L’accident de fusion du cœur est le plus craint par l’industrie nucléaire. Après le tremblement de terre d’une magnitude exceptionnelle et le tsunami qui ont frappé le Nord Est du Japon, elle a eu lieu dans trois des réacteurs de la centrale nucléaire de Fukushima dai-ichi où la situation est encore incertaine.
Nous tentons, sur cette page de suivre les évènements en nous basant essentiellement sur la presse japonaise, les communiqués officiels de l'exploitant et des autorités japonaise. Merci aux nombreux contributeurs qui nous signalent des information intéressantes. La crise s'installe dans la durée et il nous faut tenir : les mises à jours, faites entièrement bénévolement, ne seront pas aussi fréquentes que dans les premiers jours...
Notre pensée va d’abord aux nombreuses victimes et leurs proches. Nous saluons aussi le courage des employés de la centrale qui font le maximum pour éviter le pire dans une situation de désastre. Outre les problèmes personnels qui doivent les frapper dans ces circonstances, les employés de la centrale prennent des risques. En cas d’explosion, ils seraient les premiers touchés. Il a aussi été relevé aussi des taux d’irradiation très élevés à proximité du réacteur. De plus, les conditions matérielles dans lesquelles ils interviennent sur le site sont déplorables : deux repas par jour, pas de couchage correct, stress...
La situation est très grave. Le système de refroidissement de secours de plusieurs réacteurs, tous à l’arrêt, n’a pas démarré suite à l'inondation liée au tsunami. Le cœur a commencé à s’échauffer et la pression a augmenté. Les populations riveraines ont été évacuées, d’abord dans un rayon de 3 km, puis 10 et maintenant 20 km en fonction de l’évolution. Et cela dans des conditions extrêmement difficiles. Entre 20 et 30 km, les habitants ont été confinés, puis invités à évacuer s'ils le voulaient.
Un tsunami d'une telle ampleur n'avait pas été prévu par l'industrie nucléaire et l'autorité de sûreté. Une perte simultanée de l'alimentation électrique et de l'eau non plus. La centrale était mal conçue et les procédures d'urgences inadéquates. Par exemple les pompes de refroidissement ont été placées du côté de la mer sans être protégées. Elles étaient mieux protégées à la centrale dai-ni. Il n'y avait pas de mur de protection comme à la centrale n°2 de Tokai. Des mauvaises décisions ont aussi été prises au début de la catastrophe. Cette analyse arrive malheureusement trop tard... Selon le Wall Street Journal, il n'y avait qu'un seul téléphone satellitaire à la centrale, et un seul brancard.
C'est sans rire que le PDG de TEPCo a annoncé jeudi 31 mars que la centrale ne sera plus utilisée et devra être démantelée. Le gouvernemnt japonais estime maintenant que cela prendra des mois avant de pouvoir prendre le contrôle de la centrale et limiter, voire arrêter, les rejets dans l'environnement.
Jeudi 7 avril, un fort séisme d'une magnitude de 7,1 a secoué à nouveau le Nord Est du Japon à 23h32 et une alerte au tsunami (vague de 2 m) a été lancée. Finalement, il n'y a pas eu de tsunami et il n'y aurait rien d'anormal au niveau des réacteurs à part le système électrique de la centrale d'Onagawa qui a été temporairement coupé. Les piscines de combustible usé n'ont pas été refroidies pendant 20 à 80 minutes. De l'eau s'en est échappé. Dans le réacteur n°1, on retrouvé une flaque d'un volume de 3,8 litres avec une contamination de 5410 becquerels par litre. Lundi 11 avril, un autre séisme de forte magnitude a encore secoué cette région.
Evacuation des habitants
Mardi 15 mars matin, alors que la situation était extrêment critique à la centrale, il restait 354 personnes à évacuer dans le rayon des 20 km. Ce sont par exemple des personnes hospitalisées. L'évacuation a finalement eu lieu pendant la journée de mardi. Deux personnes hospitalisées sont mortes pendant l'évacuation. Selon la télévision japonaise, il resterait quelques personnes dans la zone d'évacuation qui ont refusé de partir. Etant isolées du monde, personne ne sait comment elles vivent.
Les secours à la recherche des victimes du tremblement de terre et du tsunami ne peuvent pas opérer dans la zone d'évacuation, ce qui rend difficile la recherche des disparus. Un millier de corps radioactifs ne peuvent pas être évacués de la zone.
Toujours mardi 15 matin, le mot "Tchernobyl" a commencé à apparaître dans les déclarations officielles... pour dire que c'est moins grave.
Mercredi 16 mars, l'ambassade des Etats-Unis à Tokyo a recommandé aux citoyens américains l'évacuation d'un périmètre de 50 miles (80 km) autour de la centrale de Fukushima. Samedi 19 mars, plus de mille patients hospitalisés ont été évacués de la zone de sécurité située dans un rayon de 20 à 30 km.
Vendredi 25 mars, les autorités ont encouragé les habitants confinés dans la zone comprise entre 20 et 30 km autour de la centrale à évacuer car les rejets radioactifs vont continuer pendant longtemps. Le même jour, 25 membres du parlement avaient signé une lettre demandant aux autorités d'évacuer les enfants et les femmes enceintes de cette zone. Lundi 28 mars, les autorités ont appelé la population à ne pas pénétrer dans la zone des 20 km pour récupérer des affaires. Après deux semaines, il resterait une soixantaine de personnes dans la zone interdite : des personnes âgées ou des agriculteurs qui ne veulent abandonner leur animaux.
Le maire de Minami Soma (Soma Sud) a posté un message émouvant sur Internet pour témoigner des conditions de vie des personnes confinées. Voir le message sur Youtube sous-titré en anglais.
Une vidéo prise le 3 avril dans la zone interdite est disponible sur Youtube . C'est en japonais avec quelques sous-titres en anglais.
Mardi 5 avril, les habitants évacués ont demandé l'autorisation de retourner brièvement chez eux pour prendre des effets personnels. Etant partis en catastrophe pour une courte durée, ils n'ont pratiquement rien emporté et manquent de tout. De fait, beaucoup d'habitants sont déjà retourné illégalement dans la zone et le gouvernement hésite à l'interdire complètement. Ils s'inquiètent aussi de l'indemnisation s'ils ne peuvent jamais rentrer.
Plus de 10 000 animaux, essentiellement des bovins, mais aussi des porcs, poulets et autres animaux d'élevage privés d'eau et de nourriture ont été abandonnés lorsque le gouvernement a ordonné l'évacuation. Nombreux sont les éleveurs qui bravent les interdits pour nourrir leurs animaux. Un a été exposé à 5 millisieverts (5 fois la limite annuelle) lors d'une de ses visites.
Lundi 11 avril, les autorités ont décidé d'étendre la zone d'évacuation à plusieurs communes. Les habitants de Katsurao, Namie, Iitate, d'une partie de Kawamata et de Minamisoma sont priés de partir d'ici un mois. Ce même jour, l'ACRO a publié des résultats de mesure qui confirment la nécessité d'évacuer Iitate et Kawamata. Ces communes sont dans un rayon de 40 km environ.
Défis
Afin de conserver l’intégrité de l’enceinte de confinement, qui doit garantir le confinement du combustible, des relargages de gaz radioactifs ont eu lieu. A cela s'ajoute la vapeur d'eau dégagée par les piscines de combustibles usés et les fuites des coeurs de réacteur. De fortes contaminations de l'environnement, notamment en iode et césium, ont été relevées. Voir plus bas .
Il a été annoncé jeudi 17, que malgré la situation radioactive, tout était fait pour apporter de l'électricité au plus vite vers la centrale. Après avoir été attendue pour jeudi après midi, tarde à être rétablie. Cette électricité permettra peut-être de remettre en route de circuits de refroidissement classiques pour les réacteurs pas trop endommagés. Cela pourrait être le cas du n°2. Voir plus bas . Mardi 22 mars, les 6 réacteurs étaient reliés à une source électrique extérieure au site.
TEPCo a annoncé utiliser de l'eau douce à la place de l'eau de mer depuis le Samedi 26 mars dans les 3 réacteurs endommagés. L'eau de mer est plus corrosive et le sel peut bloquer des vannes ou robinets. La compagnie espère pouvoir utiliser rapidement de l'eau douce pour les piscines aussi. Une barge d'eau douce est partie des Etats-Unis pour alimenter la centrale et est arrivée le 1er avril. Une autre suit.
L'eau est devenue le problème n°1 : il en faut beaucoup pour refroidir les réacteurs et les piscines, mais on ne peut pas la rejeter car elle est très radioactive. Les cuves de stockage sont pleines et il faut l'évacuer. Plusieurs options sont étudiées en ce moment, dont celle de faire venir un pétrolier ou de creuser un immense réservoir... Les galeries souterraines inondées qui aussi ont recueilli involontairement l'eau jusqu'à maintenant sont presque pleines : 10 000 tonnes (le 30 mars 2011) pour un volume total de 13 300 tonnes environ. Il y a des cables électriques et des tuyaux dans ces galeries qui doievnt donc être asséchées avant de remettre l'électricité. Vendredi 1er avril, il est question de 13 000 tonnes d'eau à évacuer. TEPCo compte utiliser une grande barge (faisant 136 mètres sur 46 et d'une capacité de 10 000 tonnes) amarrée au large de la centrale pour entreposer cette eau, le temps de trouver une meilleure solution. Lundi 4 avril, on appris que le Japon a demandé à la firme russe Rosatom d'accepter les déchets radioactifs liquides. Le complexe industriel ne peut en accueillir que 30 000 tonnes.
TEPCO envisage d'asperger l'intérieur des réacteurs de résines pour fixer la radioactivité et diminuer les rejets dans l'environnement. En effet, de nombreux débris et poussières très radioactifs jonchent le sol et les bâtiments. La radioactivité pourrait être dispersée par le vent ou lessivée par les eaux de pluie. Les opérations devaient commencer dès le jeudi 31 mars, mais n'ont pas eu lieu à cause de la pluie. Un robot mènerait cette opération, sachant qu'il y a 80 000 mètres carrés à couvrir. 60 000 litres devraient être étendus. Des premiers tests ont eu lieu le vendredi 1er avril. 2 000 litres de résine ont été répandus sur 500 m 2 environ.
Lundi 4 avril, le gouvernement a demandé à TEPCo d'étudier la possibilité de recouvrir les réacteurs d'une toile pour limiter les rejets dans l'atmosphère. Les travaux pour une telle structure pourraient prendre 2 mois. De nombreux experts sont sceptiques sur son efficacité. Et si la structure était efficace, cela risquerait d'augmenter la radioactivité ambiante sur le site et géner encore plus les travaux. La mise en place ne pourrait pas être réalisée avant septembre 2011.
Mardi 5 avril, TEPCo estime à 60 000 tonnes la quantité d'eau radioactive à évacuer des sous-sols des réacteurs. 10 370 tonnes d'eau "légèrement" radioactive ont été rejetées en mer pour faire de la place à de l'eau beaucoup plus contaminée. Les capacités d'entreposage sont de 30 000 tonnes. Il faut donc construire de nouveaux réservoirs ou évacuer le surplus.
Réactions nucléaires ?
La journée la plus inquiétante a été mardi 15 mars. Un tableau de données de mesures sur le site de la centrale de Fukushima dai-ichi, mis en ligne sur le site Internet de TEPCO (en japonais), montre une élévation d'un facteur 10 du rayonnement neutron à partir de ce jour, ce qui est un très mauvais signe. En effet, c'est un signe de démarrage de réactions nucléaires. Pourtant, les intervenants ne semblent pas bénéficier d'une dosimétrie neutron.
Mercredi 16 mars dans la journée, TEPCo a reconnu que la possibilité du redémarrage d'une réaction en chaîne n'était pas à exclure. Le rayonnement neutron n'a pas augmenté depuis.
La Corée du Sud a annoncé mercredi qu'elle envoyait 52,6 tonnes d'acide borique au Japon sur son stock de 309 tonnes. Le bore sert à empêcher ou arrêter les réactions en chaîne. La France a suivi avec 100 tonnes.
Mercredi 23 mars, TEPCo a dit qu'ils avaient observé 13 flash neutron à 1,5 km au Sud des réacteurs n°1 et 2 pendant 3 jours à partir du 13 mars. Ce serait une preuve que de l'uranium et/ou du plutonium aient eu des réactions de fission.
Dans une note parue aux Etats-Unis le 28 mars, il est fait mention d'une mesure du 25 mars avec un taux de Chlore 38 dans le réacteur n°1 qui est trop élevé pour pouvoir être expliquée par le flux neutronique dû aux fissions spontanées. Est-ce dû à des petits évènements de criticité ? Une erreur de mesure ?
Une vidéo en anglais diffusée depuis le 3 avril explique pourquoi la thèse de l'existence d'une réaction en chaîne périodique dans le réacteur n°1 est plausible.
Réacteur n°1
Chronologie des évènements
Suite à une réplique sismique, une explosion d’hydrogène a soufflé le toit du bâtiment réacteur n°1 le samedi 12 mars, mais l’enceinte de confinement serait intègre. En libérant des gaz radioactifs, l’explosion aurait entraîné une baisse de l’irradiation ambiante au niveau de la centrale.
Lors d'une conférence de presse du dimanche 13 mars à 19h30 (heure japonaise), le CNIC a expliqué que la pression à l'intérieur de l'enceinte de confinement a atteint 1,5 fois la pression maximale autorisée.
