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Billet de blog 19 octobre 2014

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Le dernier combat de King Robert

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ATTENTION : SPOILERS !!!

Dîtes, ça vous dirait, un bon bouquin qui raconte une histoire d'intrigues politiques aux dimensions tragiques?

Une histoire dans laquelle est posée la question de la succession d'un chef qui se meurt.

Un chef qui se rend compte sur le tard que cette succession risque de très mal se passer, parce que l'héritier en position de force lui apparaît comme illégitime et surtout très dangereux parce que trop brutal et possiblement égotiste sous ses airs de ne pas y toucher.

Un chef  qui dans ses derniers instants s'efforce de nouer une alliance avec un vieux compagnon, en se fondant sur l'intégrité de celui-ci et sur le respect réciproque construit au cours des grands combats communs. Un vieux compagnon qui n'est certes pas du cénacle, mais à qui il a demandé de monter au créneau et de prendre des responsabilités afin assurer l'avenir du pays.

C'est une alliance dont on ne voit pas comment elle pourrait ne pas déboucher sur la victoire du mec honnête, tant les cartes en ses mains semblent jouer en sa faveur, notamment parce que le chef a avant de mourir laissé un sorte de « testament » dans lequel il prend des dispositions pour écarter le possible tyran de la succession.

Mais, alors que la défaite du camp de l'apprenti dictateur semble inéluctable et que l'on s'oriente vers un happy ending, patatras, tout s'effondre à la mort du chef. Pendant que le mec honnête tergiverse dans l'utilisation du fameux « testament », le camp des salauds passe à l'offensive et  révèle toute sa brutalité et son sens de la manœuvre, pour contre toute attente triompher rapidement. Et le mec bien, qui  sait être ferme et inflexible, brutal même quand c'est nécessaire pour aboutir à la victoire, est quelque part handicapé par son intégrité et ne parvient de toutes façons pas à manœuvrer face au déchaînement de forces profondes qui tissaient leur toile depuis bien longtemps.

Et l'histoire finit super mal, avec le mec bien qui est exécuté sur ordre du tyran, alors que l'on croyait que le tyran avait lâché l'affaire et laisserait son opposant en vie contre son exil du cénacle des décideurs.

Bon, ça vous dirait de vous plonger dans un bouquin qui raconterait une histoire comme ça ?

Quoi ? Pardon ?

Vous dîtes ?

Vous avez déjà lu le tome I de Game of Thrones ?

Mais qu'est ce qui vous fais croire que je parlais de ça ?????

Non, en fait, je voulais plutôt vous recommander la lecture d'un autre bouquin, plus ancien que l'ouverture de la géniale série de Georges RR Martin, et que j'ai  par hasard lu juste après avoir fini ce fameux tome I. En me disant que Martin avait peut-être puisé une partie de son inspiration là-dedans, tant les mécanismes de l'intrigue apparaissent  - partiellement - semblables.

Le livre que je voulais vous recommander, même s'il n'est plus si facile à trouver de nos jours,  s'appelle  Le dernier combat de Lénine .


Il a été publié en 1967 par l'historien Moshe Lewin, qui utilisait à l'époque des sources récemment publiées en URSS pour montrer comment Lénine avait consacré les dernières semaines de son existence à nouer progressivement une alliance avec Trotsky  pour empêcher Staline de prendre le contrôle de l'URSS à sa mort.

Mais comme je l'ai raconté plus haut, ça ne s'est pas passé comme espéré et au final c'est Staline qui l'a emporté et fait assassiner Trotsky.

 [ça va, ne râlez pas, je vous avais prévenu dès le début de ce billet : il est bourré de spoilers.]

Mais c'est pas grave, même si vous connaissez la fin, lisez quand même Le dernier combat de Lénine , si le cœur vous en dit, parce que c'est un très bon livre.

Summer is coming, les gars, summer is coming...

Yann Kindo

P.S. : Il y a un truc qui marche pas du tout dans mon analogie...
Si il y a bien du Trotsky chez Eddard Stark et du Staline chez King Joffrey (avec Cersei Lannister dans le rôle de la bureaucratie soviétique, si l'on veut) , les figures de King Robert et de Lénine sont vraiment très très  différentes - même si tous les deux aimaient aller à la chasse pour se relaxer.


 Et Lénine est vraiment bien plus sympathique que l'autre soulard inconscient, cela va de soi.

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