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Billet de blog 11 décembre 2024

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Mediapart refuse de modifier son article sur l'OCCRP et maintient ses informations

L'OCCRP, le plus grand réseau mondial de médias d'investigation, a demandé à Mediapart de faire « des corrections » sous 48 heures dans notre enquête sur l'OCCRP et de présenter des « excuses ». Mediapart a refusé, parce que nous maintenons l’intégralité de nos informations. Nous publions les sept points soulevés par l'OCCRP ainsi que nos réponses.

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Le 9 décembre 2024 au matin, Miranda Patrucic, rédactrice en chef de l'Organized Crime and Corruption Reporting Project (OCCRP), a envoyé par courriel une « Lettre à Mediapart » à plusieurs membres de la direction éditoriale de Mediapart. Mme Patrucic affirme qu'il y a des « inexactitudes factuelles significatives » dans notre enquête sur l'OCCRP et notre newsletter sur le même sujet. Elle réclame que nous fassions des « corrections » à ces articles et présentions des « excuses ». Dans un second courriel envoyé le même jour à 14h21, Mme Patrucic a demandé à Mediapart de « publier une correction dans les 48 heures ».

Quatre heures plus tard, Aubrey Belford, chef du service Asie-Pacifique à l'OCCRP, a annoncé publiquement sur Bluesky, dans un message diffamatoire, que l'OCCRP avait envoyé cette « lettre à Mediapart », et que Mediapart devait « se rétracter complètement et s'excuser dès que possible ».

Nous avons appris que Miranda Patrucic avait envoyé la même « Lettre à Mediapart » aux médias travaillant avec l'OCCRP, bien que cette lettre contienne des commentaires calomnieux sur le travail de Mediapart. La lettre affirme à tort, par exemple, que notre « journalisme plein d’erreurs » mettrait en danger les « journalistes d'investigation du monde entier » (nous avons déjà répondu sur ce point ici).

Le 10 décembre, la présidente et directrice de publication de Mediapart, Carine Fouteau, a répondu à Mme Patrucic que nous refusons d'accéder à sa demande, car nous maintenons l’intégralité de nos informations. Notre enquête est basée sur des faits avérés et prouvés, et a été menée de façon honnête dans le plus strict respect de la déontologie journalistique.

Par courtoisie, Carine Fouteau a informé la rédactrice en chef de l'OCCRP qu'il existe, dans le droit de la presse français, une disposition appelée « droit de réponse », qui permet à l'OCCRP de demander à Mediapart de publier une réponse à notre article.

Dans un souci de transparence, nous publions intégralement les sept points soulevés par Mme Patrucic dans sa lettre, ainsi que les réponses que lui a envoyé la directrice de la publication de Mediapart.

OCCRP point 1 :
Votre article affirme à tort que l'OCCRP ne divulgue pas les sources de son financement, en affirmant que « l'OCCRP semble mal à l'aise quant à l'ampleur du financement américain, car les montants ne sont pas publiés sur le site web de l'ONG ».

Cette affirmation est erronée. Des chiffres détaillés sont en effet publiés sur notre site web, à l’intérieur de notre rapport annuel (voir la rubtique « full financial statements »). Le rapport annuel détaille spécifiquement les financements américains au dollar près.

Cette inexactitude factuelle évidente, à savoir que l'étendue du soutien américain à l'OCCRP est « cachée », est fondamentale pour l’angle trompeur de votre article, ainsi que son titre. Elle est à la base des attaques injustifiées et alarmantes contre nos journalistes que nous avons constatées dans les jours qui ont suivi la publication.

La réponse de Mediapart :

Nous confirmons que notre enquête montre que l'OCCRP semble mal à l'aise avec l'ampleur de son financement américain, et en particulier avec le pourcentage du budget de l'OCCRP fourni par le gouvernement américain, qui n'a jamais été divulgué par l'OCCRP. Drew Sullivan a reconnu auprès de nous que la façon pertinence d'évaluer cette question est le pourcentage des financements américains dans les dépenses de l'OCCRP (ce qui est différent du pourcentage des fonds reçus).