Dans la soirée du samedi 12 mars, les autorités ont autorisé le noyage du bâtiment réacteur avec de l’eau de mer borée afin de refroidir le cœur. Dimanche, la situation se serait stabilisée. Le bore absorbe les neutrons et est injecté pour éviter un accident de criticité (réaction nucléaire en chaîne explosive).
Pour le moment, il est fait mention de 4 employés de la centrale blessés lors de l’explosion et d'un mort. Au moins 21 personnes auraient été contaminées par les dégazages pendant qu’elles attendaient les secours dans la zone d'évacuations des 20 km. On a appris plus tard, que le nombre total de personnes contaminées pourrait atteindre les 160.
Mardi 14 mars, le niveau de dose a atteint un record de 162 sieverts par heure près du réacteur. C'est un niveau phénoménal, car d'habitude, on parle de micro ou millisieverts !
Mercredi 16 mars, TEPCo a annoncé qu'elle pense que 70% du combustible de ce réacteur est endommagé suite à un début de fusion. La situation semble stabilisée.
TEPCo espère rétablir l'électricité dans ce réacteur, d'abord vendredi 18 ou samedi 19 mars. La date est repoussée sans cesse. La compagnie a aussi envisagé d'asperger préventivement de l'eau dans la piscine pour éviter les problèmes survenus dans les autres réacteurs.
L'électricité étant arrivée jusqu'au réacteur, TEPCo espère remettre sous tension certains équipements à partir de mercredi 23 mars.
Mercredi 23 mars à 10h, heure locale, la température du réacteur n°1, maintenant connue grâce au retour de l'électricitée, est montée jusqu'à 400°C. Elle est descendue à 390° C, ce qui est toujours au-dessus de la température maximale fixée par le constructeur qui est de 302°C, après que TEPCo ait multiplié par 9 la quantité d'eau injectée dans le réacteur, même s'il n'y a pas de risque de fusion du coeur à cette température. Le flux est passé 18 tonnes d'eau de mer par heure. Ce réacteur est considéré comme inquiétant.
Jeudi 24 mars à 11h30, l'électricité a été rétablie dans le salle des commandes. La vérification de chaque composant avant mise sous tension continue. De la vapeur d'eau a été vue au dessus de la piscine de combustibles.
Ce réacteur montre des signes d'instabilité : la température et la pression fluctuent. Jeudi après midi, alors que la température n'était que de 218°C, la pression a commencé à monter. TEPCo essaye d'éviter à avoir à rejeter des gaz radioactifs pour faire baisser la pression.
Vendredi 25 mars, TEPCo a annoncé avoir commencé à injecter de l'eau douce dans le coeur de ce réacteur. En effet, l'eau salée risquait de gripper les pompes à terme. La pression semble s'être stabilisée. Le coeur avait 204,5 °C à 6h10 (heure locale).
De l'eau très radioactive a été trouvée dans le bâtiment abritant la turbine. Le niveau de contamination est proche de celui du réacteur n°3 : 3,8 milliards de becquerels par litre. Des informations plus complètes sont sur le site de la NISA . (Il faut multiplier par 1000 pour avoir des becquerels par litre).
Le défi est maintenant de pomper cette eau très contaminée du sous-sol sans trop exposer les intervenants. Cela a commencé dimanche 27 mars et l'eau sera mise dans une cuve.
Lundi 28 mars, on a appris que la veille, une galerie souterraine ("trench" en anglais et en japonais... qui se traduit par tranchée, mais le schéma du quotidien Asahi montre une galerie) contenant de l'eau extrêmement radioactive a été découverte à proximité du réacteur n°1. Une galerie similaire a été trouvée près du réacteur n°2, mais avec un débit de dose beaucoup plus élevé. Ici, il est de 0,4 millisieverts par heure à la surface de l'eau.
Cette galerie étant pleine, elle risque de déborder dans la mer. Il faut d'abord pomper toute cette eau et TEPCo n'a plus de cuve disponible. Le pompage risque de prendre beaucoup plus de temps que prévu. Et pendant ce temps, il n'est pas possible de remettre en route le système de refroidissement. TEPCo s'est empressée d'empiler des sacs de sable pour empêcher l'eau de couler vers la mer. En effet, le niveau de l'eau n'était que de 10 cm sous la surface du sol.
Le condenseur a une capacité de 1 600 tonnes et n'est pas encore plein.
TEPCo a reconnu pour la première fois que l'enceinte de confinement n'était peut être pas étanche. En effet, malgré l'injection d'eau, le niveau ne monte pas comme prévu. Selon des calculs faits par l'université de Kyoto, le dégagement de chaleur du coeur entraîne l'évaporation de 80 à 140 litres par minute.
Dans une note parue aux Etats-Unis le 28 mars, il est fait mention d'une mesure du 25 mars avec un taux de Chlore 38 dans le réacteur n°1 qui est trop élevé pour pouvoir être expliqué par le flux neutronique dû aux fissions spontanées. Est-ce dû à des petits évènements de criticité ? Une erreur de mesure ?
Mardi 29 mars à 2h, la température et la pression à l'intérieur de l'enceinte n'étaient pas stables. TEPCo a donc augmenté la quantité d'eau injectée dans la nuit de lundi à mardi pour réduire l'augmenation de température qui avait débuté samedi 26 mars. A 6h mardi, la température s'est stabilisée à 323,3°C, un peu plus bas que quelques heures auparavant.
Mercredi 30 mars, TEPCo a publié en anglais l'analyse de l'eau présente dans les galeries souterraines (il faut multiplier par 1000 pour avoir des becquerels par litre). La compagnie n'a pas pu mener à bien le pompage car la cuve destinée à recueillir l'eau s'est vite trouvée pleine. Le niveau de l'eau dans le bâtiment turbine aurait cependantdiminué de moitié, à 20 cm.
Jeudi 31 mars, de l'eau souterraine se révèle être très contaminée. Un échantillon d'eau prélevé mercredi à 15 mètres sous le réacteur 1 de la centrale a révélé un taux de 430 000 becquerels par litre en iode 131, soit "10 000 fois la limite". Il contient de nombreux autres radioéléments. Voir ici pour plus de détails.
Vendredi 1er avril, TEPCO a encore trouvé des erreurs dans ces données sur l'eau souterraine : elle a surestimé certaines contaminations. Celle en iode est correcte.
Dans une note parue aux Etats-Unis le 28 mars, il est fait mention d'une mesure du 25 mars avec un taux de Chlore 38 dans le réacteur n°1 qui est trop élevé pour pouvoir être expliquée par le flux neutronique dû aux fissions spontanées. Est-ce dû à des petits évènements de criticité ? Une erreur de mesure ?
Une vidéo en anglais diffusée depuis le 3 avril explique pourquoi la thèse de l'existence d'une réaction en chaîne périodique dans le réacteur n°1 est plausible. De fait la température de ce réacteur demeure instable.
Mardi 5 avril à 6h00 (heure locale) la température du réacteur était encore de 234°C. L'exploitant envisage d'injecter de l'azote pour diminuer les risques d'explosion hydrogène.
Jeudi 7 avril, l'exploitant a commencé à injecter de l'azote dans le coeur du réacteur et la pression a augmenté comme prévu. 200 m3 ont été injecté ce jour entre 1h30 et 9h50 (heure locale). Il est prévu d'en injecter 6 000 m3 dans les 6 jours à venir. Les deux autres réacteurs devraient suivre. Il se peut que les rejets gazeux augmentent, même s'il n'a pas été observé d'augmentation de la radioactivité ambiante. Les arrosages se poursuivent.
Etat actuel du réacteur
De l'eau de mer y est injectée régulièrement pour le refroidir. Depuis le 25 mars, c'est de l'eau douce qui est utilisée. 70% du coeur serait endommagé, selon l'exploitant. Selon des calculs faits par l'université de Kyoto, le dégagement de chaleur du coeur entraîne l'évaporation de 80 à 140 litres par minute. La chaleur dégagée sera moitié moindre dans six mois et sera à un tiers de la valeur actuelle dans un an.
Il est fort probable qu'une partie du coeur ait fondu au fond du réacteur, ce qui rend plus difficile son refroidissement.
Il y a de fortes chances pour qu'une réaction nucléaire en chaîne périodique persiste dans ce réacteur.
Selon la NISA (autorité de sûreté japonaise), des gaz radioactifs ont été relâchés une seule fois le 12 mars pour faire baisser la pression. De l'eau de mer continue à y être pompée. Depuis le 25 mars, c'est de l'eau douce qui est utilisée.
Le débit dose maximal enregistré le 14 mars au niveau de l'enceinte de confinement était de 162 sieverts par heure (non, il n'y a pas d'erreur d'unité !). Il est actuellement de 20 à 30 sieverts par heure. Il est donc impossible de s'en approcher : un intervenant atteindrait sa limite de dose en une minute environ.
Le condenseur a une capacité de 1 600 tonnes.
L'électricité est arrivée dans ce réacteur.
Réacteur n°3
Chronologie des évènements
La situation est aussi devenue inquiétante dans le réacteur n°3 dimanche 13 mars matin (heure japonaise). L'eau de refroidissement a aussi manqué. Le niveau d'eau aurait ensuite été rétabli.
Ce réacteur est chargé en MOx, combustible contenant plus de plutonium que le combustible classique. La température de fusion du MOX est aussi plus basse que celle du combustible classique. Un nouveau chargement de Mox devait quitter prochainement la France pour ce réacteur.
Lors d'une conférence de presse qui a eu lieu vers 17h30 heure japonaise dimanche 13 mars, l'autorité de sûreté japonaise a annoncé que de l'eau de mer a aussi été injectée dans ce réacteur et des gaz relargués. Elle n'exclue pas la présence de poches d'hydrogène pouvant entraîner une explosion comme pour le réacteur n°1.
De fait, deux explosions hydrogène ont aussi eu lieu dans le réacteur n°3, lundi 14 mars à 11h, heure locale. Il y aurait 11 blessés. L'enceinte de confinement n'aurait pas été endommagée.
Le niveau de débit dose au niveau de l'enceinte de confinement était de 167 sieverts par heure (non, il n'y a pas d'erreur d'unité !). C'est le maximum enregistré.
Les autorités japonaises ont déclaré dimanche, en début d'après midi (heure japonaise), qu'elles considéraient comme fort probable que la fusion du coeur ait eu lieu dans les réacteurs n°1 et 3 de la centrale de Fukushima dai-ichi. Même si elles ne peuvent pas le vérifier, elles travaillent actuellement avec cette hypothèse. Mardi 15 mars, la situation semblait stabilisée dans ces deux réacteurs.
D'après le Japan Times daté du 15 mars, dans la nuit de dimanche à lundi (à confirmer) l'injection d'eau de mer dans le réacteur n°3 a cessé entre 1h et 3h20 du fait du manque d'eau dans la citerne. Cela a entraîné un échauffement, une montée en pression et une augmentation du rayonnement. TEPCo a envisagé de relâcher de la vapeur radioactive pour faire baisser la pression et d'évacuer ses employés. Mais la pression a finalement baissé et les opérations ont repris.
Depuis mercredi 16 mars 10h (heure locale) de la fumée blanche est visible au dessus du réacteur n°3. Les niveaux de radioactivité ont augmenté soudainement jusqu'à 6,4 millisieverts/h et fluctuent ensuite autour de la valeur moitié. L'origine de cette vapeur d'eau radioactive a fait l'objet de toutes les spéculations :
- eau dans le bassin de suppression qui est sous le coeur pour recueillir les condensats ?
- fuite du coeur endommagé ?
Dans la soirée, les autorités se sont montrées plus rassurantes : il semblerait que ce soit de la vapeur provenant de la piscine de combustible. Si de la vapeur d'eau était visible, cela signifie que la température du bassin doit être élevée. Il ne doit plus en rester beaucoup. Il faut donc trouver un moyen d'ajouter de l'eau dans cette piscine, mais le rayonnement est trop élevé pour pouvoir approcher. Plusieurs solutions ont été recherchées et testées.
Jeudi 17 mars matin, des hélicopters de l'armée japonaise ont effectué 4 rotations pour arroser le réacteur n°3, mais le niveau de radiation n'a pas baissé. Leur survol était beaucoup plus élevé que lors du test de la veille au dessus du réacteur n°4 et donc le largage d'eau moins précis. Il faudrait plus d'une centaine de rotations pour remplir le bassin à un niveau minimal. Des camions pompiers sont ensuite arrivés sur le site en soutien. La pression dans le réacteur est toujours en hausse. A 16h, heure locale, de nouveaux camions de pompier avec un chargement d'eau sont arrivés. Dès que l'évacuation des personnels est terminée, ils vont commencer à asperger le réacteur n°3.
Mais, les premiers camions se sont révélés inopérants à cause du niveau de radioactivité. Cinq nouveaux camions anti-émeutes de l'armée qui peuvent être actionnés sans sortir de la cabine sont arrivés sur place pour prendre le relai. Cela représente 30 tonnes d'eau en tout. Il ne peuvent rester que très peu de temps sur place (90 secondes).
