« Il ne s’agit pas de terrorisme mais de banditisme » s’est dépêché de « rassurer » un porte-parole égyptien, une fois révélé l’enlèvement d’une dizaine de touristes européens dans le Sud du pays, près de la frontière soudanaise. Le soulagement tout relatif des autorités égyptiennes est compréhensible quand on se souvient des nombreuses attaques terroristes meurtrières dans le passé récent contre des touristes en Egypte. Cette fois au moins les vacanciers sont vivants et leurs kidnappeurs ne demandent que de l’argent.
Cette agression d’un genre nouveau soulève toutefois une série d’interrogations sur les risques et périls du tourisme non conventionnel, de plus en plus prisé par des occidentaux en quête d’aventure ou d’émotions nouvelles. Ne pas bronzer idiot peut coûter cher, même si, contrairement au couple de plaisanciers enlevés par des pirates au large de la Somalie il y a une dizaine de jours, ou à la famille française tuée par des touristes dans le désert mauritanien à Noël dernier, le groupe d’amateurs de désert, partis dans le décor du « Patient anglais » était bien encadré par deux guides, quatre chauffeurs et deux autres accompagnateurs égyptiens.
On croit revenir à l’époque des bandits des grands chemins qui attaquent les caravanes pour détrousser des voyageurs fortunés. Dans la version moderne, il s’agit de Bédouins qui tombent, à 500 kilomètres de toute zone habitée, sur une procession de 4X4 et qui prennent en otage les passagers infortunés pour réclamer une rançon aux pays riches dont ils sont ressortissants.
« Bravo les Bédouins ! »Contraste entre deux mondes et petit choc de civilisation entre des occidentaux en quête de découverte et d’aventure et des populations démunies qui ne peuvent comprendre le sens des vacances et qui se jettent sur ces proies faciles et gâtées par la vie.
Les réactions des internautes sur certains sites d’information arabes à cet enlèvement sont pleines d’enseignements. On trouve évidemment des Egyptiens désolés qui condamnent les bandits et s’inquiètent des conséquences de leur méfait sur le tourisme dans leur pays, source essentielle de revenus et d’emplois. Mais on rencontre aussi des réactions d’incompréhension à l’égard de ces Européens imprudents, partis se perdre dans des déserts peu fréquentables, voire même une expression d’encouragement « Bravo les Bédouins ! » pour l’exploit d’avoir capturé ces touristes riches.
Faut-il pour autant renoncer aux séjours non organisés et aux circuits découverte pour se retrouver dans des clubs vacances qui même au bout du monde, ne font pas voyager ? Comme les dizaines de touristes australiens tués par des attentats suicide à Bali en 2002 ne peuvent plus le dire, tout le monde voyage à ses risques et périls, mais ils sont si rares après tout !