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Billet de blog 2 septembre 2014

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L'Otan, l'Ukraine, la Russie...

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Via AntiWar et ConsortiumNews

MEMORANDUM POUR: Angela Merkel, Chancelière d'Allemagne
DE: Veteran Intelligence Professionals for Sanity (VIPS)
SUJET: Ukraine et Otan

Nous, signataires, sommes depuis longtemps des vétérans du renseignement U.S. Nous prenons la mesure inhabituelle de vous écrire cette lettre ouverte pour nous assurer que vous aurez l'opportunité de connaître notre point de vue avant le sommet de l'Otan du 4-4 septembre.

Il est nécessaire que vous sachiez, par exemple, que les accusations d'une "invasion" majeure par la Russie de l'Ukraine n'apparaissent pas soutenues par des renseignements fiables. Au contraire, ces renseignements semblent être du même type douteux et politiquement motivé que ceux utilisés il y a 12 ans pour justifier l'invasion menée par les U.S. de l'Irak. Ne ne voyions pas d'armes de destruction massive alors en Irak; nous ne voyons pas de preuve crédible d'invasion russe aujourd'hui. Il y a 12 ans, le Chancelier Gerhard Schröder, préoccupé par le manque d'épaisseur des preuves sur les ADM irakiennes, refusa de prendre part à l'attaque sur l'Irak. Notre point de vue est que vous devriez être justement suspicieuses des accusations portées par le département d'État U.S. et les dirigeants de l'Otan concernant une invasion russe en Ukraine.

Le Président Obama a essayé hier de calmer la réthorique de ses diplomates et des médias quand il a publiquement décrit les événements récents en Ukraine de "continuation de ce qui s'est passé depuis plusieurs mois, et pas un changement".

Cependant, Obama n'a qu'un contrôle ténu sur les décideurs de son administration qui, malheureusement, manquent de sens de l'Histoire, ne connaissent pas las guerre, et forment une politique à partir d'invectives anti-russes. Il y a un an, ces mêmes décideurs va-t-en-guerre et leurs amis dans les médias avaient presque réussi à convaincre Obama de lancer une attaque majeure sur la Syrie sur la base, encore une fois, de renseignements qui étaient au mieux "douteux".

Pour la plus grande part, c'est cet appui sur des renseignements que nous considérons comme invalides qui nous fait pensé que la possibilité d'escalade des hostilités au-delà des frontières de l'Ukraine a augmenté significativement ces derniers jours. Plus important encore, nous croyons que cette possibilité peut être évitée par un degré judicieux de secpticisme de votre part ainsi que de celle des autres responsables européens qui seront réunis au sommet de l'Otan.

Expériences avec la Non-Vérité

Nous espérons que vos collaborateurs vous aurons rappelé la crédibilité vacillante du secrétaire général de l'Otan Anders Fogh Rasmussen. Il semble que ses discours continuent d'être écrits à Washington. Cela était très clair déjà du temps de l'invasion de l'Irak, lorsque Premier Ministre, il avait déclaré devant le Parlement Danois que "l'Irak a des armes de destruction massive. Nous ne le croyons pas. Nous le savons. "

Une photo vaut mieux qu'une longue explication; mais elle peut aussi tromper. Nous avons une très longue expérience de collecte, d'analyse, et de synthèse sur toutes sortes d'images satellites ou d'autres renseignements. Nous nous contentons de dire que les images fournies par l'Otan le 28 août sont une fondation très friable pour accuser la Russie d'invasion de l'Ukraine. Elles ont malheureusement une forte ressemblance avec celles montrées par Colin Powell à l'Onu le 5 février 2003, et comme ces dernières, ne montrent rien.

Ce jour là, nous avertissions clairement le Président Bush que nos anciens collègues analystes étaient "de plus en plus désemparés par la politisation des renseignements"; que la présentation de Powell était très loin de justifier une guerre. Nous l'avons prié d'élargir le cercle de discussion au-delà de ces conseillers qui voulaient clairement une guerre pour laquelle nous ne voyions aucune raison et dont nous pensions que les conséquences seraient catastrophiques.

Regardez l'Irak aujourd'hui. Pire que catastrophique. Bien que le Président Vladimir Poutine ait montré jusqu'ici une réserve considérable sur le conflit ukrainien, nous sommes chagrinés de devoir rappeler que la Russie aussi peut "Choquer et Terrifier" (schock and awe). De notre point de vue, si la moindre chance d'une telle chose arrivant en Europe existe, des dirigeants calmes et intelligents doivent analyser ce contexte très attentivement.

Si les photos que l'Otan et les U.S. ont fournies représentent la meilleure "preuve" d'une invasion russe, alors notre suspiscion qu'un effort important est en cours pour que le sommet de l'Otan approuve des actions que la Russie verra clairement comme des provocations. Caveat emptor (locution latine, l'acheteur doit faire attention, est responsable) est une expression qui doit vous être familière. Nous ajouterons juste qu'il faut faire très attention à ce que Mrs Rasmussen et Kerry concoctent.

Nous sommes sûrs que vos conseillers vous ont déjà informé sur le crise en Ukraine depuis début 2014, et qu'ils ont vous bien précisé que le Kremlin avait mis un anathème sur l'appartenance de l'Ukraine à l'Otan. D'après un télégramme daté du 1er février 2008 (publié par WikiLeaks) de l'ambassade U.S. à Moscou à la Secrétaire d'État Condoleezza Rice, l'Ambassadeur U.S. William Burns a été convoqué par le Ministre des Affaires Étrangères Russe Sergey Lavrov, qui a exprimé la forte opposition russe à l'appartenance de l'Ukraine à l'Otan.