Si quelques chiffres bruts ont été publiés dans les rapports annuels de l'OCCRP, cette publication a été incomplète, car les audits financiers n'ont pas du tout été publiés sur le site web de l'OCCRP, et sur 16 années d'activité, seulement 6 rapports annuels sont disponibles. Plus important encore, il est impossible pour les personnes qui ne sont pas des experts financiers de comprendre ces chiffres bruts. Le conseil d'administration de l'OCCRP l'a d'ailleurs reconnu dans sa réponse écrite à la chaine de télévision allemande NDR : « Les chiffres tirés directement des subventions ou des rapports d'audit peuvent être trompeurs. » Malgré cela, l'OCCRP n'a jamais publié d'explications sur l'ampleur et la signification de ces chiffres bruts.

Comme vous le savez, Drew Sullivan a d'abord fourni des déclarations inexactes à la NDR sur l'ampleur du financement du gouvernement américain (« aucun donateur ne domine »). Par la suite, le conseil d'administration de l'OCCRP a également fourni des déclarations inexactes à la NDR, affirmant à tort que le pourcentage de financement du gouvernement américain était passé de 60 % en 2019 à 22 % en 2023. C'est seulement après que nous avons signalé ces inexactitudes, dans nos dernières questions adressées à Drew Sullivan, que ce dernier nous a finalement fourni les chiffres bruts et les pourcentages des financements du du gouvernement américain dans les dépenses de l'OCCRP, que nous avons intégralement publiés:

Aujourd'hui encore, aucun des chiffres fournis à Mediapart par Drew Sullivan n'est disponible sur les pages dédiées du site de l'OCCRP : ni sur la page « Donateurs », ni dans la nouvelle « FAQ sur le financement et les politiques éditoriales de l'OCCRP » que vous avez créée après la publication de nos articles. Ces deux pages continuent de présenter de manière inexacte le gouvernement américain comme un donateur parmi beaucoup d'autres. Cela ne correspond pas à la réalité, puisque le gouvernement américain a fourni en moyenne la moitié du budget de l'OCCRP au cours des dix dernières années.

Point 2 de l'OCCRP :
Votre article ne mentionne pas des documents que vous avez reçus et qui vont à l'encontre de la thèse que vous défendez.

Dans votre article, MM. Philippin et Candea écrivent :

« C’est l’argument répété en boucle par l’OCCRP en réponse à notre enquête : le financement par les États-Unis ne pose pas de problème, car il n’a aucune influence sur les articles. « Tous les accords de financement de l’OCCRP prévoient que les donateurs n’ont pas le droit d’intervenir dans la politique éditoriale », nous a répondu le conseil d’administration, qui a toutefois refusé de nous fournir une copie de ces documents. »

C'est inexact. Votre collègue John Goetz, a reçu, bien avant la publication de votre article,  une confirmation écrite du gouvernement américain de notre indépendance.

Le 19 août 2023, M. Goetz a envoyé un courriel à Shannon Maguire, de l'USAID pour demander des informations sur le soutien de l'USAID à l'OCCRP.

Mme Maguire a envoyé à M. Goetz un courriel le 25 août 2023, citant mot pour mot la clause d'indépendance éditoriale qui figure dans l’accord de financement de l'OCCRP par l'USAID. Cette clause stipule ce qui suit :

« (d) Droits éditoriaux
Le bénéficiaire (également appelé OCCRP) conserve le contrôle exclusif des processus éditoriaux au cours de l'exécution de cet accord, y compris, mais sans s'y limiter, les articles et le contenu sélectionnés, les sources utilisées et les angles des l'articles. Le bénéficiaire assumera l'entière responsabilité juridique, réglementaire et financière de ses articles et ne tiendra pas l'USAID pour responsable de sa production éditoriale. Le bénéficiaire décidera seul des sujets qu'il rapporte et publie sans tenir compte des recommandations du gouvernement américain. »

Le 27 août 2023, M. Goetz a répondu, confirmant la réception du courriel et demandant s'il pouvait le citer. Le 28 août, Mme Maguire a répondu en affirmant qu'il pouvait le faire. Votre article ne cite pas cette clause et ne mentionne pas cet échange de courriels.

La réponse de Mediapart :

Mediapart n'a en sa possession aucun accord de financement entre l'OCCRP et des entités du gouvernement américain, car l'OCCRP a refusé de nous fournir ces documents, comme vous l'avez indiqué dans les réponses écrites que vous nous avez adressées.