Depuis jeudi 17 mars au soir, la piscine du réacteur n° 3 est source d'inquiétude. Le panache de vapeur serait un signe que l'eau atteint bien les combustibles. La présence de MOx dans le coeur est une source d'inquiétude supplémentaire qui fait que ce réacteur nécessite plus d'attention. Vendredi 18 mars, la situation de la piscine semble stabilisée. Les arrosages à partir des camions anti-émeutes se poursuivent. 50 tonnes d'eau auraient été aspergées ce jour. Un canon à eau puissant a été prêté par l'armée américaine. Le même jour, le survol des réacteurs a confirmé que les niveaux d'eau dans les piscines n°3 et n°4 étaient bas.
Les pompiers de Tokyo ont aussi été impliqués car ils possèdent un camion qui peut arroser sur une hauteur de 22 mètres à un débit de 3,8 tonnes d'eau par minute. Ce camion, utilisé pour les incendies dans les grands bâtiments, peut être actionné à distance, sans exposer les pompiers. D'autres camions l'alimentent en eau. Mais, le plein de diesel doit être fait deux ou trois fois sur une intervention de 7 heures. D'autres pompiers d'autres grandes villes pourraient aussi intervenir.
Ces opérations ont continué au cours de la journée de samedi 19 mars et la situation semblait se stabiliser. Dimanche 20 mars, les autorités ont annoncé avoir aspergé 2 000 tonnes d'eau dans la piscine du réacteur qui ne peut en contenir de 1 400 tonnes.
Un hélicoptère de l'armée a survolé la centrale dimanche 20 pour mesurer la température. Dimance matin, la pression a recommencé à monter dans le coeur. Elle semble s'être stabilisée dans l'après-midi, après avoir relâché des gaz radioactifs. La température du coeur serait de 128°C. Celle de la piscine est inférieure à 100°C.
De la fumée a été vue lundi 21 mars, entraînant l'évacuation d'une partie des personnels, sans que l'origine soit connue. Cette fumée a disparu vers 18h (heure locale). Les pompiers encore aspergé de l'eau auparavant, pendant 6 heures trente minutes. La quantité totale d'eau pour la piscine de ce réacteur s'élève à 3 700 tonnes.
Mardi 22 mars, l'électricité a été rétablie. Chaque pièce doit maintenant être contrôlée avant d'être mise sous tension qui devrait commencer jeudi. La lumière de la salle de contrôle a été rétablie mardi 22. De grandes quantités d'eau ont encore été aspergées au dessus de la piscine.
Mercredi 23 mars, de la fumée a de nouveau été aperçue au-dessus du réacteur vers 16h40 (heure locale) et a entraîné encore une fois une évacuation temporaire des ouvriers et l'arrêt de l'arrosage de la piscine. La situation serait redevenue normale une heure plus tard. LA NISA évoque l'hypothèse de lubrifiants ayant pris feu.
Les niveaux de radioaction, quant à eux, n'ont pas changé. La température du coeur, maintenant connue grâce au retour de l'électricité, dépasse la valeur maximale estimée à la conception, mais resterait stable autour de 305°C.
Jeudi 24 mars, la piscine est toujours arrosée. 3 ouvriers ont été sévèrement irradiés alors qu'ils posaient un cable dans le bâtiment réacteur n°3. Deux ont été conduits à l'hôpital pour des brûlures aux pieds causées par le rayonnement bêta. Les doses reçues iraient de 173 à 180 millisieverts. De l'eau fortement contaminée serait entrée en contact avec leur peau, malgré les protections. Les deux personnes hospitalisées n'avaient pas de bottes. Le troisième en avait et n'a pas été contaminé. Le rayonnement à la surface de la flaque d'eau atteignait 400 millisieverts par heure, alors qu'il y avait 200 millisieverts par heure dans l'air. Quand le site avait été inspecté la veille, il n'y avait pas d'eau et les niveaux d'irradiation de quelques millisieverts par heure.
Vendredi 25 mars, la forte contamination de l'eau (3,9 milliards de becquerels par litre) dans le réacteur n°3 qui a conduit deux ouvriers à l'hôpital semble indiquer que de l'eau fuit de l'enceinte de confinement qui ne serait donc pas étanche. Neuf radioéléments différents ont été identifiés dans cette eau, dont de l'iode 131, du cérium 144 et du césium 137. Une telle contamination ne peut s'expliquer que par du combustible fondu qui est entré en contact avec l'eau. Des informations plus complètes sont sur le site de TEPCo . (Il faut multiplier par 1000 pour avoir des becquerels par litre).
La NISA (ASN japonaise) a indiqué qu'il y a de fortes chance que le réacteur soit endommagé. Il faut encore trouver comment de l'eau aussi radioactive a pu arriver dans les sous-sols du réacteur. Les autorités ont donc encouragé les habitants confinés dans la zone comprise entre 20 et 30 km autour de la centrale à évacuer car les rejets radioactifs vont continuer pendant longtemps. La NISA a plus tard démenti cette information, indiquant qu'aucun paramètre comme la pression, ne confirmait cette option. L'origine de la fuite n'est toujours pas connue.
Dans sa note quotidienne datée du 24 mars, l' IRSN évoque aussi que "l'enceinte de confinement ne semble plus étanche selon les indications de pression ; cette perte d'étanchéité serait à l'origine de rejets radioactifs "continus" non filtrés dans l'environnement."
4 000 tonnes d'eau auraient été aspergées sur la piscine du réacteur n°3 à ce jour, soit 5 fois plus que pour chacune des autres piscines.
Dans la soirée, TEPCo a annoncé avoir commencé à injecter de l'eau douce dans le coeur de ce réacteur. En effet, l'eau salée risquait de gripper les pompes à terme.
Le défi est maintenant de pomper l'eau très contaminée du sous-sol sans trop exposer les intervenants. Il est prévu de mettre l'eau dans une cuve. Le condenseur a une capacité de 3 000 tonnes et est plein.
Lundi 28 mars, TEPCo a reconnu pour la première fois que l'enceinte de confinement n'était peut être pas étanche. En effet, malgré l'injection d'eau, le niveau ne monte pas comme prévu.
Mardi 29 mars, TEPCo envisage de vider le condenseur vers d'autres cuves extérieure situées au sud du réacteur n°4, pour ensuite pomper l'eau qui stagne dans le bâtiment qui abrite la turbine dans le condenseur. Le niveau de l'eau dans les galeries souterraines est à environ 1,5 sous le niveau du sol. TEPCo n'a donc pas empilé des sacs de sable pour le moment.
Mercredi 6 avril, TEPCo a annoncé avoir estimé que 25% du coeur serait endommagé. Elle se base pour cela sur les taux de xénon et krypton mesurés à proximité du réacteur. Elle n'en sait pas plus sur l'étendue et la nature des dommages.
Etat actuel du réacteur
Ce réacteur est chargé avec du MOx, un combustible plus dangereux que le combustible classique. Le coeur de 548 grappes est partiellement fondu. 25 à 30% du coeur serait endommagé.
Selon le Prof. Koide, de l'université de Kyoto, les barres de combustibles dans le coeur dégagent environ 6 000 kilowatts sous forme de chaleur. Cela devrait passer à 3 000 kilowatts dans 6 mois et 2 000 kilowatts dans un an.
Selon la NISA (autorité de sûreté japonaise), des gaz radioactifs ont été relâchés trois fois les 12, 13 et 14 mars pour faire baisser la pression. De l'eau de mer continue à y être pompée. Depuis le 25 mars, c'est de l'eau douce qui est utilisée.
Malgré les pompages, la jauge indiquant le niveau d'eau n'a pas bougé : elle ne doit peut-être plus fonctionner. L'appareil de mesure de la pression dans la chambre de suppression ne fonctionne plus depuis lundi 14 mars, sans que l'on sache pourquoi.
Le débit dose maximal enregistré le 14 mars au niveau de l'enceinte de confinement était de 167 sieverts par heure (non, il n'y a pas d'erreur d'unité !). Il est actuellement de 20 à 30 sieverts par heure. Il est donc impossible de s'en approcher : un intervenant atteindrait sa limite de dose en une minute environ.
L'électricité d'origine extérieure au site est maintenant disponible pour ce réacteur.
Le condenseur a une capacité de 3 000 tonnes et est plein.
La piscine contient 514 assemblages de barres de combustible usé et 52 de combustible neuf. Elle est à moitié pleine. La chaleur émise n'est que de 10% de celle émise dans la piscine du réacteur n°4 . Elle a probablement des fuites et c'est pour cela qu'elle a été plus arrosée que les autres.
Réacteur n°2 |
Chronologie des évènements
Dimanche 13 mars au soir (heure japonaise), des préparatifs sont en cours pour injecter de l'eau de mer dans le réacteur n°2 de la centrale de Fukushima dai-ichi. Lundi 14 mars après midi le porte-parole du gouvernement a annoncé qu'il n'y avait plus aucun système de refroidissement fonctionnel dans le réacteur n°2 et que la pression montait dans l'enceinte. Le toit du bâtiment réacteur a été percé lors de l'explosion du bâtiment voisin, permettant d'éviter l'accumulation d'hydrogène et une explosion. Les barres de combustible dans ce réacteur seraient complètement sorties de l'eau. TEPCo se veut rassurante en disant qu'ils ajoutent de l'eau dans le réacteur, mais ne peut pas dénier que le coeur ait commencé à fondre. On ne sait pas exactement combien de temps les barres sont restées hors de l'eau ni la température qu'elles ont atteinte. Il est fait mention de 2 heures et demie. Le seul employé qui s'occupe de la pompe ne se serait pas rendu compte qu'elle manquait du fuel. Un peu plus tard, les autorités ont annoncé que l'eau de mer a atteint un niveau de 2 mètres dans le coeur. Les barres font 4 m.
La situation dans le réacteur n°2 s'est aggravée dans la nuit de lundi à mardi. Le niveau de l'eau a de nouveau baissé. Des chiffres de 3 millisievert par heure ont été annoncés à la télévision japonaise durant la nuit de lundi à mardi (heure locale). La fusion du coeur de réacteur est très probable. Les opérations de pompage ont repris mardi matin très tôt. A 3h, heure locale, la pression a baissé, mais TEPCo ne peut pas confirmer que les barres de combustible sont bien noyées. Des valves pour la vapeur se seraient fermées sans que l'on comprenne pourquoi. Il se pourrait aussi que l'eau fuit de l'enceinte de confinement. Bref, l'eau ne semble pas monter aussi vite qu'attendu.
Mardi 15 mars matin à 6h10, une nouvelle explosion a été entendue et il est probable que l'enceinte de confinement du réacteur n°2 soit endommagée. La "chambre de suppression" qui sert à réguler la pression si la vapeur ne peut pas être conduite correctement à la turbine, est endommagée. Selon les autorités, la situation demeure incertaine dans ce réacteur.
Mardi, il a été annoncé que l'enceinte de confinement n'était plus étanche. Ce réacteur relargue des gaz radioactifs de façon incontrôlée. L'appareil de mesure de la pression dans la chambre de suppression ne fonctionne plus depuis l'explosion.
Le niveau de débit de dose maximal a été enregistré ce jour là à 138 sieverts par heure.
Mercredi 16 mars, la température semble stabilisée.
Jeudi 17 mars, de la vapeur a été aperçue au dessus du réacteur n°2 laissant présager que la piscine se soit aussi mise à bouillir.
TEPCo espérait rétablir l'électricité dans ce réacteur vendredi 18 ou samedi 19 mars. C'est la priorité n°1 pour l'alimentation électrique, car le toit n'ayant pas explosé, il est difficile d'y verser de l'eau dans la piscine depuis l'extérieur. Un cable électrique a été connecté Samedi 19 mars au réacteur n°2 pour relancer les systèmes de refroidissement, mais le courant n'a pas encore été établi. L'électricité est arrivée dimanche 20 mars à 3h46 (heure locale), mais il faut s'assurer de la qualité des circuits électriques avant de les remettre sous tension pour ne pas ajouter un accident électrique. Ils vont commener par rebrancher les détecteurs de radioactivité, la lumière... avant d'essayer de remettre en marche les pompes pour le coeur et la piscine. TEPCo espère aussi pouvoir remettre en route les systèmes de ventilation et les filtres afin de limiter les rejets radioactifs.
Les pompes électriques en place, si elles marchent, sont plus puissantes que les pompes amenées sur le site. Mais la pompe électrique qui pourrait refroidir la piscine du réacteur n°2 chauffe et doit aussi être refroidie avec une autre pompe qui doit, elle-aussi, être opérationnelle...
Ces conditions font qu'il est difficile d'établir un calendrier prévisionnel. D'autant plus que des pièces ont sûrement été endommagées lors de l'explosion qui a eu lieu au niveau de la piscine de suppression.
De la vapeur d'eau a été vue au dessus du réacteur n°2 lundi 21 mars vers 18h20 (heure locale). Elle vient s'ajouter à la fumée vue sur les réacteur n°3 et a retardé les opérations de rétablissement de l'électricité. La radioactivité a soudainement augmenté avant de redescendre. Dans la matinée, les pompiers ont giglé de l'eau dans la piscine de ce réacteur pendant 2 heures environ.
Mardi 22 mars, deux ouvriers travaillant sur le rétablissement du circuit électrique ont été blessés et ont dû être hospitalisés. Ce n'est pas un problème d'irradiation.
