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Billet de blog 19 juin 2012

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Coton OGM chinois : crève, salopard de puceron!

La revue scientifique Nature vient de publier ce 14 juin un papier intéressant, dont la diffusion n'aura pourtant sans doute pas l'ampleur de celle de tous les hoax anti-OGM habituels qui façonnent les esprits sur cette question. D'où ce petit billet de blog, pour apporter ma pierre à la diffusion de l'information... (au cas où personne sur Médiapart ne le ferait, et notamment les gens qui animent la très anti-OGM édition  sur les OGM).

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La revue scientifique Nature vient de publier ce 14 juin un papier intéressant, dont la diffusion n'aura pourtant sans doute pas l'ampleur de celle de tous les hoax anti-OGM habituels qui façonnent les esprits sur cette question. D'où ce petit billet de blog, pour apporter ma pierre à la diffusion de l'information... (au cas où personne sur Médiapart ne le ferait, et notamment les gens qui animent la très anti-OGM édition  sur les OGM).

Voici la présentation de cette étude faite sur son blog par l'excellent Sylvestre Huet, principal journaliste scientifique du quotidien Libération. :

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2012/06/le-coton-bt-transg%C3%A9nique-serait-%C3%A9cologique.html

Nous avons donc là une étude menée à très large échelle, publiée dans une des plus prestigieuses revues scientifiques, et dont les conclusions contredisent point par point pas mal de bobards propagés par les militants anti-OGM.

Pour aller vite, le papier montre que, loin de souffrir de l'introduction du coton Bt [qui produit une certaine toxine insecticide], des espèces non cibles comme la coccinelle ont vu leur population s'accroître fortement plutôt que de se réduire. Ce qui est une très mauvaise nouvelle pour les pucerons, dont la coccinelle est le principal prédateur.

Or, tout  ce qui est mauvais pour le puceron est bon pour l'homme, et là je le dis sans hésiter : 

« bien fait pour ta sale gueule, sale puceron de merde ».

A ceux qui s'étonneraient de ce subit accès de haine  spéciste anti-pucerons, je répondrais en postant ci-dessous trois photos de mon cerisier prises tout à l'heure, mon pauvre cerisier qui a été entièrement ravagé par ces bestioles immondes. Et c'est bien dommage, car sur la base d'une belle floraison plutôt  convaincante, je m'apprêtais à déguster de belles cerises non traitées 150% bio. Voici donc le résultat du non-traitement 150% bio :

Les plus observateurs des lecteurs de ce billet  auront remarqué sur les photos la présence de deux autres bestioles gambadant sur les feuilles de ce qui fut un vaillant cerisier plein de promesses  :

  • des saloperies de connes de fourmis, qui non seulement te grimpent dessus et après ça gratte quand tu tapes le sieston dans le pré d'à côté, mais qui en plus ont développé la sale habitude de faire leur miel de ces maudits pucerons. Au sens propre, d'ailleurs, puisque les fourmis kiffent une sorte de miel produit par les pucerons et qu'elles procèdent donc à un véritable élevage de pucerons sur les feuilles de plein de trucs pas faits pour ça, dont mon cerisier

  • la coccinelle, qui elle est venue là pour se remplir plus directement la panse en bouffant les pucerons comme moi je dévore les yaourts Mamie Nova (c'est la base de leur alimentation, donc)

Je précise que, sur la photo, cette coccinelle, pour autant que je ne me plante pas - vous ai-je déjà raconté la fois où je suis revenu surexcité à la maison après avoir cru identifier une loutre là où il n'y avait qu'un banal ragondin ? -,  est une du genre bien de chez nous [je dis ça pour faire plaisir à Montebourg, qui veut démondialiser], une vraie coccinelle autochtone du type « bête à bon Dieu label 100% France fille aînée de l'Eglise », et non pas une de ces vilaines coccinelles asiatiques qui nous envahissent au même rythme que tous ces produits chinois contre lesquels notre Ministre du Redressement Industriel appelle à mettre en place de salutaires barrières protectionnistes. Je le précise ici parce que, au nom de la « lutte biologique » contre les pucerons, la coccinelle asiatique, plus vorace que sa cousine franchouillarde, a été introduite exprès dans notre bel Hexagone. Je vous jure que c'est vrai. Et ça a beau être de la lutte « biologique », ça a sans doute été une connerie, puisque la coccinelle asiatique a pullulé au point d'être considérée aujourd'hui comme invasive et de menacer notre coccinelle locale en lui piquant sa niche écologique [comme le dit si bien Montebourg. : on ne soulignera jamais assez à quel point la concurrence chinoise est déloyale...].

