Le 16 septembre 2014, les députés seront amenés à se prononcer par un vote sur la confiance qu'ils accordent au nouveau gouvernement Valls II. Nous militants, sympathisants socialistes, n'avons pas confiance.
A l'heure ou la déflation et la récession menacent, avec leur lot de misère et de drames sociaux qui les accompagnent, nous savons que la politique menée ne résoudra pas la crise. Au contraire, elle ne fera que l’amplifier. Partout où elles ont été appliquées, ces politiques ont fragilisé l’activité économique, nourri les souffrances sociales et renforcé les populismes. Maintenir un cap austéritaire de réduction brutale des dépenses publiques, d’affaiblissement des services publics, de gel des prestations sociales et de baisse des dotations aux collectivités territoriales est une impasse politique et économique.
A ces choix de politique économique, s'ajoute aussi une méthode : celle de la stigmatisation de ceux qui portent le débat. Nous n'oublions pas les attaques répétées contre celles et ceux qui ont affirmé en juin et juillet dernier qu’une autre politique était possible. Nous regrettons les méthodes utilisées pour brider le débat parlementaire lors des votes du PLFR et du PLFRSS l’été dernier. Le gouvernement doit faire vivre sa majorité, la respecter, et écouter ses voix plutôt que de cadenasser le débat.
Enfin, les multiples signaux et ballons d'essai qui se son succédés depuis le remaniement gouvernemental nous heurtent au plus profond de nos convictions d’hommes et de femmes gauche : stigmatisation des chômeurs, remise en cause des seuils sociaux et des 35 heures, augmentation de la TVA... Cette orientation politique, c’est celle que nous avons combattu pendant 10 ans lorsque la droite était au pouvoir. Ce n’est pas celle pour laquelle nous avons fait campagne avec tant d’acharnement en 2012.
Nous avons été élus pour redresser la France dans la justice. Mais nos concitoyens ne percoivent pas la justice lorsque l'on donne des milliards d’euros aux entreprises qui ne font qu'alimenter les dividendes faute de contreparties. Ils ne voient pas le redressement lorsque le chômage ne cesse de progresser. Ils se résignent lorsqu’on leur affirme qu’il n’y a pas d’autre politique possible. Nous sommes les porte-voix de ce peuple de gauche, qui voyant ceux qu’il a élu se détourner de ses aspirations a fini par se détourner de nous.
Il n'est pas encore trop tard, il est juste temps. Nous sommes à peine à la mi-mandat, et nous pouvons réussir. Pour cela un changement profond d'orientation politique s'impose. Nous devons retrouver le chemin des engagements de 2012, seuls à même de rassembler toute la gauche et de donner un nouveau souffle au quinquennat. Ce chemin impose de rompre avec l’orientation actuelle du gouvernement. La réussite de la gauche au pouvoir ne peut passer par la voie, sans issue, de l'abandon des promesses du Bourget.
Pour qu'enfin s'enclenche ce changement de politique si nécessaire et tant attendu par le peuple de gauche, il faut que le gouvernement soit contraint à entrer dans un dialogue et un compromis entre toutes les forces de gauche de la majorité, celles-la même qui ont permis la victoire de Francois Hollande. Ce dialogue et cette nouvelle synthèse majoritaire ne peut avoir lieu que si les parlementaires jouent leur rôle jusqu'au bout, en s'affranchissant des menaces et du chantage à la dissolution qui ne sont que de vains arguments d'autorité d'un pouvoir devenu sourd. Une majorité de gauche existe à l'assemblée pour mener la politique de changement promise en 2012, elle doit maintenant assumer son rôle et refuser la fuite en avant que tente de lui imposer l'exécutif.
Pour toutes ces raisons, afin que vive la gauche, nous, militants et sympathisants socialistes, appelons les députés socialistes à ne pas voter la confiance au gouvernement Valls II.