TEPCo espère remettre sous tension certains équipements à partir de mercredi 23 mars. Le même jour, la NISA (Autorité de Sûreté japonaise) a expliqué qu'il y a deux jours, le rayonnement était de 500 millisieverts par heure dans la salle des machines, rendant difficile le rétablissement de l'électricité dans la salle de contrôle. Une valeur de 720 millisieverts par heure a été détectée dans le bâtiment de la turbine vendredi dernier. La compagnie n'a donc pas pu redémarrer la pompe du système de refroidissement. La température du coeur varie entre 102 et 109°C.
Vendredi 25 mars, de l'eau très radioactive a été trouvée dans le bâtiment abritant la turbine.
Samedi 26 mars, TEPCo a pu allumer la lumière dans la salle de contrôle de ce réacteur et de l'eau douce additionnée de bore est maintenant utilisée.
Dimanche 27 mars, TEPCo a trouvé une flaque extrêmement radioactive dans les sous-sols du réacteur : le débit de dose de 1 sievert par près de sa surface (les autres données étaient en micro- ou milli-sieverts par heure...). La personne qui a découvert la flaque s'est enfuie immédiatement sans effectuer une mesure de confirmation, ce qui est naturel. Le réacteur a été évacué et l'accès à la pièce contaminée est impossible. Une contamination de l'eau de 2,9 térabecquerels par litre est évoquée (1 téra becquerel correspond à un million de millions de becquerels). C'est 1 000 fois plus que ce qui a été trouvé dans les réacteurs n°1 et 3 et c'est 100 000 fois plus que ce que l'on trouve habituellement dans l'eau des réacteurs.
Cette eau a été en contact direct avec le combustible fondu. Comment est-elle arrivée là ? Confirmation de la non-étanchéité de l'enceinte de confinement ?
Plus tard dans la journée, TEPCo a annoncé qu'elle avait fait une erreur. Les chiffres ci-dessus sont corrigés. Mais, TEPCo avait initiallement annoncé avoir détecté de l'iode 134 à une concentration de 2,9 térabecquerels par litre. Comme cet élément a une demi-vie de 53 minutes, cela aurait signifié que la fuite était récente. TEPCo a ensuite démenti : il n'y a pas cet élément dans l'eau. En revanche, l'iode 131 et le césium 137 sont bien présents à des fortes concentrations. Le détail est disponible ici en anglais.
Le défi est maintenant de pomper cette eau sans trop exposer les intervenants. Il est prévu de mettre l'eau dans une cuve.
Lundi 28 mars, le gouvernement a admis officiellement que le coeur du réacteur a fondu partiellement et sa principale crainte est qu'une fuite de grande ampleur se produise, contaminant la mer et condamnant définitivement l'accès au sol sol du réacteur. D'autant plus qu'une réplique de 6,7 sur l'échelle de Richter a de nouveau secoué la province de Miyagi (avec Sendai comme capitale) dans la matinée.
La veille, une une galerie souterraine ("trench" en anglais et en japonais... qui se traduit par tranchée, mais le schéma du quotidien Asahi montre une galerie) contenant de l'eau extrêmement radioactive a été découverte à proximité du réacteur n°2 : le débit de dose est de 1 Sv par heure (1 000 millisieverts par heure !). Il est de 200 à 300 millisieverts par heure dans l'air à proximité. Une galerie similaire a été trouvée près du réacteur n°1.
Cette galerie étant pleine, elle risque de déborder dans la mer. Il faut d'abord pomper toute cette eau et TEPCo n'a plus de cuve disponible. Le condenseur, d'une capacité de 3 000 tonnes, est plein.
TEPCo a reconnu pour la première fois que l'enceinte de confinement n'était peut être pas étanche. En effet, malgré l'injection d'eau, le niveau ne monte pas comme prévu.
C'est en fait tout le bâtiment générateur qui est inondé par de l'eau contaminée. Il est impossible de remettre en route les turbines et donc le refroidissement dans que l'eau n'a pas été pompée et il y en a de grandes quantités. Le niveau de l'eau dans les galeries souterraines est à environ 1 sous le niveau du sol. TEPCo n'a donc pas empilé des sacs de sable pour le moment.
Dimanche 27 mars, TEPCo a réduit de de 17 tonnes par heure à 7 tonnes par heure, la quantité d'eau injectée dans le réacteur. La température est alors passée de 125 °C dimanche à 148°C à 19h lundi 28 mars et à 152°C à 2h mardi 29 mars.
Samedi 2 avril, TEPCo annoncé avoir découvert une fissure d'une vingtaine de centimètres dans une fosse du réacteur n°2 entraînant une fuite d'eau très contaminée vers la mer. Le débit de dose à la surface de l'eau qui fuit est de 1 sievert par heure (1 000 millisieverts par heure !). A la demande de l'autorité de sûreté, l'exploitant compte colmater la fuite avec du béton le plus rapidement possible et inspecter les autres réacteurs. La fosse est à proximité d'une prise d'eau utilisée pour pomper de l'eau de mer dans le réacteur. Ses dimensions sont 1,2 m x 1,9 sur une profondeur de 2 m. Elle sert habituellement à stocker des cables et elle directement reliée au bâtiment réacteur via une galerie souterraine permettant de faire passer des cables. Il se peut donc que l'eau contaminée vienne directement du réacteur. La galerie en question ici n'est pas la même que celle qui sert à faire passer des tuyaux et où l'on a trouvé de l'eau aussi contaminée. Bien que ces deux galeries soient connectées, on n'avait pas trouvé d'eau dans celle des cables car elle est plus élevée. Combien d'eau a fui par là et pendant combien de temps ? Personne ne sait pour le moment. Lire le communiqué de TEPCo en anglais .
L'eau de cette fosse serait contaminée à 5,2 à 5,4 milliards de becquerels d'iode 131 par litre.
Dimanche 3 avril, TEPCo a commencé à injecter un polymère absorbant mélangé à de la sciure et du papier dans la fissure. Les tuyaux menant à la fosse devraient suivre. Ce polymère, similaire à ce qui est utilisé dans les couches-culottes, peut absorber 50 fois son volume. Mais, l'eau radioactive continue à couler dans la mer malgré les efforts de TEPCo de colmater la fuite avec du béton, puis des polymères. Le béton n'a pas pris dans l'eau. Près de 60 kg de sciure et papiers additionnés de 8 kg de polymère ont été injectés en vain.
Voir la photo de la fuite sur le site du quotidien Asahi.
Lundi 4 avril, TEPCo a injecté 13 kg de colorant dans les galeries souterraines inondées à 7h (heure locale), mais à à 11h, rien n'était encore sorti au niveau de la fuite.
Mardi 5 avril, TEPCo a annoncé avoir prélevé, devant le réacteur n°2 le samedi précédent, un échantillon d'eau de mer qui avait une concentration en iode 131 qui était à 7,5 millions de fois la limite. Le débit de la fuite du réacteur n°2 semble diminuer. TEPCo y voit un signe d'encouragement : ses dernières tentatives de la colmater en injectant 1 500 litres de silicate de sodium.
Mercredi 6 avril, TEPCo a annoncé avoir trouvé le chemin suivi par l'eau et à 5h38, la fuite du réacteur n°2 a été colmatée.
Samedi 9 avril, TEPCo a commencé à construire une clôture en acier pour retenir d'éventuelles fuites vers la mer. Ils ont commencé par la zone du réacteur n°2 où il y avait eu la fuite.
Le Yomiuri rapporte que des experts de la NRC (autorité de sûreté américaine), le réacteur n°2 serait plus endommagé que ce que l'on pensait. Du combustible fondu serait probablement sorti de la cuve pour s'accumuler au fond de l'enceinte de confinement. Ce sont les niveaux de radioation à proximité qui l'induisent à cette conclusion. L'autorité de sûreté japonaise a précisé que cela ne correspondait pas à son point de vue sur la question.
Dimanche 10 avril, TEPCo a annoncé commencer à pomper l'eau très contaminée des sous-sols du réacteur. Il y a une certaine urgence car le niveau monte et risque de déborder. L'eau est introduite dans le condenseur de 3 000 tonnes qui a fini d'être vidé la veille.
Etat actuel du réacteur
TEPCo pense qu'environ 30 à 33% du combustible du réacteur n°2 est endommagé suite à un début de fusion.
Selon le Prof. Koide, de l'université de Kyoto, les barres de combustibles dans le coeur dégagent environ 6 000 kilowatts sous forme de chaleur. Cela devrait passer à 3 000 kilowatts dans 6 mois et 2 000 kilowatts dans un an.
Selon la NISA (autorité de sûreté japonaise), des gaz radioactifs ont été relâchés une seule fois le 13 mars pour faire baisser la pression. Une tentative a eu lieu le 15 mars pour faire baisser la pression, mais il n'est pas sûr que cela ait entraîné un relâchage de gaz radioactifs. Il est possible que l'enceinte de confinement soit abimée et que des gaz radioactifs sortent en continu.
De l'eau de mer continue à y être pompée. Depuis samedi 26 mars, c'est de l'eau douce qui est utilisée. L'électricité est arrivée au réacteur n°2 qui n'a pas encore été mis sous tension.
Le niveau de débit de dose maximal a été enregistré le 15 mars à 138 sieverts par heure. Il est actuellement de l'ordre de 20 à 30 sieverts par heure près du coeur. Il est donc impossible de s'en approcher : un intervenant atteindrait sa limite de dose en une minute environ.
Le condenseur a une capacité de 3 000 tonnes et est plein.
Réacteur n°4 |
Chronologie des évènements
Ce réacteur était arrêté depuis novembre 2010, c'est à dire bien avant le tremblement de terre de vendredi 11 mars. L'eau de refroidissement du bassin avec le combustible usé s'est évaporée. Le combustible s'est échauffé, il y a eu une explosion d'hydrogène mardi 15 mars matin à 9h40 (heure locale), suivie d'un incendie. Le niveau de radioactivité à proximité des réacteurs a atteint les 400 millisieverts. L'incendie a finalement été maîtrisé et les niveaux de radioaction ont baissé.
Des niveaux de quelques microsieverts par heure ont été détectés à des dizaines de kilomètres de l'incendie. Les vents étaient dirigés vers les terres et le temps était à la pluie et neige. Un niveau de radioactivité légèrement supérieur à la normale a également été relevé mardi à la mi-journée à Tokyo ainsi qu'en extrême-orient russe.
Toutes les personnes (sauveteurs...) ont été évacuées dans un rayon de 20 km. Les personnes confinées dans un rayon de 30 km.
Les consignes de protection et de confinement tournent en boucle sur la télévision japonaise.
Il semblerait que de nombreuses personnes ont commencé à s'éloigner le plus loin possible de la centrale de Fukushima dai-ichi par tous les moyens de transports disponibles.
Mardi 15, vers 22h (heure locale), il a été annoncé que le niveau de radioactivité dans la salle de contrôle du réacteur n°4 est devenu trop élevée pour que les ingénieurs puissent y effectuer un travail normal. Ils ne peuvent pas rester longtemps et doivent effectuer des va-et-vient. Cela menacerait les opérations de pompage dans la piscine de combustibles usés. Tepco a évacué 750 employés du site de Fukushima, où il ne reste que 50 ingénieurs et techniciens. Actuellement, ils seraient 180 à la centrale, même s'ils ont dû se réfugier pendant un temps mercredi.
L'exploitant TEPCo semble complètement dépourvu face à la situation. La compagnie a étudié l'option d'utiliser un hélicoptère pour arroser la piscine, mais mercredi 16 mars matin, TEPCo a annoncé avoir abandonné cette idée trop compliquée. En effet, un hélicoptère ne peut transporter qu'une petite quantité d'eau à la fois.
La température à l'intérieur de la piscine est inconnue. Lundi, elle était de 84°C, plus du double de la normale. Le niveau d'eau a aussi diminué. Il se peut qu'il n'y ait plus d'eau.
TEPCo est sans nouvelles de deux techniciens après l'explosion. IIs se trouvaient dans le secteur de la turbine du réacteur n°4.
Mercredi vers 6h00, heure locale, un incendie s'est à nouveau déclaré dans la piscine de combustibles usés. Une demie-heure plus tard, le feu semble éteint. Vers 17h, un hélicoptère de l'armée a décollé pour arroser la piscine et mesuré la radioactivité. Il a fait demi-tour à cause du niveau trop élevé de radioactivité, la dose limite pour l'armée ayant été atteinte. Il a cependant pu observer qu'il restait de l'eau dans la piscine, ce qui laisse un peu de temps pour réagir.
Une tentative de refroidissement avec des lances de pompier devait démarrer jeudi 17 mars matin (heure japonaise). Il faut d'abord évaluer la distance optimale en terme de radiation et apporter de l'eau en quantité suffisante. Puis, c'est la piscine du réacteur n°3 qui a été prioritaire.
Il se peut que l'armée aide à arroser la piscine du réacteur n°4 menaçante et actuellement inaccessible à cause des niveaux de radioactivité. Les Etats-Unis, qui ont d'importantes bases militaires dans le pays, vont fournir de nouvelles pompes puissantes. En effet, l'eau de mer dégrade vite les pompes et il en faut de secours sous la main.
Jeudi soir, les piscines des réacteurs 3 et 4 retenaient encore toute l'attention. Mais, vendredi 18 mars, la situation semble stabilisée. Bref, les informations contradictoires se succèdent.
TEPCo espérait rétablir rétablir l'électricité avant dimanche 20 mars sur ce réacteur.