Malgré votre refus de nous fournir ces documents, nous n'avons pas caché cette information, puisque nous avons cité les déclarations du conseil d'administration de l'OCCRP et de Shannon Maguire concernant l'existence d'une telle clause :

« Tous les accords de financement de l’OCCRP prévoient que les donateurs n’ont pas le droit d’intervenir dans la politique éditoriale », nous a répondu le conseil d’administration, qui a toutefois refusé de nous fournir une copie de ces documents. Ils sont 100 % indépendants. Nous ne décidons pas des articles sur lesquels ils travaillent », ajoute la fonctionnaire d’USAID Shannon Maguire. »

Point 3 de l'OCCRP :
Votre rapport affirme à tort que le gouvernement américain a un droit de veto sur le personnel de l'OCCRP.

Votre article affirme à tort que le gouvernement américain a un droit de veto sur les nominations des « personnels clé » lors de l’attribution de chaque nouveau contrat de financement. Votre article affirme à tort que le gouvernement américain a le « droit d'opposer son veto à ses cadres supérieurs » et qu'il « dispose d’un droit de veto sur la nomination de ses hauts dirigeants, dont Drew Sullivan. »

Mediapart a également affirmé à tort que le gouvernement américain a le pouvoir de « renvoyer son patron s’il ne donne pas satisfaction ». (« Oui, Washington dispose d’un droit de veto sur les dirigeants de l’OCCRP et peut donc renvoyer son patron s’il ne donne pas satisfaction. »)

Comme nous l'avons expliqué à vos journalistes à de nombreuses reprises au cours des derniers mois, l'OCCRP conserve un contrôle total sur toutes les décisions relatives au personnel de la rédaction. L'embauche et le licenciement de tout le personnel sont totalement indépendants des donateurs, sans exception. Cela s'applique également à Drew Sullivan, qui est nommé par le conseil d'administration de l'OCCRP et ne rend compte qu'au conseil d'administration. Notre conseil d'administration est composé de personnes privées et indépendantes, sans lien avec le gouvernement. Aucun donateur, y compris les différentes agences gouvernementales américaines qui ont accordé des subventions à l'OCCRP, n'a le droit de licencier Drew Sullivan ou d'opposer son veto au fait qu’il soit employé par l'OCCRP.

Comme nous vous l'avons expliqué précédemment, la grande majorité des subventions que l'OCCRP reçoit du gouvernement américain ou de tout autre donateur public ou privé ne contient aucune clause concernant l’embauche de tel ou tel individu. L'affirmation selon laquelle « chaque nouveau contrat de financement »contient une telle disposition est factuellement fausse.

Seule une très petite minorité de ces contrats contiennent des clauses concernant le « personnel clé ».

Dans cette très petite minorité de contrats de financements (deux sur les cinquante contrats en cours), l'OCCRP doit nommer un ou plusieurs membres du personnel qui ont la responsabilité de respecter les objectifs fixés dans l’accord (par exemple, former un certain nombre de journalistes dans une zone géographique). Selon les termes de ces deux contrats, si nous remplaçons cette personne pendant la durée du contrat, nous devons trouver un remplaçant tout aussi qualifié, et le donateur doit valider le fait que le remplaçant soit suffisamment. Cela s'applique seulement si nous voulons procéder à un remplacement. Drew Sullivan était, en fait, publiquement listé comme « responsable de l’accord » dand le contrat avec l'USAID auquel vous faites référence dans votre article, ce qui signifie qu'il était responsable de l'administration financière de la subvention au moment où elle a été octroyée. Par conséquent, la disposition relative au remplacement ne pouvait pas s'appliquer à lui.

Au cours de nos 17 années d'existence, aucun donateur n'a jamais soulevé d'objection à l'encontre d'un membre de notre personnel, aucun n'a pas le droit de le faire.

La réponse de Mediapart :

Ce droit de veto sur les « personnels clé », inclus dans les « accords de coopération » entre les entités du gouvernement américain et l'OCCRP, a été reconnu lors d'interviews filmées par Drew Sullivan et de deux fonctionnaires de l'USAID. Les « personnels clé » comprennent le responsable éditorial (Sullivan : « Il s'agit d'un ou deux postes au sommet, qui sont généralement nos rédacteurs en chef ». Fonctionnaires de l'USAID : « rédacteur en chef » et « directeur général », y compris Drew Sullivan). Au cours de ces entretiens, ni Drew Sullivan, ni les fonctionnaires de l'USAID n'ont mentionné de restrictions concernant les raisons pour lesquelles le gouvernement américain est autorisé à appliquer ce veto. Les réglementations américaines applicables, que nous avons examinées, ne mentionnent pas non plus de restrictions.

