C’est par un mépris effronté de l'opinion du peuple, exprimée depuis le soulèvement populaire du 22 février pour exiger la restitution intégrale de sa souveraineté, que la junte militaire aux commandes à la tête de l’Etat-Major s’acharne à déverser sa rhétorique cynique de reconduction de la dictature militaire, certainement pour préserver leurs biens mal acquis et perdurer dans leurs vendanges prédatrices, sans le moindre ménagement des principes de la morale politique ni même du sens de l’histoire.
Non, messieurs les Généraux, qui prenez en otage l’institution militaire, l’Etat des Algériens, notre présent, notre avenir et ceux des générations à venir, notre destin et notre histoire glorieuse, notre mémoire et le sens de notre existence, vous ne pouvez prétendre continuer à agir par le mensonge et la duperie, la répression judiciaire et la terreur des élites potentielles à s’opposer à vos ruses.
Non, messieurs les Généraux liberticides et corrompus, violents et dépourvu de toute morale de l’histoire et du sens des droits de l’homme, de la liberté et de la dignité d’un peuple pour qui vous n’éprouvez que jouissance à le voir avili, l’échine courbée.
Non, messieurs le Généraux, votre Président au visage de cire, dépourvu de tout charisme, ni sens de l’humanité, ployant sous le mensonge et le discours dicté, les yeux vagues, enfoncés dans leur orbite, ne sachant dans quelle direction orienter le regard, à la personnalité effacée, tel un épouvantail usé par les vents et les intempéries des cris et douleurs du peuple, ne peut pas être le Président des Algériens. Non messieurs les Généraux, votre épouvantail au visage de cire ne vous sert que de paravent pour préserver vos biens mal acquis et le peuple le sait trop bien pour croire en vos tartufferies.
Inutile, messieurs les Généraux, de soulever des nuages de poussière aveuglantes pour nous faire croire que vous êtes parti à la chasse des prédateurs qui ont pillé le pays par le passé, car les prédateurs que vous êtes sont plus nuisibles encore à la Patrie, à son état et ses institutions et les biens communs qui reviennent de droit au peuple meurtri et démuni.
Inutile, messieurs les Généraux de vous agiter dans l’ombre à nous concocter des plans de réforme tout azimuthe et de développement économique sous le signe d’effets d’annonce auxquels ni vous-mêmes ni le peuple n’y croyez.
Inutile surtout de vouloir nous effrayer par la main de l’étranger en ces moments où nos ennemis sont aux aguets à nos frontières, car le peuple est mieux disposé à leur résister sous le commandement de représentants choisis.
Remballer, messieurs les Généraux, la Constitution que vous êtes entrain de vouloir nous imposer par la coercition et le chantage envers nos élites et les médias libres sous peine de représailles sanglantes. Quant à la participation du peuple à votre référendum, nous savons que vous n’en avez cure. L’abstention ou la participation pour vous n’a aucun sens à part celui de l’accomplissement de sa formalité pour valider sa légalité symbolique. C’était ainsi depuis notre émancipation de l’emprise coloniale où chaque nouveau clan ayant pris le dessus sur les autres clans aux commandes de l’institution militaire s’est doté de sa propre Constitution adoptée par la contrainte et la coercition sans réelle consultation du suffrage universel.
Non, messieurs les Généraux, nous ne croyons plus en votre bonne foi. Le peuple, à travers son soulèvement du 22 février 2019, vous a répudié à jamais, sans possibilité de rachat. Vous êtes désormais considérés comme la cause de ses sous développements dans tous les domaines et la source de son désarroi et ses malheurs. Il vous demande avec lucidité et esprit patriotique de lui restituer son état, son armée et de retourner à vos casernes, pour obéir à un ministre de la défense d’un gouvernement élu souverainement par le peuple et de vous soumettre à sa justice indépendante, pour rendre compte des biens que vous avez mal acquis durant le long règne de confiscation du contrôle du peuple sur vos actes prédateurs contre les biens communs.
Non Messieurs les Généraux, votre cynisme comme rhétorique du passage en force pour la reconduction indéfinie de la dictature ne peut plus durer, il vous faudra passer avec vos chars sur le corps du peuple révolté et indigné lors des manifestations de sa colère à venir.
Le peuple est dans la rue, messieurs les Généraux, et ce n’est pas pour la pitance comme vous le croyez. Le peuple est résolu à obtenir sa liberté et réhabiliter sa dignité quel qu’en soit le prix à payer. Rendez-vous les prochains vendredi et mardi qui resterons des dates hautement symboliques pour la lutte du peuple algérien pour son émancipation de la servitude et de l’avilissement de la dictature.
Par Youcef Benzatat