80 tonnes d'eau ont enfin été aspergées dans la piscine à partir de dimanche 20 mars matin pour la première fois. L'opération a duré une heure. L'armée a repris les opérations dimanche vers 18h20 (heure locale). Elle compte aussi enlever des décombres et débris radioactifs qui gènent les opération à l'aide de tanks. Les opérations de déblaiement ont débuté lundi 21 mars.
Lundi 21 mars, TEPCo a réussi à tirer un cable électrique jusqu'au réacteur n°4. L'electricité est arrivée mardi 22 mars à 10h35. Chaque pièce doit maintenant être contrôlée avant la mise sous tension qui devrait commencer jeudi. De grandes quantités d'eau ont encore été aspergées au dessus de la piscine (150 tonnes avec une pompe allemande).
Jeudi 23 mars, de l'eau est toujours aspergée dans la piscine. La lumière serait revenue dans la salle de contrôle.
Dimanche 27 mars, on apprend que l'eau de la piscine est aussi contaminée, mais pas autant que ce qui a été trouvé dans les flaques des réacteurs 1, 2 et 3.
Mardi 12 avril, un feu s'est déclenché près de la station de prélèvement du réacteur n°4 située au bord de la mer. Il a rapidement été maîtrisé et il n'y aurait pas eu d'augmentation du niveau de radioactivité de détectée.
Etat actuel du réacteur
Le coeur du réacteur est vide. Seule l'armature métallique du bâtiment est encore en place. On craint la reprise d'une réaction nucléaire en chaîne dans la piscine qui contient 783 grappes de barres de combustible usés plus 584 grappes partiellement utilisées. Ces dernières ont été retirées du coeur pour y remplacer une pièce. Ce sont elles qui sont la principale source de chaleur dans la piscine.
Il y a environ deux millions de kilocalories par heure de chaleur qui est générée dans cette piscine, soit trois fois plus que dans les piscines des réacteurs 1 et 3 réunis. Un simple calcul permet de montrer que l'eau de la piscine augmente de 2°C par heure si elle n'est pas refroidie. Si le système de refroidissement peut être remis en route, la température pourra être maintenue en dessous de 40°C. Sans lui, il faut environ une journée pour que la piscine commence à bouillir et une dizaine de jours pour évaporer complètement l'eau.
Le condenseur n'est pas plein.
Réacteurs 5 et 6 |
Etat actuel des réacteurs
Comme le réacteur n°4, les réacteurs 5 et 6 étaient arrêtés avant le séisme. Mais après les évènements dans les autrs réacteurs, leur surveillance des réacteurs a été renforcée : le refroidissement ne semble pas fonctionner correctement. A la différence du réacteur n°4 où tout le chargement était dans la piscine d'entreposage, il n'y en a qu'un tiers dans les piscines des 2 autres réacteurs arrêtés. La température y est plus élevée que la normale.
Les toits de ces deux réacteurs ont été percés samedi 19 mars pour éviter une accumulation d'hydrogène et une explosion. Un générateur électrique a pu être réparé sur le réacteur 6 et alimente une pompe de refroidissement des deux piscines de combustible. Dimanche 20 mars matin, la température a commencé à baisser. A 7h (heure locale), elle était de 37,1 et 41 °C respectivement. Enfin une bonne nouvelle !
Les combustibles usés de la piscine du réacteur n°5 constituent la deuxième plus forte source de chaleur de la centrale. La piscine est remplie au deux tiers, mais la quantité de chaleur émise représente un quart de celle émise par les combustibles de la piscine du réacteur n°4.
L'électricité extérieure est arrivée lundi 21 mars à 11h30 (heure locale) au réacteur n°5 et a pu prendre le relais du générateur de secours 90 minutes plus tard.
La température des coeurs de ces deux réacteurs semble stabilisée en dessous de 100°C et celle des piscines à des niveaux normaux.
Radioactivité au Japon |
Dans une note publiée le dimanche 13 mars à 19h, l' IRSN "craint que des rejets très importants se soient produits en même temps que l'explosion". La télévision japonaise a diffusé des images de radiamètres saturant dans une mairie proche du réacteur qui a explosé. Le discours officiel est toujours rassurant. On ne voit aucune image de personne en shadok ou se protégeant des radiations dans les médias japonais, contrairement aux médias étrangers.
Suite aux évènements du mardi 15 mars, le gouvernement a ordonné à toutes les préfectures de rendre publiques les données de mesure de la radioactivité. De fait, de nombreuses données sont apparues sur Internet. Nous donnons quelques liens en anglais ci-dessous. Il y en a beaucoup plus en Japonais.
Attention, les chiffres sont donnés en microsieverts par heure. Pour rassurer, les autorités japonaises donnent les doses reçues lors de certains actes médicaux à titre de comparaison. Mais ces doses sont données en microsieverts. Ce n'est donc pas directement comparable.
Les niveaux de radioactivité ambiante (débits de dose) évoluent très vite et fluctuent en fonction de la météo. De nombreux sites japonais recensent des données.
Voici quelques sites en anglais :
- à Wako dans la banlieue de Tokyo, laboratoire RIKEN
- au niveau de la centrale de Monju dans la préfecture de Fukui
- en différents points du pays
- les maxima sont répertoriés sur une carte
Il y en a beaucoup plus en japonais. Nous consulter. Pour la journée du 17 mars dans la préfecture de Fukushima, voir par exemple ici .
A titre de comparaison, le bruit de fond naturel est autour de 0,05 microsieverts/h.
Des mesures de la composition du panache des centrales sont disponibles en ligne en anglais. Mise en ligne du 18 mars et du 23 mars . Seuls les émetteurs gamma sont donnés.
L’IRSN a publié une évaluation de la radioactivité rejetée par la centrale de Fukushima Dai-ichi jusqu’au 22 mars 2011 :
Gaz rares : 2 10+18 Bq ;
Iodes : 2 10+17 Bq ;
Césiums : 3 10+16 Bq ;
Tellures : 9 10+16 Bq.
Plus de détails ici . Cela représente grosso modo 10% des rejets de Tchernobyl. Mais, un Institut Autrichien de météorologie ( ZAMG ) donne un terme source plus élevé et l'estime à 20% des rejets de Tchernobyl pour l'iode et à 50% pour le césium.
La NISA a estimé que la quantité d'iode relâchée par la centrale de Fukushima dai-ici entre le 12 mars 6h00 et le mercredi 23 mars minuit devait être comprise entre 30 000 et 110 000 térabecquerels. (1 térabecquerel correspond à 10 12 bequerels, soit un million de millions). A Tchernobyl, ces rejets ont été estimés à 1,8 millions de térabecquerels.
Lundi 21 mars, de fortes activités ont été détectées à Hitachinaka (Ibaraki) à 120 km au Sud Ouest de la centrale : 13 000 becquerels de césium-137 par mètre carré. Mais la NISA (ASN Japonaise) s'est voulue rassurante : c'est un tiers de la limite pour les personnes vivant en zones contaminées qui est de 40 000 Bq/m2. Pour l'iode 131, la valeur était de 93 000 becquerels par mètre carré, soit le double de la limite.
Il n'est toujours pas question d'étendre la zone d'évacuation et la zone de confinement.
Le mardi 22 mars, le journal Asahi indique qu'à l'hôpital d'Iwaki dans la province de Fukushima, il manque un peu près 30% des médecins et infirmières, ce qui pose un problème face à l'afflux de patients. Ils se seraient enfuis par crainte des radiations.
Lundi 4 avril, les média ont découvert que la météo japonaise calculait une à deux fois par jour une prédiction précise de la dispersion des polluants radioactifs, transmettait ces informations à l'AIEA, mais ne la rendait pas publique... Suite au tollé provoqué par cette révélation, le gouvernement japonais a ordonné à la météo de rendre publique ses prédictions.
Mardi 12 avril, la NISA a réévalué l'accident de Fukushima au niveau 7, comme à Tchernobyl. Elle a précisé que les rejets ont dépassé les 10 000 térabecquerels par heure pendant plusieurs heures (1 térabecquerel = 10 12 becquerels = 1 million de millions de becquerels). Les rejets seraient actuellement inférieurs au térabecquerel par heure. Elle estime la quantité rejetée par les réacteurs n°1 à 3 entre 370 000 et 630 000 terabecquerels. Une grande partie semble venir du réacteur n°2 endommagé par une explosion. Les rejets auraient culminé les 15 et 16 mars.
TEPCo a expliqué que les rejets ne sont pas encore maîtrisé et qu'elle craint, qu'in fine, la quantité totale rejetée dépasse celle de Tchernobyl.
-> Pour en savoir plus, voir la radioactivité expliquée aux enfants .
Mercredi 16 mars, des traces de césium et d'iode ont été découvertes dans le réseau d'approvisionnement en eau de Fukushima. Plus tard dans la journée, il n'y avait plus de césium ni d'iode.
Il est important de préciser que la plupart des captages pour l'eau potable au Japon se font dans les rivières ou lac. Le transfert des retombées radioactives à l'eau du robinet est donc rapide. Samedi 19 mars, de l'iode radioactif a été détecté dans l'eau du robinet dans les villes au voisinage de la centrale et à Tokyo. Le ministère de la santé a pécisé que ces niveaux étaient en dessous de la limite admissible fixée par le gouvernement japonais (limite fixée à 300 Bq/L pour l'iode dans l'eau et le lait). Par exemple, 77 becquerels par litre d'eau à Tochigi, 2,5 bq/l à Gunma, 0,62 bq/l à Saitama, 0,79 bq/l à Chiba, 1,5 bq/l à Tokyo et 0,27 bq/l à Niigata. Cependant, il a été mesuré à un niveau supérieur à la norme dans la ville de Kawamata, située à 45 km au Nord Ouest de la centrale a annoncé samedi le ministère de la santé.
Du césium radioactif a également été mesuré dans l'eau du robinet des villes de Tochigi (1,6 Bq/l) and Gunma (0,22 Bq/l), proche de la préfecture de Fukushima.
Le mardi 22 mars, le ministère de la santé a ordonné à 5 municipalités de la province de Fukushima de recommander aux résidents de ne pas donner de l'eau du robinet aux enfants car la concentration en iode dépasse la limite maximale admissible pour les bébés qui est de 100 becquerels par litre. (300 pour les enfants et les adultes). 120 becquerels par litre ont été mesurés à Date lundi 21, 150 bq/l à Koriyama, 220 bq/l à Minamisoma et 130 bq/l à Kawamata.
Mercredi 23 mars, la limite en iode pour les bébés dans l'eau du robinet a aussi été dépassée à Tokyo. Il y avait 210 becquerels par litre à une station de purification de l'eau. Les supermarchés ont immédiatement vendu tous leurs stock d'eau en bouteille. La municipalité a donc annoncé qu'elle allait distribuer 240 000 bouteilles aux familles avec enfant. Des experts ont signalé que la quantité d'iode peut être réduite en faisant bouillir l'eau. 1,5 litre par enfant et par jour est donné.
Vendredi 25 mars matin, des contaminations en iode proches de la contamination maximale autorisée pour les adultes fixée à 300 becquerels par litre en plusieurs endroits du pays. A Tokyo les niveaux dans l'usine de purification qui avaient dépassé la limite pour les bébés sont redescendus à 79 Bq/l jeudi et 51 Bq/l vendredi.
Samedi 26 mars, la contamination en iode de l'eau de Tokyo est à des niveaux "acceptables" : 34 Bq/l et 48 Bq/l le matin dans deux stations de purification et rien dans la troisième.
Dimanche 27 mars, le gouvernement a interdit l'utilisation de l'eau de pluie dans les stations de purification de l'eau.
-> Les limites radiologiques pour les produits alimentaires et l'eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici .
Contamination de l'alimentation
Samedi 19 mars, une contamination radioactive a été détectée dans des produits alimentaires (lait et épinards) à proximité de la centrale. Le Ministère japonais de la santé a ordonné aux autorités locales d'enquêter sur la provenance des produits et de prendre les mesures appropriées. Ces produits n'ont pas été mis sur le marché et les agriculteurs indemnisés par TEPCo.
Lundi 21 mars, l'OMS a déclaré que la contamination de l'alimentation au Japon était plus inquiétante que ce qu'elle avait craint au début. Le même jour, le gouvernement japonais a interdit la commercialisation des épinards et autres légumes feuille des 4 préfectures les plus touchées par les retombées radioactives. En 2009, cela représentait 17,4% de la production du pays et 60% des épinards vendus à Tokyo. La commercialisation du lait de la province de Fukushima a aussi été interdite. Des compensations sont proposées par le gouvernement.
Mardi 22 mars, le gouvernement a demandé à la préfecture de Fukushima de ne plus commercialiser de légumes récoltés dans la province. Il recommande à la population de ne plus le consommer. La commercialisation du lait et du persil a aussi été suspendue dans la province voisine de Ibaraki. Une contamination de 82 000 becquerels par kilo en césium, soit 164 fois la limite a été annoncée dans des ''kukitachina'' (légume feuille) à Motomiya (60 km de la centrale) et de 15 000 becquerels par kilo en iode, ce qui représente plus de 7 fois la limite.
