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Billet de blog 2 juin 2025

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« JE NE REGARDE PAS NETFLIX, J’AI L’IPTV » - Par Yades Hesse

Le député LFI Sébastien Delogu revendique l’usage d’un boîtier IPTV illégal au nom de la lutte contre le capitalisme. Derrière ce geste, une imposture : il ne dénonce pas un système, il profite d’un autre. Ce texte démonte la fausse radicalité, le vrai confort, et l’usage manipulateur du vocabulaire militant pour justifier un parasitisme numérique.

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Quand un député s’enorgueillit de frauder la loi en direct sur Twitch

 Le 26 mars, en stream avec Raphaël Arnault, le député LFI Sébastien Delogu a reconnu utiliser l’IPTV — un système illégal de piratage des chaînes télé — pour ne pas « payer des gens qui s’en foutent plein les poches ».

 « Moi, ce qui m’intéresse, c’est la gratuité. »

 Entre deux rires, il avoue tranquillement enfreindre la loi, au nom d’un rejet de l’économie des plateformes.

 Le piratage, ce n’est pas révolutionnaire. C’est juste commode.

Selon Sébastien Delogu, payer pour un service, c’est nourrir le capitalisme.
Et le piratage, c’est de la « résistance ».

 Faux. Ce discours est un piège intellectuel. Et surtout, une incohérence totale.

 Ce type de discours détourne un lexique de lutte — « résistance », « système », « exploitation » — pour maquiller une pratique de confort. Il ne vise pas à abolir une injustice : il cherche à se justifier dans l’entre-soi des convaincus.

 L’élu qui s’autorise tout, au nom du peuple

 Pourquoi ne détourne-t-il pas l’eau ? L’électricité ? L’essence ? Pourquoi pas l’impôt, tant qu’on y est ?

 Il se dit contre Netflix… mais utilise un boîtier pirate pour accéder à des contenus payants qu’il prétend mépriser.

C’est le comble de la contradiction.

Ce n’est ni un acte politique, ni une posture courageuse.
C’est du confort personnel déguisé en radicalité.

 Et le plus grave, c’est que ce discours vient d’un député — c’est-à-dire d’un homme chargé de faire la loi. En se vantant de la contourner, il mine la fonction même qu’il incarne.

 Le peuple paye. Le tribun s’en vante.

Suivre ce type de « personnalité » politique, c’est risquer la prison pendant que lui vise le Sénat.

 Le citoyen qui pirate ? Il risque des sanctions.
Le député qui s’en vante ? Il gagne des followers.

Le peuple prend les coups. Le tribun prend les likes.

Payer, ce n’est pas capituler. C’est reconnaître une chaîne de travail et de valeur.

Le problème n’est pas la critique du système, elle est même nécessaire.

 Le scandale, c’est de le faire en contournant les lois, en méprisant les règles communes, et en poussant les autres dans l’illégalité, tout en sachant pertinemment qu’on n’en paiera jamais le prix.

 La démocratie, ce n’est pas « tout gratuit ».
C’est le droit de choisir ce que l’on paie, et pourquoi.

 Spotify, Adobe, Netflix, un jeu vidéo ou une formation professionnelle… Ce ne sont pas des ennemis. Ce sont des produits issus d’un travail, d’un talent, d’une chaîne de création collective.

 Payer pour cela, ce n’est pas nourrir un système injuste. C’est reconnaître une valeur.

 Qu’on critique les monopoles ou les prix, soit. Mais il faut distinguer : critiquer un modèle marchand n’autorise pas à exploiter un modèle illégal qui ne redistribue rien. Le piratage par IPTV ne libère personne : il capte sans rien reconstruire.

 Parasiter n’est pas s’engager

 Tout ce qui est illégal n’est pas politique.
Parfois, c’est juste du parasitisme maquillé en engagement.

 Et ce qui est encore plus grave, c’est l’imposture.

 Sébastien Delogu est l’un de ceux qui valorise, en apparence, la « valeur travail ».

Mais dans les faits, il promeut le vol de compétences et de savoir-faire — à travers un acte à la fois égotiste et profondément manipulateur.

Il ne remet pas en cause un système injuste.
Il profite d’un système illégal qui exploite le travail d’autres — ingénieurs, artistes, techniciens, créateurs — sans les rémunérer.

Et il ose appeler ça de « l’honnêteté ».

L’imposture ne réside pas seulement dans l’acte, mais dans la fonction.
Quand un élu détourne la parole politique pour valider une transgression individuelle, il ne parle plus au nom d’un projet collectif : il instrumentalise son mandat pour gagner en influence.
C’est une forme de pouvoir sans devoir.

Le comble de la malhonnêteté intellectuelle

On a dit : la propriété, c’est du vol.
Mais ici, c’est l’inverse : il vole la propriété intellectuelle d’autrui — non pas pour la redistribuer, dignement, collectivement, démocratiquement — mais pour son confort personnel, son image, son buzz.

Il n’exproprie pas au nom du peuple.
Il s’approprie au nom de lui-même.

 C’est donc bien une imposture, puissance au carré :

Il se pare des habits du révolutionnaire
Pour servir un intérêt purement individuel, sans aucun projet de transformation collective.

 À fuir.

Yades Hesse - 2025

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