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Billet de blog 31 mars 2020

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Algérie : Le hirak à l’heure du Coronavirus

On ne rationalise pas les barrières collectives, pour voir ressurgir de nouveau, précocement, un hirak menaçant, qui mettrait en péril la pérennité des acquis lucratifs.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Harraga et Coronavirus

Par suite de leur retraite fortuite, les hommes sont terrassés dans leurs gîtes. Plus de mercenaires cupides portant dans leurs valises les scellés des convoitises. Gelées les consignes de commun accord admises et le transfert frauduleux de richesses en devises. Les avions plombés dans les hangars et les banques veillant sur les fonds de tiroirs. Plus de conciliabules belliqueux pour tracer les frontières des indus sur terre et tasser des cadavres utiles pour dessiner les alliances à venir. Les Etats-Majors, acculés à veiller sur leurs réduits, délaissent les autres fronts, en attendant, et se retournent désormais contre leurs ennemis intimes, qui menacent de tout piller et ravager dans leur détresse les certitudes de civilités orgueilleuses. Le Covid les menaçant tous, chacun pour soi et Dieu pour tous. Plus de harraga pour venir dégrader les métropoles paisibles et les trottoirs salubres. Le Covid a fait le vide, muré les traîtres accès et cloué les embarcations assassines. Plus de cadavres rejetés par les mers, qui fond déchirer les cœurs à tant de mères.

Le hirak à l’heure du Coronavirus

Plus de hirak ni forces répressives actives. L’ennemi commun a pris d’assaut les rues et les places publiques, où domine un sauve qui peut traumatique. Les hostilités directes sont suspendues à la férocité du virus. La laideur de la vie commune peut reprendre ses vices. On ne bastonne pas la cohue pour les pulsions intestines. Il ne s’agit pas de revendiquer un droit, ni contester des légitimités objectives. La semoule occupe le ventre et attire les esprits sans vertus subversives. On n’organise pas sa distribution pour neutraliser tout risque de contaminations massives. On ne rationalise pas les barrières collectives, pour voir ressurgir de nouveau, précocement, un hirak menaçant, qui mettrait en péril la pérennité des acquis lucratifs.

Coronavirus et immunité divine

Coronavirus oblige, on ne prie plus en fidèles oisifs, entassés dans des mosquées poussives, pour combler à longueurs de journées le temps de la paresse perdu dans l’excès de sagesse. On se confine par blocus avec concubine et progéniture, les jours relayant les nuits et les nuits se perdre en conjectures. On se console comme on peut. Le coronavirus serait une vengeance de Dieu, qui est venue châtier les infidèles, leur causant des milliers de morts malgré leur science adultère. Se croyant protégés par l’immunité divine, on se permet de se mêler à la cohue le temps d’un sac de semoule. Surpris par l’abandon de leur Seigneur, le Covid les rattrapa sans discernement, par étouffement maladif, et leurs prières de muer en obsessions impulsives, inutiles et improductives.

Coronavirus et nature

Par suite de leur retraite fortuite, les hommes laissent place peu à peu à la vie de reprendre ses droits sur la nature. Les polluants intempestifs de leurs machines ont cessé de blesser les arbres et les jardins publics. L’arrêt d’émission de leurs gaz toxiques ont fait revenir le chant des oiseaux dans les airs purifiés au-dessus des toits des maisons encastrées. La dissipation du vacarme des villes a rendu la sérénité aux fous confinés dans leur solitude.

Youcef Benzatat

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.