
Il en va des mots comme des choses et des artefacts humains : à un moment donné, certains surgissent du langage courant, de la masse des usages confus et des termes indifférents au changement, éclairés par les feux tremblotant du quotidien. Ces objets familiers, ombres de nos pensées et de nos mouvements, traces de nos volontés et de nos actions, prennent parfois un nouveau relief. Comme si on les voyait sous un autre jour.
Tandis que d’autres mots sont fabriqués, ciselés, puis articulés au discours pour les nouveaux besoins de l’époque. Pour exprimer un moment de l’histoire, pour dire notre vécu, nos particularités sociales. Comme le gaspillage ici aussi n’est pas permis, la parole les use jusqu’à la corde, les réutilise. Quelques-uns auront le privilège des hommes illustres et seront sacralisés, deviendront un mythe à eux seuls : ils resteront gravés aux frontons de nos temples ou de nos édifices publics, l’espace d’une période plus ou moins définie.
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