Tout ça pour dire que, selon les cas, c'est peut-être mieux de mettre des OGM que de faire dans la « lutte biologique »... comme le démontre l'étude qui était la raison originelle de ce billet de blog, avant que ces racailles de pucerons, en plus de tous leurs autres méfaits, ne m'obligent à digresser.

La présentation qu'en fait Sylvestre Huet est intéressante, et aide à comprendre comment il faut aborder ce genre de sujets, en raisonnant à l'opposé de ce que font les anti-OGM. Il ne s'agit pas d'être pour ou contre une variété parce qu'elle est OGM – alors que les anti-OGM eux ne veulent pas des OGM précisément parce que ce sont des OGM -, il s'agit plutôt de concevoir la transgenèse comme un mode de sélection variétale particulièrement performant dont il serait idiot de se passer, pour ensuite considérer chaque variété au cas par cas, comme pouvant être intéressante – ou pas – selon les espaces considérés. C'est ce que dit très bien un des auteurs de l'étude, interviewé par Huet :

« Le paysage agricole Chinois est très différent de celui des pays d’Amérique du Nord et d'Europe (pour lesquels, en effet, il est crucial de conserver une proportion de culture non-Bt pour éviter le développement de résistances dans les ravageurs ciblés). En Chine, nous avons un très grand nombre de petits agriculteurs avec de très nombreux petits champs de cultures diverses. Ainsi, les champs de coton Bt sont "englobés" dans un paysage agricole où il y a de nombreuses autres cultures: soja, maïs, arachides, légumes divers, etc... Or, le ravageur ciblé par le Bt (Helicoverpa armigera) se développe aussi sur toutes ces cultures qui sont, elles, toutes non-transgeniques (non Bt). Ainsi, l'ensemble de ces cultures sert de zones refuges et empêchent la sélection de résistance au Bt dans les populations d'Helicoverpa armigera (ces cultures jouent le rôle de "coton non-Bt"). »

Bref, ce n'est pas parce que tel OGM [comme ici une plante Bt] est une bonne idée que tel autre [comme par exemple une plante RR, c'est à dire résistante au Round Up] en est forcément une autre. Et ce n'est pas parce que tel OGM marche très bien à tel endroit qu'il est forcément adapté à tel autre endroit. Les mesures de précaution, comme ici pour une plante Bt le maintien de zones refuges ralentissant l'apparition d'insectes résistant à la toxine, semblent indispensables, et leur non respect est sans doute à l'origine de déboires localisées tels que le développement plus ou moins rapide de résistances de ce type.

[Juste une toute petite digression encore, à l'attention des écolos qui mettent précisément cet argument en avant, sur le mode : 

« mais de toutes façons, tôt ou tard, des résistances apparaîtront, et le remède aura au final été pire que le mal, puisqu'il faudra affronter des insectes super résistants ». Cet argument mille fois asséné est idiot : ce phénomène darwinien de sélection naturelle des plus résistants opère dans le cas de l'utilisation d'OGM.... mais aussi de n'importe quel pesticide, qu'il soit de synthèse ou naturel, peu importe.

Prenons encore une fois l'exemple du puceron, et de la préconisation écolo de le combattre via l'aspersion de purin d'orties.