Dans leurs réponses écrites à NDR et Mediapart, Drew Sullivan et le conseil d'administration de l'OCCRP ont reconnu que ce droit de veto existe lorsque l'OCCRP souhaite remplacer les « personnels clé » lorsque le contrat est en cours d’'exécution, mais ils considèrent que ce n'est pas tout à fait le cas lorsque la décision d'accorder le financement est prise. Nous avons cité ces réponses de manière précise et appropriée dans notre article, et nous les avons intégralement publiées dans les annexes de notre article.

Point 4 de l'OCCRP :
Votre article ne mentionne pas les relations d'affaires qu’ont eu par le passé Stefan Candea et le cofondateur de l'OCCRP, Paul Radu.

Votre article affirme que Stefan Candea n'a jamais eu de « relations d'affaires » avec Paul Radu. Cette affirmation est erronée. M. Candea a été l’un des cofondateurs, avec M. Radu, du Centre roumain pour le journalisme d'investigation (CRIJ). Il a été rémunéré par l'OCCRP lorsque M. Radu en était le codirecteur. Vous ne devez pas ignorer ces faits, qui démontrent que M. Candea était en situation de fort conflit d’intérêt lorsqu’il a participé à votre article sur l'OCCRP.

La réponse de Mediapart :

Nous ne comprenons pas le sens de votre remarque à ce sujet, qui est totalement contredite par les faits.

Nous avons révélé en détail l'histoire de Stefan Candea avec l'OCCRP et Paul Radu :

https://www.mediapart.fr/journal/international/021224/les-liens-caches-d-un-geant-du-journalisme-avec-le-gouvernement-americain/prolonger

Comme expliqué dans le texte ci-dessus, nous nions fermement vos allégations de conflit d'intérêts :

« Les articles que nous publions aujourd’hui sont issus du travail collectif de huit journalistes appartenant à cinq médias différents, qui ont collectivement recueilli et vérifié les informations en toute indépendance, et dans le plus strict respect de la déontologie journalistique. Nous considérons que les attaques de l’OCCRP contre Stefan Candea constituent une tentative de détourner l’attention des faits en tentant de discréditer certains des journalistes qui les ont découverts. »

Notre enquête montre, comme nous l'avons écrit dans le texte ci-dessus, que Stefan Candea n'a jamais eu de « relation d'affaires » avec Paul Radu, ils étaient collègues lorsqu'ils travaillaient au RCIJ. Stefan Candea a pu être rémunéré en tant que journaliste indépendant par l'OCCRP, mais comme vous le savez, l'argent de l'OCCRP était fourni à cette époque par la société américaine Journalism Development Group (JDG), contrôlée par Drew Sullivan.

Enfin, notre article est honnête et équilibré , puisque nous avons publié, dans le texte mentionné ci-dessus, vos allégations à l'encontre de Stefan Candea, bien que nous les considérions comme hautement inexactes :

Stefan Candea, qui semble avoir joué un rôle essentiel dans l'élaboration de votre article, a eu des conflits personnels avec l'OCCRP et des relations d'affaires avec l'un des fondateurs de l'OCCRP. Les journalistes parmi nous auraient exclu la participation d'une personne ayant un conflit aussi évident », a écrit le conseil d'administration, dont Drew Sullivan est membre.

Point 5 de l'OCCRP :
Votre article affirme à tort que l'OCCRP évite de faire des articles sur le gouvernement américain et ses intérêts.

L'OCCRP a mené de nombreuses enquêtes sur des actes répréhensibles commis par le gouvernement américain. Cela inclut des milliards de dollars de livraisons d'armes coordonnées par la CIA à la Syrie, la privatisation des frappes de drones américains au Kenya et la corruption impliquant l'armée américaine en Afghanistan.

Selon nos informations (que votre article prétend « révéler »), environ la moitié du financement de l'OCCRP provient de subventions non américaines, tant gouvernementales que privées. Comme nous l'avons expliqué précédemment, cela signifie que nous disposons chaque année de millions de dollars que nous pouvons utiliser, et que nous utilisons, pour produire des rapports critiques à l'égard du gouvernement américain. Aucun donateur américain n'a le pouvoir de s'y opposer, et aucun n'a essayé de le faire.

La réponse de Mediapart :

Nous maintenons ce que nous avons écrit, qui est différent de la formulation que vous avez choisi d'inclure dans votre « Lettre à Mediapart ». Ce que nous avons écrit précisément, c'est que « le gouvernement américain [est] largement épargné par l'OCCRP », et que les enquêtes portant atteinte aux intérêts américains représentent une « une part très minoritaire de la production » de l’OCCRP, ce qui est un fait objectif.