Mercredi 23 mars, la litanie des légumes contaminés continue. Du césium qui dépasse les limites a été trouvé dans 25 échantillos provenant de la préfecture de Fukushima. 80 fois la limite dans des épinards à Tamura, 56 fois dans des feuilles de shinobu-fuyuna à Kawamata, 27,8 dans des broccoli d'Iitate... De l'iode radioactive a été trouvée dans 21 échantillons. De l'iode a aussi été trouvé dans du lait à Mito (province d'Ibaraki)... Les enfants sont particulièrement vulnérables à l'iode qui peut se concentrer dans la thyroïde et causer des cancers.
Les niveaux de contamination relevés à Kawamata, 22 000 Bq/kg d'iode dans des shinobu-fuyuna correspondent à une exposition de 7 millisieverts par an à la glande thyroïdienne pour des adultes, 33 millisieverts pour des jeunes enfants et 62 millisieverts pour des nourrissons. La limite maximale autorisée est de 1 millisievert en temps normal et 50 en cas d'urgence.
Vendredi 25 mars, 890 becquerels par kilo en césium dans des légumes feuille (komatsuna) ont été détectés dans la banlieue de Tokyo, à 250 km de la centrale, soit plus que la limite autorisée qui est de 500 Bq/kg.
Samedi 26 mars, il a été détecté de la radioactivité dans 99 aliments ou boissons différents. De nombreux produits des provinces de Chiba ou de Fukushima dépassent les limites "accepatbles".
Le quotidien Yomiuri du mardi 29 mars explique que les règles de surveillance de la radioactivité dans l'alimentation dépendent des préfectures : les limites sont les mêmes, mais pas les aliments à analyser en priorité. Par ailleurs, les agriculteurs sont très inquiets pour le production et demandent une révision des normes : pourquoi la même limite pour le persil qui est consommé en faible quantité que pour un autre légume ou du riz consommés en plus grande quantité ?
Jeudi 31 mars, de la viande de boeuf ayant 510 becquerels par kilo de césium 137 soit juste au dessu de la limite (500 Bq/kg) a été trouvée à Tenei qui est à 70 km de la centrale. Vendredi 1er avril, après vérification, ce boeuf n'était plus contaminé.
Samedi 2 avril, 33 légumes ou fruits sur 49 analysés étaient contaminés en césium et iode dans la préfecture de Fukushima, mais toujours en dessous des limites. Des produits marins étaient contaminés dans la préfecture d'Ibaraki, selon le ministère de l'éducation et de la recherche.
Plus tôt dans la semaine, le ministère de la santé avait annoncé avoir trouvé 25 légumes provenant de la préfecteure de Fukushima our d'autres préfectures limitrophes qui dépassaient la limite 500 becquerels par kilogramme pour le césium et 2 000 becquerels par kilogramme pour l'iode.
Dimanche 3 avril, des champignons contaminés ont été trouvés à Iwaki dans la préfecture de Fukushima : 3 100 becquerels par kilo en iode 131, alors que la limite est de 2 000 Bq/kg et 890 Bq/kg en césium 137 alors que la limite est à 500 Bq/kg.
Lundi 4 avril, on s'attend à ce que le ministère de la santé maintienne les limites de contamination radioactive dans l'alimentation. Certaines préfectures ont appelé à l'abaissement de ces limites et d'autres à plus de "souplesse", mais le comité d'experts consultés a conseillé de maintenir le statu quo. En revanche, les interdictions de vente de produits alimentaires sera dorénavant décidée par municipalité et non plus par préfecture. L'interdiction sera levée quand les produits en question seront sous la limite pendant 3 semaines. Les épinards de 3 municipalités de la préfectures de Chiba viennent d'être interdits à la vente.
Le même jour, Singapour a interdit l'importation de légumes de la préfecture de Hyogo après avoir trouvé un chou ayant 118 becquerels d'iode 131 par kilogramme, juste au dessus de la limite fixée par ce pays à 100 Bq/kg (au Japon, c'est 2 000 Bq/kg). Hyogo est à 600 km environ de le centrale accidentée.
Vendredi 8 avril, le gouvernement a levé l'interdiction de mise sur le marché de légumes feuille de la région de Gunma et de lait de la région de Aizu, toutes les deux situées dans la préfecture de Fukushima. Cela faisait 3 semaines que la contamination était sous les limites.
Samedi 9 avril, le syndicat des producteurs de tabac a décidé de ne pas planter de tabac cette année dans la province de Fukushima, bien que l'an dernier cela représentait la 7ième plus forte production du Japon. Le ministre de l'agriculture, en visite dans la région, a exorté les agriculteurs à ne pas encore planter le riz et a annoncé un zonage pour la mi-avril.
Dimanche 10 avril, c'est au tour de shiitake (champignons) cultivés à l'extérieur à Date, Shinchimachi et Iitatemura de dépasser les limites de mise sur le marché. A Aizu, les ventes de lait ont repris.
Lundi 11 avril, le Yomiuri publie un article expliquant comment réduire la contamination de l'alimentation en cuisinant. Les Japonais se préparent à consommer des produits contaminés pendant de longues années.
-> Les limites radiologiques pour les produits alimentaires et l'eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici .
-> Notice de la FAO sur la contamination des aliments en cas d'accident nucléaire ( en anglais )
Le mercredi 23 mars, 163 000 becquerels de césium 137 par kilogramme de terre ont été détectés à Iitate situé à 40 km au nord-est de la centrale. Voir le tableau de données (en japonais). L'association Mihama no kai a demandé l'évacuation du village. Samedi 26 mars, le maire a expliqué à la télévision n'avoir reçu que très peu d'informations à propos de la situation radiologique de son village.
Dimanche 27 mars, TEPCo a annoncé qu'elle allait analyser le plutonium dans le sol de la centrale car le réacteur n°3 est alimenté en MOx qui contient beaucoup de plutonium.
Les résultats sont arrivés lundi 28 mars et sont disponibles en japonais et en anglais . Du Pu 238, 239, 240 ont été détectés en divers endroits à des concentrations de l'ordre de quelques dizièmes de becquerels par kilo de terre à 1,2 becquerels. Ces contaminations sont "faibles" pour un réacteur accidenté. La composition isotopique laisse penser que ce plutonium n'est pas dû aux retombées des essais nucléaires atmosphériques mais est dû à la centrale. Le plutonium est peu volatil et sa présence semble être due à des fuites liquides.
Le même jour, le quotidien Asahi rapporte qu'un agriculteur bio de la région de Fukushima s'est suicidé : il avait passé 30 ans à améliorer sa terre et n'a pas supporté de la voir contaminée.
Mercredi 30 mars, l'AIEA a recommandé l'évacuation de Iitate situé à 40 km de la centrale car la contamination dépasse la limite internationale. La contamination en iode-131 relevée par l' AIEA dans 9 municipalités distantes de 25 à 58 km de la centrale vont de 0,2 à 25 Megabecquerel par mètre carré (millions de becquerels par mètre carré). Pour le césium 137, cela va de 0,02 à 3,7 Megabecquerel par mètre carré. Une centaine de personnes seraient toujours à Iitate.
Greenpeace a aussi mesuré des taux de radiation élevés en dehors de la zone d'évacuation. 100 microsieverts par heure par exemple le long d'une route entre Iitate et Tsushima. Les données sont ici .
Mais les autorités campent sur leur position : il n'est pas nécessaire d'évacuer plus, car la dose reçue par une personne qui reste à l'intérieur 16 heures par jour et 8 heures à l'extérieur est de l'ordre de 25 millisieverts, ce qui est la moitié du critère d'évacuation. Et d'ajouter que leur critères reposent sur la contamination de l'air, pas du sol.
Vendredi 2 avril, l'AIEA que les niveaux d'iode 131 relevés à Iitate étaient descendus sous la limite d'évacuation. La moyenne sur 15 échantillons prélevés entre le 19 et 29 mars est de 7 millions de becquerels par mètre carré. La limite est à 10 millions de becquerels par mètre carré. L'AIEA recommande toujours une surveillance renforcée dans cette zone.
Mercredi 6 avril, TEPCo a publié des données sur la contamination des sols aux alentours de la centrale. Il y a un cocktail de radioéléments assez impressionant. Voir ici .
Les niveaux de dose du sol à la date du 6 avril sont donnés ici pour les écoles de la préfecture de Fukushima. Les données vont de 0,05 à 5,4 microsieverts par heure à 1 mètre du sol et de 0,06 à 6,9 microsieverts par heure à 1 cm du sol. 0,05 microsieverts par heure à 1 mètre correspond au niveau avant la catastrophe.
Dans deux autres villages, dont le célèbre Iitate, les valeurs sont plus élevées : de 8,3 à 23 microsieverts par heure à un mètre du sol et de 9,5 à 30,1 microsieverts par heure à 1 cm du sol. Ces données sont du 5 avril.
La rentrée des classes a lieu début avril au Japon. La fermeture précipitée des classes a débouché sur les vacances de printemps qui se terminent.
Vendredi 8 avril, une étude menée par les université de Hiroshima et de Kyoto a montré qu'il y avait des zones au-delà du rayon de 30 km autour de la centrale qui devraient être évacuées. 8 radioéléments différents ont été détectés. Une contamination en césium 137 des 5 premiers centimètres de la terre varie entre 590 000 et 2,19 millions de becquerels par mètre cube. C'est plus que les critères d'évacuation autour de Tchernobyl. Encore une fois Iitate est concerné.
Samedi 9 avril, le gouvernement a annoncé vouloir interdire la culture du riz dans les champs où la concentration en césium dépasse les 5 000 becquerels par kilogramme. Cela devrait s'appliquer aux zones situées au-delà des 30 km autour de la centrale car en deçà, c'est déjà interdit. TEPCo et le gouvernement compenseront les agriculteurs. Deux champs de riz de Iitate dépassent cette limite. Il y avait 15 031 becquerels par kilogramme dans l'un d'entre eux.
Pour les champs dépassant la limite, le gouvernement va étudier la possibilité de remplacer la terre ou d'y cultiver des plantes qui absorbent moins le césium.
Fukushima produit habituellement 450 000 tonnes de riz par an. C'est la quatrième plus forte production du pays.
Lundi 11 avril, l'ACRO a publié des résultats de mesure alarmant sur les communes de Iitate et Kawamata.
Mardi 12 avril, le gouvernement japonais a annoncé avoir détecté du strontium dans le sol en très faible quantité en plusieurs endroits de la préfecture de Fukushima. Il n'a pas de limite établie pour la concentration du strontium dans l'alimentation.
-> Définition de zones contaminées en Biélorussie (1991)
TEPCo commencé à contrôler la radioactivité dans l'eau de mer le 21 mars et a indiqué que la concentration en iode était 126,7 fois plus forte que la concentration maximale autorisée pour les rejets des réacteurs 1 à 4 de la centrale de Fukushima dai-ichi et 24,8 fois pour le césium. Les données sont ici en japonais et en anglais .
Les prélèvements ont été faits à 100 m au sud du point de rejet des réacteurs 1 à 4 de la centrale nucléaire de Fukushima dai-ichi. La première colonne correspond à la concentration mesurée (il faut multiplier par 1000 pour avoir des becquerels par litre) ; la deuxième à la limite de détection ; la troisième à la concentration maximale autorisée pour les rejets et la dernière au ratio colonne 1 sur colonne 3.
En ce qui concerne l'eau de mer, des mesures effectuées par TEPCo à 8 et 16 km au sud de la centrale avaient des concentrations en iode 131 80,3 et 16,4 fois plus élevée que les limites légales. Si un adulte ingère quotidiennement 2-3 litres d'eau contenant la même quantité d'iode, l'exposition atteindrait la limite de 1 millisievert en un an. Il est pas prévu de suspendre le commerce de la pêche localement pour l'instant.
Samedi 26 mars, les nouvelles données de TEPCo sur l'eau de mer montrent toujours une forte contamination. La presse rapporte des contaminations plus fortes mesurées la veille par la NISA à 330 mètres au sud de la centrale : 50 000 becquerels par litre en iode 131, soit 1 250 fois supérieur à la limite sanitaire pour l'iode (qui est de 40 Bq/l). C'est environ 10 fois plus que lundi au même endroit. En buvant un demi litre de cette eau, on atteint la limite de dose annuelle pour la population, qui est de 1 millisievert. Samedi une concentration en iode radioactif égale à 1850 fois la limite a été détectée dans l'eau de mer.
Et la presse d'ajouter que pour le césium 134 on était à 117 fois la limite (qui est de 60 Bq/l) et pour le césium 137 à 80 fois la limite (qui est de 90 Bq/l), sans préciser les limites. A 16 km de la centrale, il y avait encore 16 fois la limite pour l'iode.
Il n'y aurait aucune activité de pêche dans un rayon de 20 km autour de la centrale.
Lundi 28 mars, les autorités ont annoncé avoir détecté une concentration 1 150 fois à la limite en iode 131 à 1,5 km du réacteur.
L'iode 131, qui a une durée de vie assez courte (demi-vie de 8 jours), ne peut pas provenir des piscines de combustible usés. La pollution semble donc venir des réacteurs. D'autres éléments radioactifs comme du barium 140, du lanthane 140 et tellure 132 ont aussi été détectés dans l'eau de mer. Ces éléments sont habituellement confinés dans la gaine du combustible leur présence signe la fusion au moins partielle d'un ou plusieurs coeurs. Par ailleurs, le lanthane 140 est très peu volatil, ce qui semble indiquer qu'il soit parvenu à la mer par des rejets liquides. Les données du 28 mars de TEPCo sont disponibles en anglais ici .