Bon, je ne sais pas quelle est l'efficacité exacte du purin d'orties pour lutter contre les pucerons, mais je me méfie par principe de tous les remèdes miracles complètement « naturels » qui n'ont fait l'objet d'aucune évaluation scientifique. Il n'est pas impossible que, écœuré comme tout un chacun par l'immonde odeur du purin d'ortie – car c'est la seule chose dont je sois certain à propos du purin d'orties : ses effluves filent grave la gerbe -, les pucerons et/ou les fourmis qui les élèvent décident d'aller plutôt voir ailleurs si l'air y est plus respirable. Et on les comprend.... Mais au nom de quel exception à la règle darwinienne l'utilisation généralisée de purin d'orties ne sélectionnerait pas en face des pucerons qui y résisteraient ? Le simple fait qu'un tel phénomène n'ait jamais été signalé me laisse plus que sceptique vis à vis de la rigueur de l'évaluation au pifomètre de l'efficacité du dit purin par les jardiniers bio....

Fin de la digression – chacun auront compris que la responsabilité de l'existence de celle-ci repose encore une fois entièrement sur les épaules dégueulasses de cette ordure de puceron, dont il aura une fois de plus été question ici]

Bref, allez-y, lisez le papier de Sylvestre Huet, et réfléchissez à ces implications. Les anti-OGM qui sont encore accessibles au doute – s'il y en a – devraient y trouver matière à réflexion et à profonde remise en cause....

Tant qu'on y est, on peut signaler aussi ce nouvel OGM qui vient semble-t-il d'être mis au point en Angleterre :

http://www.terre-net.fr/observatoire-technique-culturale/appros-phytosanitaire/article/un-ble-qui-repousse-les-pucerons-et-attire-les-coccinelles-216-80612.html

Il s'agit d'une variété de blé qui par la production d'une certaine phéromone attire les coccinelles et dégoûte les pucerons (genre un double effet Kiss Cool qui anéantit ces aphides rebuts de la Créations et  bouffeurs de feuilles de cerisier, qu'Allah ne les prenne jamais en pitié et leur inflige mille tourments supplémentaires !)

Maintenant reste à savoir si les cousins britanniques de nos valeureux Vandales Volontaires vont faire comme ceux-ci à Colmar avec les vignes OGM de l'INRA, c'est à dire  tout péter au nom de leurs croyances imbéciles, ou si les chercheurs vont pouvoir continuer à bosser.
Pour les anglophones, voici en tous cas une vidéo dans laquelle ces chercheurs [c'est le même institut, je sais pas si c'est la même équipe] essayaient le mois dernier de convaincre les potentiels Destructeurs de faire fonctionner leur cerveau pendant 5 minutes et de ne pas tout péter :

http://www.guardian.co.uk/uk/2012/may/01/anti-gm-activists-wheat-rothamsted

Crapule de puceron, le Faucheur Volontaire est  ton meilleur ami !

C'est aussi pour ça que je peux vraiment  pas le blairer.

Yann Kindo

PS : Etant donné que j'ai une vraie vie dans la vraie vie et que j'ai pris la bonne résolution de ne plus polémiquer des plombes et en vain sur Internet avec les professionnels de la polémique virtuelle du type écolo exalté ou intellectuel post-moderne branché , et ce  afin de pouvoir plus me consacrer à des choses plus importantes comme mon boulot, mes potes, mon militantisme, mon équipe de foot, mes bouquins, ma guitare, mon jardin, mes chèvres, mes abeilles etc., je mettrai désormais systématiquement l'avertissement suivant à la fin de chacun de mes billets de blog :

AVERTISSEMENT :

Afin de respecter l'esprit général des blogs de Médiapart, ce billet est ouvert aux commentaires. Toutefois, en dehors de discussion sur des points très précis ou de nécessité de rectifier une erreur d'un billet révélée dans un des commentaires, je ne répondrai pas à tous ceux qui viendront expliquer ici que je suis au choix :

  1. Un agent de Monsanto

  2. Un rationaliste obtus

  3. un dangereux paléotrotskyste défenseur de la dictature du prolétariat

     

    [pour info : deux de ces trois accusations sont parfaitement fondées, NDA].

     

    Merci de respecter ce choix d'avoir une vie en dehors du clavier, et de ne pas en tirer de conclusions triomphales sur le mode  : « ha ha, il ne sait pas quoi répondre, je suis trop fort ».

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