Sarkozy, Erdogan, Al-Thani du Qatar, se sont impliqués et activés dans la recherche d’une issue à la guerre de Gaza alors qu’ils sont loin d’être les plus attendus, les plus concernés ou les plus influents sur le terrain. Au Proche-Orient, les volontaristes et les activistes de la diplomatie marquent des points comblant le vide ou la mollesse des médiateurs logiques d’un tel conflit : Ligue arabe, ONU, UE, USA, etc… Chamailleries au Conseil de sécurité
« Mais où sont les Arabes ??? !!! » hurlait une Palestinienne de Gaza éplorée sur l’écran d’Al-Jazira, relayant l’appel désespéré de millions de Palestiniens et d’Arabes. « A quoi sert l’ONU ? », la question récurrente est de nouveau posée quand depuis 3 jours ministres et ambassadeurs du monde entier se réunissent au Conseil de Sécurité à New York sans s’entendre sur une formule pour stopper le bain de sang à Gaza. Pas même une déclaration n’avait pu être adoptée, quelques jours auparavant par le même Conseil de Sécurité, bloqué par le veto d’un Président Bush qui jusqu’aux derniers jours de son mandat refusait toute condamnation d’Israël.
Les « appels » inutiles
Si l’impuissance navrante des organisations et des institutions régionales et internationales dédiées à la résolution des conflits dans le monde n’a pas surpris, la passivité complice des puissances en mesure d’influer sur les événements a encore plus choqué. Les « appels » à l’arrêt des combats, des saoudiens, britannique et autres arabes ou européens se sont multipliés comme autant de lamentations ridicules.L’Egypte poussée par Sarkozy
Aussi irritante qu’épatante, l’agitation de Sarkozy a réussi à réveiller l’Egypte, acteur incontournable pour toute solution au conflit, mais aussi paniquée que discréditée depuis le déclenchement de la guerre. Transformant un voyage prévu au Liban et en Syrie en mission d’urgence pour Gaza, le Président français a mis à profit ses nouvelles relations avec Bachar El-Assad capable d’influer sur le Hamas, la sympathie dont il jouit en Israël et ses rapports privilégiés avec le Liban, le Qatar et d’autres dans la région. Avec pour devise « qui ne tente rien n’a rien », il est allé précipiter l’amorce d’une sortie de crise avec un plan désormais « franco-égyptien » actuellement en négociation. La Turquie, nouvelle puissance diplomatique régionalePour accroitre les chances de son initiative, Sarkozy a coordonné ses efforts avec la Turquie, dont le premier ministre Erdogan s’est précipité au Caire pour mettre en garde contre « les dangers de l’inertie » et presser la recherche d’une solution. Seul pays à entretenir de bonnes relations avec le Hamas et avec Israël, la Turquie a aussi l’avantage d’être le médiateur de la négociation indirecte en cours depuis plusieurs mois entre Syriens et israéliens et son premier ministre jouit d’une popularité grandissante auprès de l’opinion arabe.
Les grandes médiations du petit Qatar,
L’un des premiers à envoyer une aide humanitaire pour Gaza, au déclenchement de l’offensive israélienne, le Qatar s’est montré plus actif et présent que les grands pays arabes. Etre le plus petit d’entre eux ne l’empêche pas de tenter les médiations les plus difficiles, comme pour l’accord entre les Libanais au printemps dernier, qui a permis une sortie de crise et l’élection d’un nouveau président de la République.
L’atout de parler avec toutes les parties Si le volontarisme est la première qualité pour s’imposer comme médiateur, il faut aussi pouvoir parler à toutes les parties impliquées ou concernées dans le conflit, y compris ceux considérés comme infréquentables le Hamas en l’occurrence. Beaucoup d’autres pays, occidentaux notamment, se sont trouvés privés de possibilité d’intervention en rejetant tout dialogue avec le mouvement qui contrôle Gaza. L’équipe de transition d’Obama a déjà laissé entendre, selon le quotidien londonien The Guardian qu’elle s’apprête à établir des contacts avec la direction de Hamas.