Les limites entre parenthèses sont données par l'ACRO en fonction de la documentation en ligne, mais nous ne sommes jamais sûr qu'il s'agisse bien de cette limite qui est utilisée pour communiquer.
Le quotidien Asahi du Mardi 29 mars, montre sur un schéma explicite (mais en japonais) que les structures qui retiennent les écoulements des réacteurs sont pleines et que l'on risque des débordements vers la mer toute proche. C'est dans le réacteur n°2 que la situation semble la plus critique. Il faut donc pomper cette eau, mais TEPCo n'a pas assez de cuves disponibles.
Les données du jour de TEPCo sur l'eau de mer sont disponibles en anglais .
Mercredi 30 mars, TEPCo a annoncé avoir mesuré de l'eau de mer avec une concentration en iode égale à 3 355 fois la limite. C'est la plus forte valeur détectée à ce jour depuis le début de la catastrophe. Le minsitère de l'éduaction, recherche, technologie etc, a quant à lui, détecté 79,4 becquerels par litre d'iode 131 dans de l'eau de mer prélevée à 40 km de la centrale, soit presque deux fois plus que la limite (40 Bq/l).
Jeudi 31 mars, un nouveau record de contamination de l'eau de mer a été battu : 4 385 fois la limite pour l'iode. Pour le césium 137, la concentration est de 527,4 fois la limite et pour le césium 134, 783,7 fois la limite.
Samedi 2 avril, les niveaux de contamination de l'eau de mer entre 20 et 30 km de la centrale accidentée étaient sous la limite, selon le ministère de l'éducation et de la recherche.
Dimanche 3 avril, toutes les tentatives de colmater la fuite du réacteur n°2 dans la mer ont échoué. Voir réacteur n°2 .
Lundi 4 avril, TEPCo a annoncé rejeter en mer 11 500 tonnes d'eau radioactive pur libérer de la place dans les cuves et accéder aux réacteurs. La compagnie aurait choisi l'eau la moins contaminée, à 100 fois la limite autorisée. 10 000 tonnes d'eau vont provenir d'une cuve et 1 500 tonnes restantes sont de l'eau d'une fosse découverte sous les réacteurs 5 et 6. Selon l'autorité de sûreté nucléaire nipponne, si l'on mange 200 grammes de poisson pêché dans un rayon de 1 km autour de la centrale pendant un an, l'exposition sur un an serait de 0,6 millisieverts, ce qui est sous la limite. Mais comme le poisson n'est pas le seul aliment contaminé, ce résultat n'est pas très rassurant...
La contamination en iode 131 des 10 000 tonnes d'eau à rejeter est de 6 300 becquerels par litre. Celle de l'eau sous le réacteur n°5 est de 1 600 becquerels par litre. Pour le réacteur n°6, c'est 20 000 becquerels par litre. Cela fait donc un total de 0,17 térabecquerels qui seront rejetés en mer. C'est presque 10 fois moins qu'une année de rejet d'iode 129 à l'usine Areva de La Hague en France... La quantité d'iode rejetée avec les 10 000 tonnes d'eau est équivalente celle qui serait rejetée avec 10 litres de l'eau du réacteur n°2. La fuite du réacteur n°2 est donc beaucoup plus inquiétante.
L' IRSN a publié des simulations numériques de la dispersion des rejets radioactifs dans l'eau de mer. Les contaminations relevées sont très élevées.
La Corée est très inquiète et a protesté. Le Japon s'est exusé en disant qu'il n'avait pas le choix et il a promis d'être transparent.
Mardi 5 avril, le Japon qui n'avait pas de limite pour la contamination des produits marins a adopté d'urgence des règles. Il a choisi les mêmes seuils que pour les légumes : 2 000 becquerels par kilo en iode et 500 becquerels par kilo en césium. Des jeunes lançons ayant 4 080 bequerels par kilogramme d'iode ont été mesurés au Nord d'Ibaraki. D'autres avaient 526 becquerels de césium par kilogramme. Le gouvernement a promis de renforcer le contrôle de la raioactivité dans les produits marins.
Mardi midi 3 430 tonnes d'eau "légèrement" radioactive ont été rejetées en mer. TEPCo a annoncé avoir prélevé devant le réacteur n°2 le samedi précédent un échantillon d'eau de mer qui avait une concentration en iode 131 qui était à 7,5 millions de fois la limite. Voir les résultats complets . D'autres données du ministère de la recherche et de l'éducation etc sont disponibles ici .
Mercredi 6 avril à 5h38, la fuite du réacteur n°2 a été colmatée. Les données de la contamination de l'eau de mer du jour sont ici .
Jeudi 7 avril, la contamination de l'eau de mer en iode près de l'endroit où il y avait la fuite est encore 63 000 fois plus élevée que la limite (qui est de 40 Bq/l). Des poissons (jeunes lançons) pêchés ce jour à un kilomètre au large d'Iwaki avaient entre 470 et 580 becquerels de césium par kilogramme alors que la limite vient d'être fixée à 500 Bq/kg.
Samedi 9 avril, TEPCo a commencé à construire une clôture en acier pour retenir d'éventuelles fuites vers la mer. Ils ont commencé par la zone du réacteur n°2 où il y avait eu la fuite.
-> Les seules mesures disponibles actuellement concernent l'eau de mer. Pour les êtres vivant dans la mer, il faut multiplier ces valeurs par un facteur de concentration. Quelques valeurs de facteurs de concentration sont données ici . -> Les limites radiologiques pour les produits alimentaires et l'eau de boisson fixées par le gouvernement japonais sont disponibles ici .
Doses reçues par la population
Mercredi 23 mars, des calculs de dose cumulées à la thyroïde depuis l'explosion jusqu'au 23 mars minuit (heure locale) ont été présentés : il est possible que des enfants d'un an vivant en dehors de la zone des 30 km autour de la centrale aient reçu une dose supérieure à 100 millisieverts (attention, il question de dose pour un organe ici, pas de dose pour le corps entier dont il est question pour les travailleurs). La dose pour un adulte est plus faible. A partir de 100 millisieverts, il est recommandé de prendre du iodure de potassium (comprimé d'iode) pour se protéger des risques de cancer de la thyroïde. C'est 50 mSv en France. Les calculs ont été faits avec le System for Prediction of Environmental Emergency Dose Information (SPEEDI). Les calculs ont été faits en supposant que le bébé était tout le temps à l'extérieur. La quantité d'iode rejetée par la centrale a été estimée rétroactivement.
A Tokyo, le débit de dose moyen a augmenté à 0,155 microsieverts par heure contre 0,142 la veille. De même à Chiba où il est passé de 0,125 à 0,142 microsieverts par heure. Dans la ville de Fukushima, il est stable : 6,85 microsieverts par heure. Il y a 470 microsieverts par heure à l'entrée principale de la centrale.
Dans un article daté du lundi 28 mars, The Japan Times rapporte que de nombreuses femmes enceintes fuient la région du Tohoku, la plus exposée et même Tokyo, pour aller donner naissance à Osaka, voire plus loin.
Samedi 2 avril, les niveaux d'irradiation ambiants continuent à diminuer aux alentours de la centrale et à grande distance. Cela est dû à une baisse des rejets gazeux.
Dimanche 3 avril, le gouvernement a annoncé avoir fait examiné la thyroïde de 900 enfants et bébés (âgés de 1 à 15 ans) vivant autour de la centrale et qu'aucun signe d'affection n'avait été détecté.
Doses reçues par les intervenants sur le site de la centrale
Dès le début de l'accident, des débits de dose de plusieurs millisievert par heure ont été détectées à proximité du réacteur (soit de l’ordre de 10.000 fois le bruit de fond radioactif naturel), alors que la dose maximale admissible pour la population est d’un millisievert par an.
TEPCo a expliqué que les intervenants sur le site étaient tous volontaires et qu'ils pouvaient partir quand ils voulaient. Mais la presse japonaise mentionne le cas des sous-traitants pour lesquels il est plus difficile de refuser s'ils veulent garder leur emploi.
Les conditions de vie sur le site de la centrale sont déplorables : deux repas minables par jour, 1,5 litre d'eau, des conditions de couchage spartiates. Un masque même pour dormir. Pas de bain ou douche...
Mardi 15 mars dans la journée un débit de dose de 400 millisieverts par heure a été mesuré à proximité du réacteur n°3 pendant l'incendie au niveau du réacteur n°4 ! La situation est devenue excessivement dangereuse pour les personnes sur place.Elle est ensuite retombée au niveau de l'ordre du millisievert par heure.
Jeudi 17 dans la journée, les niveaux étaient de nouveau de l'ordre de 400 millisieverts par heure. Plusieurs employés sont déjà hospitalisés. Dans soirée, il est retombé à 271 microsiverts par heure à la porte ouest de la centrale, laissant présager un effet des arrosages.
La limite travailleurs a été augmentée à 250 millisieverts (mSv) par le gouvernement. Le standard international en cas de crise grave est de 500 mSv. En temps normal, la limite pour les travailleurs au Japon est de 50 mSv par an et 100 mSv sur 5 ans. En cas de crise, le niveau est remonté à 100 mSv. L'armée et les pompiers ont aussi commencé à intervenir. Pour les militaires, la dose est limitée à 50 millisieverts. Pour les pompiers, la limite est de 30 millisieverts. Les intervenants ne semblent pas bénéficier d'une dosimétrie neutron individuelle malgré le fort rayonnement.
Dimanche 20 mars matin, 7 employés de TEPCo avaient reçu une dose supérieure à 100 millisieverts, la dose maximale habituellement admissible. L'un des ouvriers blessés lors de l'explosion du réacteur n°3 a été exposé a un débit de dose de 150 millisieverts par heure.
Jeudi 24 mars, 3 ouvriers ont été sévèrement irradiés alors qu'ils posaient un cable dans le bâtiment réacteur n°3. Deux ont été conduits à l'hôpital pour des brûlures aux pieds causées par le rayonnement bêta. Les doses reçues iraient de 173 à 180 millisieverts. De l'eau fortement contaminée serait entrée en contact avec leur peau, malgré les protections. Les deux personnes hospitalisées avaient des galoches en plastic, pas de bottes. Le troisième avait des bottes et n'a pas été contaminé. Le rayonnement à la surface de la flaque d'eau atteignait 400 millisieverts par heure, alors qu'il y avait 200 millisieverts par heure dans l'air. Ils seraient restés entre 40 et 50 minutes sur place.
TEPCo avait annoncé quelques millisieverts par heure et pas de flaque d'eau. Les ouvriers n'ont pas vérifié par eux-même. Le nombre total d'ouvriers exposés à des doses supérieures à 100 mSv est de 17 maintenant. Aucun n'a dépassé les 250 mSv.
Deux des trois ouvriers contaminés étaient des employés de TEPCo et le troisième un sous-traitant.
Les trois ouvriers n'ont pas tenu compte de l'alarme de leur dosimètre qui sonne à partir de 20 millisieverts, car, quand le site avait été inspecté la veille, il n'y avait pas d'eau et les niveaux d'irradiation de quelques millisieverts par heure.
Mais samedi 26 mars, TEPCo a reconnu qu'elle savait que le lieu où les ouvriers ont été irradiés était très irradiant et qu'elle n'avait pas transmis l'information aux personnes concernées. La compagnie avait détecté 200 millisieverts par heure le 18 mars.
TEPCo été critiquée car normalement, il y a toujours un accompagnateur pour vérifier la dose quand des ouvriers interviennent. Mais un cadre de TEPCo a expliqué : "en situation de crise, les problèmes se suivent. C'est devenu comme une zone de guerre. Je craignais ce genre d'accident".
Pour les deux ouvriers contaminés, la dose a été estimée entre 2 et 6 sieverts, selon le National Institute of Radiological Sciences in Chiba où ils sont en observation.
Lundi 28 mars, il y a maintenant 19 intervenants exposés à une dose supérieure à 100 millisieverts. 381 employés TEPCo et 69 d'autres compagnies ont pénétré dans la centrale lundi.
Vendredi 29 mars, il y avait environ 300 intervenants sur le site de la centrale, dont 250 sont des employés de TEPCo.
Jeudi 31 mars, la NHK a annoncé que tous les travailleurs n'étaient pas équipés de dosimètre individuel. TEPCo a expliqué que de nombreux dosimètres avaient été détruits lors du séisme et que dans certaines équipes, seul le chef était équipé. De 5 000 dosimètres avant le séisme, l'exploitant n'en avait plus que 320 après. Un ouvrier qui a travaillé au rétablissement de la ligne électrique a expliqué que les membres de l'équipe n'étaient pas toujours à proximité l'un de l'utre et qu'ils ont dû prendre des doses différentes sans qu'il sache combien. Le gouvernement japonais a rappelé que cette pratique était illégale.
Vendredi 1er avril, après s'être réprimandée, TEPCo a promis de fournir un dosimètre par intervenant. Ils sont maintenant 21 à avoir dépassé les 100 millisieverts. Un ouvrier est tombé dans la mer alors qu'il installait un tuyau dans la barge d'eau douce américaine. Il est en cours d'examen.
Dans un article du Japan Times du 3 avril, un employé d'un sous traitant de TEPCo qui est intervenu sur le site pour mettre des cables, dénonce les conditions de sécurité. Revenant sur la contamination sévère de deux ouvriers et l'irradiation d'un troisième, il critique le manque de supervision et de culture de sûreté : on ne travaille généralement pas les pieds dans l'eau. Il a aussi dénoncé le manque de dosimètres.
