Le Wikipedia anglophone contient une très intéressante biographie de Jan Smuts qui rappelle ses positions publiques. Malheureusement, elle passe un peu rapidement sur d'autres aspects de sa carrière. En particulier son opposition au Traité de Versaille, qu'il fut un des premiers à dénoncer comme inique, ainsi que quelques actions diplomatiques qui sont relatées par un historien (américain), dont je traduis ici quelques extraits pour la réflexion...
Sur le Traité de Versaille
La clause suivante, l'Article 232, concernait les obligations de réparation en énumérant dix catégories de dommages dont la dixième, concernant les pensions et insérée par le Général [britannique] Smuts, représentait une somme plus importante que l'ensemble des neufs autres points.
Sur la Proposition de Traité d'assistance mutuelle, le Protocole de Genève, et les pactes de Locarno
La Proposition de Traité obligeait ses signataires à considérer toute guerre d'aggression comme un crime international et à porter assistance à tout signataire que le Conseil de la Ligue désignerait comme victime d'une aggression. Ce projet fut détruit en 1924 par le Veto du gouvernement travailliste britannique qui considérait que ce traité serait un fardeau supplémentaire pour l'Empire Britannnique qui n'augmenterait pas sa sécurité. L'Assemblée formula alors une nouvelle proposition, connue sous le nom de Protocole de Genève. Elle cherchait à réparer toutes les failles dans le fonctionnement de la Société des Nations. Elle obligeait ses signataires à résoudre les disputes internationales en passant par les procédures de la SDN, définissait comme aggresseur tout état qui refuserait ces procédures, obligeait ses membres à utiliser la force militaire contre un tel aggresseur, et abolissait le droit de Veto du Conseil en indiquant que les votes des parties concernées par un conflit ne serait pas pris en compte pour atteindre l'unanimité nécessaire. Ce nouveau protocole fut rejeté par le nouveau gouvernement conservateur en poste à Londres.[...]
Le fait que la Proposition de Traité et le Protocole de Genève aient été rejetés par les memes britanniques a entrainé une violente réaction de l'opinion publique dans le monde. Pour la contrer, les Britanniques ont concocté une alternative compliquée connue sous le nom de Pactes de Locarno. Conçus dans les cercles londonniens qui s'opposaient à la France, soutenaient l'Allemagne, et sabotaient la SDN, ces pactes furent le résultat d'intriques internationales dans lesquelles Smuts joua le role principal. De prime abord, ils semblaient garantir la frontière sur le Rhin et fournir des procédures pacifiques de réglement des conflits entre l'Allemagne et ses voisins, et réintégraient cette dernière dans la SDN sur la base d'une égalité avec les autres puissances. Les Pactes étaient formés de neuf document, dont quatre réglaient les différents entre l'Allemagne et ses voisins (Belgique, France, Pologne et Tchécoslovaquie); deux étaient des traités entre la France et ses alliés orientaux (Pologne et Tchécoslovaquie); le septième exemptait l'Allemagne désarmée de toute action offensive contre un aggresseur désigné, le huitième était une introduction générale aux Pactes; et le neuvième document, le "Pacte du Rhin", était le coeur de l'accord. Ce "Pacte du Rhin" garantissait les frontières entre l'Allemagne et la Belgique-France contre toute aggression de l'autre coté. Cette garantie était signée par les Britanniques et les Italiens, en plus des trois États directement concernés, et reprenait les conditions de démilitarisation du Rhin établies en 1919. Si une des 3 puissances venait à attaquer la frontière ou la zone démilitarisée, les quatres autres se ligueraient contre elle.
Les Pactes de Locarno étaient conçus par la Grande-Bretagne pour donner à la France la sécurité qu'elle désirait tant contre l'Allemagne sur le Rhin et dans le meme temps (car la garantie était symétrique) empêchait la France de ré-occuper la Ruhr ou toute autre partie de l'Allemagne, comme elle l'avait fait malgré les violentes objections britanniques en 1923-1924. De plus, en refusant de garantir la frontière orientale de l'Allemagne avec la Pologne et la Tchécoslovaquie, la Grande-Bretagne a institué dans la Loi une distinction entre la paix dans l'Est et la paix dans l'Ouest, sur laquelle elle insistait depuis 1919, et a grandement fragilisé les alliances de la France avec la Pologne et la Tchécoslovaquie en rendant pratiquement impossible pour la France d'honorer ses alliés orientaux en l'empêchant de presser les allemands à l'Ouest sans le consentement des Britanniques. Par conséquent, les Traités de Locarno, qui furent présentés dans le monde anglophone comme une grande étape vers la Paix et la stabilité en Europe, étaient en fait les précurseurs des événements de 1938 quand la Tchécoslovaquie fut détruite à Munich. [...] Malheureusement, comme nous l'avons indiqué, quand les garanties de Locarno auraient dû être activées en mars 1936 la Grande-Bretagne renia l'accord, le Rhin fut remilitarisé, et la voie était ouverte à l'Allemagne pour s'agrandir à l'Est.