Nous n'en demandions pas tant.
Les deux précédents billets publiés sur ce blog tournaient (gentiment, très) en dérision sur un mode pamphlétaire (poli, à l'extrême) les prises de position grotesquement outrancières et tordues du fascinant Eric Fassin telles qu'exprimées - notamment - dans son inoubliable appel "contre la pénalisation du harcèlement de rue", où, rappelons-le brièvement, il dénonçait la pénalisation du harcèlement de rue au prétexte qu'elle concernerait en premier lieu des jeunes gens racisés, paupérisés, assignés etc...Autrement dit : traiter une femme croisée dans la rue de "sale grosse pute" ne saurait être passible de poursuites judiciaires dans la mesure où les proférateurs de ce type d'insultes SERAIENT (car Eric Fassin a des chiffres, il a fait des études très poussées sur la question) ) majoritairement issus des "quartiers populaires" et de l'immigration.
Par extension, on appliquait ici ces considérations aux derniers cas bruyamment recensés de racisme de rue impliquant malencontreusement deux jeunes gens issus de l'immigration maghrébine ayant traité avec une virulence que l'on pourrait qualifier de "certaine" des femmes noires de "sale négresse" (et accessoirement d'esclave, de bonne à tuer etc...). La question que nous posions en filigrane était la suivante : suivant Eric Fassin, un rapport de domination de type colonial / raciste doit-il être sanctionné sur un plan judiciaire dès lors qu'il ne serait pas exercé par une personne jouissant du funeste "privilège blanc"?
Et voilà que par un extraordinaire hasard l'introducteur français des "gender studies" vient spontanément nous éclairer de ses lumières non-genrées et décoloniales.
https://blogs.mediapart.fr/eric-fassin/blog/090621/qu-est-ce-que-le-racisme-la-definition-en-proces
Ainsi donc, le racisme aujourd'hui, selon les études fassinologiques les plus récentes, c'est le racisme systémique, le racisme d'Etat, le racisme INSTITUTIONNEL.
Le racisme serait le produit de la société blanche. Point barre.
Dans son analyse des cas d'insultes racistes proférées par des "racisé-e-s" envers d'autres "racisé-e-s" Fassin prend bien de choisir ses exemples, tels que "nègre de maison" ou "arabe de service" (proférée par Taha Bouhafs envers Linda Kebbab) qui n'essentialisent pas leur objet (et nous sommes plutôt d'accord sur ce point, de même lorsqu'il critique la notion de racisme anti-blanc ou d'islamo-gauchisme), mais il se garde bien de poser tout simplement l'hypothèse d'un arabe qui traiterait un noir de sale nègre. Et pour cause : ça remettrait douloureusement en question sa définition du racisme soi-disant systémique, d'Etat etc... Mais la ficelle est trop visible et les sabots trop gros et ferrés. Car la vérité est autre.
IL Y A DES RACISTES PARTOUT.
LE RACISME N'EST PAS LE PUR PRODUIT D'UN SYSTEME DE DOMINATION BLANC ET MASCULIN.
LE RACISME EST IMANNENT A LA CONDITION HUMAINE.
Et il doit être combattu comme tel.