Yaku (avatar)

Yaku

Tente de survivre

Abonné·e de Mediapart

1 Billets

0 Édition

Billet de blog 18 novembre 2025

Yaku (avatar)

Yaku

Tente de survivre

Abonné·e de Mediapart

Je veux vivre mais je dérange

Yaku (avatar)

Yaku

Tente de survivre

Abonné·e de Mediapart

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Depuis sept ans j’ai entamé une transition en tant que jeune homme trans,

Aujourd'hui j’ai 23 ans, j’ai changé de prénom pour que le changement de genre à l'État-Civil puisse avoir lieu sans que le tribunal ne me convoque.

Malgré les différents témoignages de mon entourage professionnel et amical, le tribunal a émis un avis réservé car il n’y avait pas de témoignage familiale dans mon dossier. La famille du côté de ma mère est de droite, je ne les vois pas. La famille du côté de mon père est petite et je ne les côtoyais pas au moment du dépôt du dossier. Au début de mon coming out, mes parents ont eu une réaction qui à enclenché chez moi un trouble anxieux contre lequel je me bat encore aujourd’hui. Aujourd’hui ils me soutiennent mais je refuse de donner leur témoignage. Je suis majeur, je ne veux pas qu’ils entrent dans cette intimité.

Pour contester l’avis réservé absurde du tribunal je récoltais petit à petit plein de témoignages d’un maximum de personnes (limite des inconnus) sauf de ma famille, je voulais que les personnes qui traitent mon dossier aient à lire un roman pour qu’elles comprennent l’absurdité de cette demande.Depuis, j’ai été convoqué le 06 janvier pour comparaître au tribunal.

C’est du grand n’importe quoi en quelle qualité peuvent-ils déterminer mon identité de genre ? Ils n’ont pas le droit de demander la preuve d’un traitement hormonal ni de demander un avis psy alors sur quoi les juges se basent ?

Suite à mes premiers coming out j’ai développé un trouble anxieux sévère. Durant ces dernières années ça a provoqué des troubles alimentaires (pendant que j’étais en troisième année de licence je n’arrivais plus à me nourrir), je n’arrivais plus à marcher sans avoir de crise d’angoisse. Tout ce qui me faisait plaisir avant passait désormais par l’anxiété dont le fait d’entreprendre des démarches administratives aussi longues pour défendre mon identité. Ma vie était une crise d’angoisse. 
Plus tard j’ai été à la MGEN et j’ai eu un traitement pour pouvoir vivre avec ce trouble. Depuis une année j’ai repris le combat pour assumer mon identité même si il avait clairement débuté depuis le lycée administrativement. Cet été je suis arrivé à un point de non retour. Grâce à mon traitement pour l’anxiété j’ai pu reprendre un train de vie qui paraît si facile pour d'autres personnes. Se lever le matin, manger, pouvoir marcher, pouvoir se faire plaisir. Mais cela me demande tellement d’effort et cette souffrance n’est plus supportable. J’ai décidé d'adopter un chien pour m’aider dans mes tâches quotidiennes (j’ai été suspecté mais pas diagnostiqué comme ayant des traits faisant partie des TSA).

A mon travail j’ai rencontré des ami.e.s et une routine qui m’aidait à vivre. Mon employeur après avoir d’abord accepté la présence de ma chienne l’a ensuite refusé. J’ai donc été obligé de poser un arrêt maladie parce que je ne peux pas continuer à vivre comme je le fais actuellement. Avant d’adopter ma chiennes, pendant mes pauses au travail, j’attendais de pouvoir me planter des trombones dans la peau pour calmer mon anxiété, ma colère et ma tristesse. 

Déjà que vivre est pénible mais alors savoir qu’on doit défendre son identité devant trois inconnus qui n’ont aucune qualification pour juger notre identité c’est révoltant. Actuellement j’ai des papiers à mon prénom et pas à la bonne mention de genre. Au début je pensais pouvoir passer outre mais là c’est trop. A chaque fois que je reçois un courrier avec le mauvais genre j’ai envie de me mettre une balle et en générale je fais une crise d’angoisse qui m’oblige à prendre des anxiolytiques. C’est pire quand je dois expliquer ma situation à mes supérieurs, une situation intime qui m’expose à de la transphobie.

Depuis que j’ai reçu le courrier du tribunal, je pleure tous les soirs seul chez moi. Je trouve cette phrase plutôt déprimante et je suis en colère. Tous les matins je me réveille en colère. Et heureusement que je suis en colère parce que ça me tient en vie. J'attends l’audience avec impatience parce que je compte ne donner aucune information supplémentaire aux juges, je serais là uniquement pour être en colère devant elleux.

Tout le monde trouve ça normal. Je passe devant un juge. Dans quel monde ils ont le pouvoir de décider qui je suis.

Peut être que ce témoignage est banal et c’est malheureux mais aujourd'hui je suis en colère et je ne sais pas quoi faire de cette colère et mes proches non plus. Je me sens seul, triste et révolté. Je ne peux même plus aller au travail. Je filme mes colères, et je témoigne aussi ici pour pouvoir les diriger vers quelque chose d’autre que moi mais je sens que le vent tourne et je ne laisserai pas une décision de merde m’auto détruire alors que c’est clairment le système légale qui doit être impacté pas moi.

J’en ai marre et le droit doit changer. Après on s’ettonne du taux de suicide chez les jeunes adultes, trans et autiste.

Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.