La tragédie japonaise est bien connue : deux décennies de croissance perdues à cause de la déflation persistente qui affaiblit l'économie. Et le remède est maintenant mis en oeuvre depuis un peu plus d'un an: la relance de l'inflation à toute force par la monétisation de la dette, sur laquelle la Fed ne s'est que partiellement engagée, et que la BCE, sous le contrôle des allemands, refuse, malgré la volonté affichée de Mario Draghi. L'anti-thèse du Japon, jusqu'à l'application des abenomics, ces réformes monétaires saluées par les plus grands économistes, Krugman en tête, c'est bien sûr les États-Unis : ils n'ont jamais hésité à avoir des politiques fiscales et monétaires accommodantes pour privilégier la croissance, et malgré quelques accidents de parcours, restent le pays développé ayant la plus forte croissante et l'économie la plus dynamique. Les preuves suivent.
PIB/habitant depuis l'accession de Reagan au pouvoir, Japon en bleu, USA en pointillés.
Bon, la différence ne saute pas vraiment aux yeux, mais c'est sans doute parce qu'on prend en compte les années 1980, sans partir de l'éclatement de la bulle immobilière et financière au Japon en 1989. Ça sera sans doute plus visible.
Bon. C'est un peu plus plat du côté japonais (courbe bleue, je le rappelle), mais si on se rappelle que la Banque (centrale) du Japon a commencé ses politiques accommodantes en 2001, il n'y a pas franchement de quoi écrire une lettre à sa grand-mère... Au moins, ce dont on peut être sûr, c'est que la situation va enfin s'améliorer grâce à la relance monétaire des derniers mois.
PIB du Japon, 2013: 4901 milliards de dollars
PIB du Japon, 2014 (prévision): 4297 milliards de dollars.
Oui, on parle bien d'une baisse de plus de 12% du PIB japonais entre 2013 et 2014. Parler de suicide économique n'est pas exagéré. Et alors que le Japon avait une croissance raisonnable par habitant, en tout cas comparable à celle des États-Unis, les économistes keynésiens dissertaient dans tous les médias sur ses années perdues, sa déflation mortelle, etc. Aujourd'hui que les recettes de ces économistes sont appliquées, le Japon décroît de 12%.
Alors, le Japon, fusillé pour l'exemple par les Grands-Prêtres de l'orthodoxie keynésienne pour n'avoir pas démontré que la déflation était mortelle pour la croissance ?