La vidéo est visible sur le Net. Un flic entre dans la classe, empoigne une élève, la jette par terre et la traîne sur plusieurs mètres.
Ce fait divers intervient après plusieurs meurtres de Noirs par des policiers au pays de l'Oncle Sam.
Et alors?
Alors, justement, rien.
Quelqu'un d'assez simple parlerait de racisme. Tout simplement. Et dirait les USA sont un Etat raciste.
Imaginons que cette scène ait été filmée en Russie ou en Chine. Vous imaginez les commentaires? L'info circulerait plusieurs jours et les journalistes des JT n'en finiraient pas de donner leurs analyses savantes : ils remonteraient loin dans le temps. On aurait du Staline et du Mao plein les oreilles. Les blogs en rajouteraient des couches et des louches. On aurait des tas de Nomados qui nous citeraient une flopée de poètes, de romanciers, de philosophes, d'historiens, de titres. Y aurait des conséquences à tirer à n'en plus finir, on dissèquerait le totalitarisme au scalpel érudit. Y aurait des citations, des rappels de ceci et de cela.
Là? Rien.
Personne pour rappeler le génocide amérindien, l'esclavage africain, le racisme et les manifs à balles réelles, pas davantage le KKK. Personne pour évoquer cette société surarmée hyper violente, ses crimes collectifs sur les campus, les parkings et autres lieux publics. Personne pour examiner cette 1ère démocratie du monde, ses 1000 bases militaires, ses guerres à travers le monde et ses dictatures ou, ultime version, ses révolutions colorées.
La vidéo et c'est tout. En attendant la prochaine.
Et c'est ainsi que nous fonctionnons : dans la lâcheté. Notre silence, notre mutisme devant l'odieux, l'injuste et le révoltant.