Il a réfuté les allégations selon lesquelles les interventions sur la centrale étaient extrêmement bien payées, quelques milliers d'euros par jour. Ce n'est pas le cas, a-t-il affirmé. Il y en a pour des années. Qui peut payer autant ?
Dimanche 3 avril, TEPCo a annoncé être en possession désormais de 920 dosimètres individuels. 500 d'entre eux viennent de la centrale de Kashiwazaki - Kariwa. TEPCo a aussi augmenté la ration alimentaire des intervenants. Ils passent de deux à trois repas par jour. Mais il y a toujours très peu de variété. Même si les conditions de vie se sont un peu améliorées avec l'eau et l'électricité, elles restent très difficiles.
Samedi 9 avril, l'agence Kyodo a annoncé avoir découvert que des sous-traitants de TEPCo ont refusé l'augmentation de limite de dose de 100 à 250 millisieverts pour leurs employés. Les trois ouvriers irradiés aux pieds le 24 mars a rendu tous les autres intervenants anxieux. Une autre compagnie a expliqué avoir retenu 80 millisieverts comme limite pour se garder une marge. Hitachi a choisi 200 millisieverts.
Mardi 12 avril, ils sont 700 à intervenir régulièrement sur la centrale pour tenter d'en prendre le contrôle.
Autres informations |
Le premier séisme qui a declenché la catastrophe avait une magnitude 9,0, ce qui représente une force exceptionnelle. Il a été suivi une un peu plus tard par un tsunami d'une hauteur de 14 mètres au niveau de la centrale de Fukushima dai-ichi. Des sismologues, comme Shimamura Hideki, remettent en cause la magnitude du séisme. TEPCo a ré-estimé la hauteur de la vague à 15 mètres début avril.
Selon une estimation publiée le vendredi 1er avril, les accélérations subies par les sous-sols des réacteurs 2, 3 et 5 étaient respectivement de 550, 507 et 548 gals dans la direction est-ouest, soit beaucoup plus que ce qui avait été envisagé. Ces chiffres peuvent évoluer car toutes les données n'ont pas encore été analysées. (1 gal = 1 cm/s 2 ) Les données sont disponibles en anglais sur le site de TEPCo.
Suite aux évènements du mardi 15 mars, le gouvernement japonais a installé une cellule de crise dans les locaux mêmes de TEPCo afin de pouvoir être bien informé. Elle est présidée par le premier ministre en personne !
Mardi 15 mars l'ASN, a estimé que l'accident de la centrale nucléaire japonaise relève désormais du niveau 6 sur une échelle de 7. Elle a été suivie par son homologue américaine. 7 correspond à Tchernobyl. Ce niveau était évalué à 4 par les autorités japonaises. Il a été remonté au niveau 5 vendredi 18 mars, pour les réacteurs 1, 2 et 3. L'accident du réacteur n°4 a, quant à lui, été reclassé au niveau 3.
La NISA a estimé que la quantité d'iode relâchée par la centrale de Fukushima dai-ici entre le 12 mars 6h00 et le mercredi 23 mars minuit devait être comprise entre 30 000 et 110 000 térabecquerels. (1 térabecquerel correspond à 10 12 bequerels, soit un million de millions). Cela entraîne un niveau 6 pour l'accident. A Tchernobyl, accident de niveau 7, ces rejets ont été estimés à 1,8 millions de térabecquerels.
Mardi 12 avril, la NISA a réévalué l'accident de Fukushima au niveau 7, comme à Tchernobyl. Elle a précisé que les rejets ont dépassé les 10 000 térabecquerels par heure pendant plusieurs heures (1 térabecquerel = 10 12 becquerels = 1 million de millions de becquerels). Les rejets seraient actuellement inférieurs au térabecquerel par heure.
Au début des opérations de secours, les autorités ont rapidement manqué d'essence dans la région sinistrée et ont dû demander à la population de limiter les pleins d'essence. La priorité doit être donnée aux secours. Dans la zone sinistrée, l'essence est rationnée.
Une élévation de la radioactivité ambiante a été détectée dimanche 13 mars matin à la centrale d'Onagawa, située à une centaine de kilomètres au Nord de celles de Fukushima. La compagnie d'électricité du Tohoku, l'exploitant, mentionne des niveaux ayant atteint une vingtaine de microsieverts par heure dans une balise de surveillance. Il est fort probable que la radioactivité viennent de Fukushima. La situation est redevenue "normale" dans la soirée.
Dans la soirée de dimanche 13 mars, on a appris qu'un réacteur de Tokaï-mura avait aussi perdu son système de refroidissement. Le système de secours serait actif.
Le 27 mars, le bilan est de 10 489 morts, 16 621 disparus et 2 285 blessés. Plus de 88 000 maisons et bâtiments ont été complètement ou partiellement détruits. Il y a encore 240 000 personnes dans 1 900 abris. Parmi ceux-ci, ils sont 20 000 à venir de la zone des 20 km qui a été évacuée autour de la centrale. Environ 90% des victimes sont mortes noyées (d'après une analyse faite sur 126 cadavres).
120 000 personnes sont engagées dans les opérations de secours.
Les bilans effectués par l'OMS sont disponibles ici .
Les villes et villages aux abords de la zone d'évacuation se vident petit à petit. Environ la moitié des habitants de Iitate où des niveaux élevés de césium ont été détectés, sont partis (à la date du vendredi 25 mars). 50 000 habitants sur 340 000 auraient aussi quitté Iwaki à la même date. La population de Minami-Soma (Soma sud) est passée de 70 000 à 20 000.
Les opérations de recherche dans la zone des 20 km autour de la centrale sont rendues très difficiles par la radioactivité ambiante. Au 31 mars, un millier de cadavres radioactifs ne peuvent pas être évacués de la zone car ils sont trop radioactifs. Ni la crémation, ni l'enterrement ne sont possibles.
Les autorités japonaises ont présenté dimanche 13 mars au soir un plan drastique de gestion de la pénurie d'électricité, annonçant des coupures programmées par tranche de trois heures à partir de lundi et jusqu'en avril. Une grande partie des annonces télévisées concerne ces coupures. Jeudi 17 mars, Tokyo a frolé le black-out à cause d'une vague de froid qui a augmenté la demande en électricité.
Une épidémie de rhumes semble se développer dans les centres d'hébergements temporaires bondés et parfois non chauffés.
L'alerte au tsunami a été levée lundi 14 mars.
Une semaine après le début des catastrophes, vendredi 18 mars, à 14h46, le pays a respecté une minute de silence. De même le lundi 11 avril, un mois après.
Un jeune Tokyoïte de 25 ans qui n'avait rien à faire là a essayé de pénétrer dans la centrale vendredi 1er avril.
Nous essayerons de compléter les informations contenues dans cette page en fonction de l’évolution des évènements.
~~~~~~~~ Compléments ~~~~~~~~~ |
Réacteurs nucléaires
Il y a deux centrales de Fukushima : Fukushima dai-ichi (n°1) avec 6 réacteurs à eau bouillante et Fukushima dai-ni (n°2) avec 4 réacteurs. Les réacteurs n°4 à 6 de Fukushima dai-ichi étaient déjà arrêtés avant le tremblement de terre. Les deux centrales sont séparées de 12 km et appartiennent toutes les deux à la compagnie d'électricité de Tokyo (TEPCo en anglais). La centrale d'Onagawa regroupe 3 réacteurs à eau bouillante et est exploitée par la compagnie d'électricité du Tohoku.
Le New York Times propose une animation très claire montrant la structure du réacteur de Fukushima dai-ichi.
La NRC américaine propose une description de réacteurs à eau bouillante.
Selon TEPCo, il y aurait 4 546 grappes de barres de combustibles usés à refroidir dans les 6 réacteurs de la centrale.
Comme prévu, ces centrales se sont arrêtées automatiquement lors du séisme. Mais, même arrêté, le combustible de la centrale dégage de la chaleur. Il faut de l'eau, des pompes et donc de l'électricité pour refroidir le coeur. Les générateurs de secours n'ayant pas fonctionné, la température et donc la pression ont augmenté avec un risque d'endommager l'enceinte de confinement.
Une trop forte augmentation de la température peut faire fondre la gaine des pastilles de combustible qui retient les produits de fission radioactifs. La présence de césium 137 relevée dans les rejets gazeux laisse penser que le coeur du ou des réacteurs a commencé à fondre. Si le combustible fondu se reconcentre, on peut craindre le redémarrage d'une réaction nucléaire en chaîne et une explosion nucléaire.
Contrairement aux coeurs des réacteurs, les piscines d'entreposage des combustibles usés ne sont pas confinées. Si ces combustibles ne sont plus refroidis et que la gaine fond, les radioéléments sont en contact direct avec l'air et peuvent être dispersés. C'est pourquoi les piscines posent plus de soucis actuellement. En cas d'incendie ou de relargage de gande ampleur, les employés ne pourraient plus accéder au site et tenter de contrôler les réacteurs.
En France, ces piscines ne sont pas mieux protégées.
Accident nucléaire
De nombreux autres sites Internet suivent l'évolution en continu de la catastrophe nucléaire :
- au Japon, mais en anglais, par Greenaction à Kyoto, association avec laquelle nous avons des liens très serrés;
- en France, Enerwebwatch , qui recense tout ce qui apparaît sur internet ;
- au Etats-Unis, le New York Times ;
- en France, l' ASN et l' IRSN ;
- au niveau international, l' AIEA .
La centrale accidentée est déjà visible sur googlemaps .
Une webcam permet de voir le site de la centrale. Des images satellites de la centrale avant et pendant la catastrophe sont disponibles ici .
Des photos aériennes de grande qualité sont disponibles ici .
Les photos du jour et de la veille du quotidien Asahi sont visibles ici et les archives des jours précédents ici .
Les niveaux de radiation mesurés par plusieurs balises autour des centrales de Fukushima sont visibles ici . Cependant, les données semblent s'arrêter au 12 mars. La courbe bleue continue indique le niveau de radiation en nGy/h. Le graphe du haut est sur 24h, celui du milieu sur une semaine et celui du bas sur 1 mois. La courbe en pointillés correspond au maximum enregistré par le passé.
Pour changer de balise, il faut cliquer sur la carte, mais nombreuses semblent inopérantes.
Les débits de dose sur le site de la centrale sont disponibles ici .
Les conditions météo sur place peuvent être consultées en français ici .
Lors d'une catastrophe nucléaire, la contamination des populations passe par trois phases qui peuvent se chevaucher :
- d'abord, l'exposition directe aux gaz du panache radioactif via la respiration. Quand les rejets s'arrêtent, ce mode d'exposition diminue rapidement.
- puis l'exposition aux dépôts sur les plantes : les polluants radioactifs passent directement dans la plante via les feuilles. C'est ce que l'on observe en France avec la contamination de l'herbe ou au Japon avec les légumes feuilles. Cette phase dure le temps d'une récolte si les rejets s'arrêtent.
- Enfin, il y a la contamination durable des sols et le transfert aux végétaux par les racines, puis à toute la chaîne alimentaire. Cette phase peut durer très très longtemps.
A cela s'ajoute la pollution marine qui est conséquente et durable pour cette catastrophe.
Les critères de l'AIEA en cas d'accident nucléaire sont disponibles ici en anglais .
En 2007, le sismologue Katsuhiko ISHIBASHI avait forgé le mot "genpatsushinsai" ou "désastre sismo-nucléaire" qu'il craignait.
A Three Miles Island, il a fallu 6 ans pour pouvoir inspecter le coeur et comprendre ce qui s'est passé.
Informations diverses
Tous les tremblements de terre qui ont eu lieu au Japon depuis le 11 mars sont répertoriés ici . Il y en a eu plus de 800.
De nombreuses données sismiques sont disponibles ici .
Des images satellites et une cartographie de l'impact du tsunami sont disponibles ici .
Une des raisons des problèmes d'approvisionnement électrique actuels vient du fait qu'une partie du Japon (Kansai) utilise du 60 Hz alors qu'une autre partie (Kanto) utilise du 50 Hz. Il n'y a que trois transformateurs entre les deux régions et il est donc difficile de transférer de l'électricité d'une partie à l'autre. Seuls un million de kilowatts peuvent être transférés vers l'Est, une fraction de la capacité perdue par TEPCO lors du tremblement de terre du 11 mars qui est de 21 millions de kilowatts.
De plus, seuls 3 réacteurs sur 7 de la centrale de Kashiwazaki-Kariwa aussi exploitée par TEPCo et endommagée par le tremblement de terre de 2007 fonctionnent.
L'industrie agro-alimentaire japonaise a été frappées par de nombreux scandales : du riz non consommable mis sur le marché, de la vande importée labellisée japonaise... La population n'a pas confiance dans le système de surveillance.
Articles de l'ACRO en ligne
pour comprendre la radioactivité :
- La radioactivité expliquée aux enfants (2011)
- Notions de base de radioactivité , fiche technique
- La contamination et l'irradiation , fiche technique
- Définition de zones contaminées en Biélorussie (1991)
et sur des évènements passés au Japon :
- A propos des falsifications de TEPCo dans le passé
- A propos de l'accident de Tokai-mura le 30 septembre 1999
mardi 12 avril 2011, 16h, heure française
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