Les futures licenciées de Cofinoga sont vues par beaucoup (trop?) comme des collabos du système (voir les commentaires de l'article de Rachida el Azzouzi).
Pour exprimer mon point de vue, je pense utile de parler de mon métier de prof en CFA : on "forme" des jeunes à des métiers plus ou moins "utiles", avec comme objectif depuis des années de remplir les classes, sans considération pour aider à se réorienter si nécessaire. Sans compter le "placement" dans des entreprises qui les exploitent (pas toutes, heureusement) ou qui leur font des promesses d'embauche sans les tenir.
La plupart des formateurs ont des diplômes qui ne les autorisent pas à "choisir" un autre métier, sans compter tous ceux qui ont eu auparavant des emplois moins gratifiants que de transmettre des connaissances.
Le "management" par objectifs individuels a instillé un climat de "chacun pour soi", avec des cas de harcèlement moral.
Les réformes successives des divers BEP et bacs pro (sans doute nécessaires, mais avec des parties de programme toujours plus ambitieuses) ont été menées en accentuant la charge de travail des profs quasiment à chaque rentrée.
Bref, la plupart travaille uniquement pour le salaire, avec de moins en moins d'implication dans le suivi et le soutien des jeunes (déprimant).
Il me semble que tout ceci a un rapport avec ce que disait Hannah Arendt à propos du lien actuel entre le travail et la consommation.
L'humanité va-t-elle un jour pouvoir se libérer de cet asservissement, alors que nous sommes de plus en plus jetés les uns sur les autres (notamment par l'accroissement de la population urbaine) et certains n'hésitent pas à parler de population "surnuméraire"?
P.S.: j'utilise le féminin pour les salariées de Cofinoga vu la proportion de femmes travaillant dans ces postes mal payés.