Lavrov a averti plus précisément sur "les peurs que ce problème puisse potentiellement coupé le pays en deux, mené à la violence voire même une guerre civile, ce qui forcerait la Russie à décider de l'opportunité d'intervenir.". Burns avait intitulé ce télégramme d'un inhabituel : "Niet c'est Niet: les lignes rouges de la Russie sur l'élargissement de l'Otan", et l'a envoyé à Washington avec la classification "À lire immédiatement". Deux mois plus tard, lors d'un sommet à Bucarest, les dirigeants de l'Otan ont déclaré formellement que "la Géorgie et l'Ukraine seront dans l'Otan."

Hier, le Premier Ministre ukrainien Arseny Yatsenyuk a utilisé sa page Facebook pour affirmer que, avec l'approbation du parlement qu'il avait demandé, le chemin vers l'Otan était ouvert. Bien sûr, Yatseniuk était le favori de Washington pour devenir le Premier Ministre après le Coup d'État du 22 février. "Yats(eniuk) est le bon" avait dit la Secrétaire d'État adjointe Victoria Nuland quelques semaines avant, dans une conversation téléphonique avec l'ambassadeur U.S. à Kiev Geoffrey Pyatt interceptée et publiée. Vous vous rappelerez que c'est dans cette même conversation que Nuland avait "Fuck the EU".

Sur le moment de l'"invasion" russe

Les informations rapportées par Kiev il y a quelques semaines étaient que ses forces avaient le dessus sur les fédéralistes anti-Coup d'État dans le sud-est de l'Ukraine dans ce qui était présenté comme une opération de maintien de l'ordre. Mais cette version de l'offensive ne venait que des sources officielles à Kiev, et peu de rapports venaient du terrain dans le sud-est de l'Ukraine. Il y en a eu un, cependant, qui citait le Président Ukrainien Petro Poroschenko, qui soulève le doute sur la fiabilité de la version gouvernementale.

D'après les "Services de Presse du Président de l'Ukraine", le 13 août, Poroschenko a demandé un "regroupement des unités militaires impliquées dans l'opération à l'est du pays. ... Aujourd'hui, nous avons besoin de réarranger les forces qui défendrons notre territoire pour continuer notre offensive" dit Poroschenko, ajoutant que " nous avons besoin de prendre en compte une nouvelle opération militaire pour les nouvelles circonstances."

Si ces "nouvelles circonstances" sont l'avancée réussie des forces gouvernementales Ukrainiennes, pourquoi serait-il nécessaire de se "regrouper", de "réarranger" les forces ? À ce moment, les rapports venant du terrain parlaient d'une succession d'attaques par les fédéralistes anti-Coup contre les forces gouvernementales. D'après ces sources, c'était l'armée gouvernementale qui subissait des pertes lourdes et perdait du terrain, en grande partie par incompétence et manque de leadership.

Dix jours plus, alors qu'ils étaient encerclés et/ou en retraire, une excuse pour cette déroute fut l'"Invasion russe". C'est précisément à ce moment que des photos flous furent publiées par l'Otan et que des journalistes comme Michael Gordon (New York Times) furent déployés pour porter le message que "les russes arrivent." (Michael Gordon fut un des plus fermes propagandistes pour une guerre en Irak.)

Pas d'invasion, mais un soutien russe important

Les fédéralistes anti-Coup sont très soutenus dans le sud-est de l'Ukraine, en partie à cause des pillonages d'artillerie du gouvernement sur les centres de population. Et nous croyons que le soutien russe s'est infiltré à travers la frontière et inclus, de manière significative, du renseignement de terrain. Mais il est très loin d'être clair que ce soutien inclus des tanks ou de l'artillerie surtout parce que les fédéralistes ont été mieux dirigés et ont eu des succès surprenant en immobilisant les forces gouvernementales.

Dans le même temps, nous pensons que si les fédéralistes en ont vraiment besoin, les tanks russes viendront.

Ceci est précisément la raison pour laquelle il y a besoin d'un effort concerté pour un cessez-le-feu que vous savez que le gouvernement ukrainien essaye d'éviter. Que faire alors ? De notre point de point, il faut dire clairement à Poroschenko et Yatseniuk que l'appartenance à l'Otan n'est pas possible et que l'Otan n'a aucune intention de menée une guerre par procuration avec la Russie, et encore moins à travers l'armée ukrainienne. Il faut dire aux autres membres de l'Otan la même chose.

Pour le groupe de pilotages, Vétérans du Renseignements pour la Raison

William Binney, former Technical Director, World Geopolitical & Military Analysis, NSA; co-founder, SIGINT Automation Research Center (ret.)
David MacMichael, National Intelligence Council (ret.)
Ray McGovern, former US Army infantry/intelligence officer & CIA analyst (ret.)
Elizabeth Murray, Deputy National Intelligence Officer for Middle East (ret.)
Todd E. Pierce, MAJ, US Army Judge Advocate (Ret.)
Coleen Rowley, Division Counsel & Special Agent, FBI (ret.)
Ann Wright, Col., US Army (ret.); Foreign Service Officer (dém.)

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