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Billet de blog 21 janvier 2020

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Frédéric Lordon : premier fairepeuriste de France ?

Il y a des gens qui ont pour projet de construire la terreur politique. On les appelle des terroristes. Il y en a de plus modestes qui se proposent de "construire la peur" politique. On les appelle des fairepeuristes. Frédéric Lordon est le premier d'entre eux.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Tout le monde ici se souvient avec émotion de la célèbre harangue du philosophe radical du cnrs lors des nuits debout en Avril 2016 : 

"Il faut leur faire peur !!!". 

Faire peur à qui à quoi ? et surtout comment ? ce n'était pas très clair, mais l'idée était là, centrale, fondatrice, structurante. 

Le "fairepeurisme" était né.

Et la légende de Freddy, alias "les griffes de la nuit (debout)" avec lui.

Une action fairepeuriste spectaculaire fut du reste immédiatement décidée, planifiée et exécutée : boire l'apéro.

Chez Valls.

Malheureusement, l'apéro avait déjà été bu et rebu depuis longtemps, et comme pour les troupes du général Alcazar, il aurait fallu que les participants fussent à jeûn pour que l'opération rencontrât le succès (et cela signifiait organiser le commando pré-prandial avant 10 heures du matin, ce qui n'avait plus grand sens, il faut bien le dire) .

Mais ces péripéties n'étaient fort heureusement pas de nature à décourager l'illustre empuissantiseur (ou empuissantisateur peut-être , le concept est nouveau) d'affects spinoziste.

Faire peur, il y tient.

Et il a raison.

C'est très malin.

Car l'intérêt du fairepeurisme, c'est qu'il est sans danger, qu'il ne constitue pas un délit pénal, et qu'il n'existe aucun parquet anti-fairepeuriste, pas plus que de section anti-fairepeuriste de la police nationale. La peur a beau être une spécialité typiquement française, personne n'a encore songé à l'encadrer en termes juridiques. Même Nicolas Sarkozy n'aurait pas osé (il a pourtant tendance à tout oser, c'est même à ça qu'on le reconnaît).

Alors, pourquoi se priver?

C'est ainsi que Frédéric Lordon réitérera son appel à "construire politiquement la peur" dans un numéro spécial d'"arrêt sur images" du 21 octobre dernier, en précisant cette fois qu'il fallait désormais faire peur, certes, mais "massivement".

Hé oui, pourquoi changer une formule qui perd ? 

Il y a des gens qui construisent des maisons en béton ou des cathédrales avec des allumettes, Frédéric Lordon a choisi, lui, de construire de la peur politique. 

 Avec des allumettes.

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