Nous avons également cité un courriel dans lequel Drew Sullivan reconnait qu'il est « en très grande partie vrai » de dire que l'OCCRP ne « faisait pas d'articles sur les États-Unis [...] dans ses premières années » en raison des restrictions imposées par le gouvernement américain (« Nous ne pouvions pas utiliser l'argent du gouvernement américain ou de Soros pour faire des articles sur les États-Unis »). Nous avons illustré ce point avec l’exemple de la société américaine Bechtel.

Nous avons été équilibrés dans notre article et avons pleinement respecté la déontologie journalistique, puisque nous avons longuement cité la réponse de l'OCCRP à ce sujet :

« Le financement de l’OCCRP s’étant diversifié depuis, Drew Sullivan et son conseil d’administration nous ont indiqué que la restriction ne pose pas de problème, puisque l’OCCRP peut utiliser l’argent des autres donateurs pour travailler sur les États-Unis. Ils soulignent que l’OCCRP emploie un journaliste chargé de développer des sujets aux États-Unis et a publié régulièrement des enquêtes liées au pays, par exemple sur les hommes d’affaires qui ont aidé l’avocat de Donald Trump à nuire au président Joe Biden, sur les livraisons d’armes du gouvernement américain aux rebelles syriens, ou encore sur un contrat passé par le gouvernement des États-Unis avec une compagnie aérienne dont les dirigeants sont liés à la mafia russe. »

Point 6 de l'OCCRP :
Votre article affirme à tort que « le financement du gouvernement américain n'est jamais mentionné dans les articles produits par l'OCCRP »

Cette affirmation est fausse. L'OCCRP dévoile les financements lorsqu'ils sont directement liés au sujet d'un article que nous publions. Par exemple, un article de 2023, sur le fait que gouvernement chinois a payé des médias aux Îles Salomon, incluait une note indiquant que l'OCCRP reçoit des subventions du gouvernement américain pour faire des articles sur les Îles du Pacifique. En 2017, une enquête sur une campagne menée dans les Balkans contre le financier George Soros mentionnait le fait que l'OCCRP avait reçu des subventions de l'Open Society Foundations de Soros.

La réponse de Mediapart :

Dans votre « Lettre à Mediapart », vous n'avez pu nous présenter qu'un seul article mentionnant un financement du gouvernement américain, sur les centaines d'enquêtes publiées par l'OCCRP depuis 2008. L'article de 2017 auquel vous faites référence dans votre lettre n'est pas pertinent, puisqu'il ne mentionne que des financements de l'Open Society Foundations.

Vous affirmez que « l'OCCRP dévoile les financements lorsqu'ils sont directement liés au sujet d'un article que nous publions ». Ce n'est pas exact, comme le montre, par exemple, le financement consacré à Malte et à Chypre que vous avez reçu du Bureau of International Narcotics and Law Enforcement Affairs (INL) du Département d'État américain, comme nous l'avons détaillé dans notre article.

Dans la réponse écrite qu'il nous a adressée, Drew Sullivan a reconnu que l'OCCRP avait obtenu des entités du gouvernement américain un « partial branding waiver », c’est-à-dire une dérogation aux règles habituelles lui permettant de ne pas mentionner le financement du gouvernement américain dans ses articles : « Le branding waiver permet à l'OCCRP, entre autres, de ne pas mentionner, sur son site web ou dans ses articles, les logos et les noms de l'USAID et du Département d'État. »

Point 7 de l'OCCRP :
Votre article qualifie l'OCCRP d'« organisation criminelle ». Cette qualification est diffamatoire et extrêmement dangereuse pour les journalistes de l'OCCRP qui vivent sous des régimes autoritaires.

La réponse de Mediapart :

Nous n'avons jamais porté de telles accusations contre l'OCCRP.

Il s'agit d'une mauvaise traduction du contenu de notre newsletter « La lettre enquêtes », qui explique chaque semaine le « making of » d'une enquête importante que nous avons publiée. Ce que dit notre newsletter, c'est qu'au vu de l'influence de l'OCCRP, qui est parvenue à convaincre un grand média de ne pas publier une enquête pourtant très solide, on pourrait prendre à tort l’OCCRP pour une « institution ou organisation criminelle », alors qu'elle n'est en réalité ni l’un ni l’autre : « En réalité, l’OCCRP est une ONG. Une ONG de journalistes. »