Du reste, perçue certainement comme une bénédiction de la nature, pour mettre fin au Hirak qui menace sa pérennité. Car, laisser couler la propagation du virus, sournoisement et avec le laxisme qui le caractérise et les conséquences tragiques que cela pourra produire sur la santé publique, pourra détourner la population des préoccupations politiques à court terme et affectera durablement sa mobilisation autour du Hirak. Cette stratégie, mise en place par le pouvoir en réponse au Covid-19, a déjà été rodée par le passé et s'apparente curieusement à celle mise en place en 1992 pour faire barrage à la demande du peuple de mettre fin à la dictature militaire, en instaurant un véritable état de droit, démocratique et social. Une stratégie qui a permis à la dictature d'être reconduite avec 200 000 morts et 20 000 disparus. Une hypothèse que tout le monde pense tout bas et très peu ont le courage de la déclamer publiquement pour les conséquences que cela peut engendrer sur leur intégrité, tellement cynique, crapuleuse et criminelle.
Désormais, il appartient aux militants les plus engagés dans les premières lignes de faire du Hirak une lutte à mort contre le coronavirus, par la sensibilisation intensive de la population au confinement total par tous les moyens à leur disposition.
Le Hirak aura certainement beaucoup d’autres affronts à accomplir, à chaque fois que le danger menacerait la survie du peuple, son unité ou l’intégrité de son territoire. C’est cela l’esprit du Hirak. C’est là aussi l’esprit de la démocratie et de la liberté, entendus comme une prise de conscience et de responsabilité collective sur le destin du peuple et sur celui de la Nation entière. C’est cela surtout la culture d’une Révolution populaire permanente qui se doit d’affronter tous les périls qui menaceraient le vivre ensemble dans l’égalité, la justice et la prospérité.
Youcef Benzatat

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.