Ecoles occupées, grèves, manifestations, ...
Parent.e.s et enseignant.e.s exigent une éducation publique de qualité même dans le 93
Ce mardi 20 mars, 10h00, 80 parents et enseignants en grève ont occupé l'école Jean Perrin, maternelle d'Aubervilliers pour lancer la semaine de mobilisation pour une école publique égalitaire. L'après midi, la mobilisation s'est déplacée devant l'Assemblée Nationale pour attirer l'attention du gouvernement. Minimum syndical exigé : que tous les collèges de la ville, et donc toutes les écoles de la ville se doivent de rentrer dans des réseaux d'éducation prioritaire renforcée (REP+) dans le cadre de la révision de la carte nationale de l'éducation prioritaire.
"Depuis 5 ans, nous constatons une hausse des effectifs dans les établissements scolaires sans un renforcement réel des moyens matériels et humains. De 500, les collèges sont passés à 700 élèves qui n'ont plus qu'1,5 m2 de cour de récréation chacun !" déplore Amélie, CPE au collège Diderot."En plus, ce que nous ressentons très fortement en école maternelle, complète Dominique de l'école maternelle Jean Perrin, c'est le manque de partenaires sociaux, on n'a plus d'assistante sociale, on a un médecin scolaire qui est à la retraite, on a un psychologue scolaire qui travaille avec 1300 enfants et on a un R.A.S.E.D qui manque de personnel. L'équipe a le sentiment d'une immense solitude, d'une immense découragement". Pour exprimer ce ras le bol, l'équipe enseignante au complet était en grève ce mardi.
Bâtiments délabrés, manque de jeux dans la cour, manque de personnels, les écoles souffrent d'un déficit criant de moyens. En réalité, nombre de quartiers d'Aubervilliers et de Seine-Saint-Denis sont "des quartiers en construction" explique Wilfried, de la FCPE d'Aubervilliers. En attendant la mise en place de projets de rénovations urbaines, dont on ne peut espérer l'aboutissement dans la décennie à venir, les quartiers sont en stand bye et les enfants sont des générations sacrifiées. Dominique, de l'école maternelle Jean Perrin se désespère "tout se joue en maternelle et dans les premières années de scolarité". "La ville est très dégradée" renchérit Emmanuelle, parent d'élève dans cette même école maternelle "il y a beaucoup de problèmes de violences, l'école devrait être un havre. Les enfants devraient pouvoir se dire on a une chance de s'en sortir".
"L'Etat devrait assumer les moyens de l'égalité des chances" considère Sofienne Karroumi, adjoint d'Aubervilliers à l'enseignement. Pour contrer les inégalités territoriales, le gouvernement a mis en place un dispositif phare : des postes d'enseignant•e•s afin de dédoubler les classes de CP en REP+ (réseau d'éducation prioritaire renforcée). Objectif : "Tous les enfants doivent sortir de CP avec ces compétences : lire, écrire, compter et respecter autrui". Problème : si certains établissements de Paris sont classés REP+, d'autres établissements en plein cœur des quartiers populaires du 93, respectant tous les critères socio-économiques, eux, ne le sont pas ! "Comment expliquer qu'un quartier populaire comme la Maladrerie, du côté du fort d'Aubervilliers, ne soit pas en REP+, c'est une aberration" s'étonne l'élu de la ville.
"Chaque année, nous sommes reçus en audience par la DSDEN pour l'alerter sur les conditions difficiles que nous vivons au sein de nos établissements quotidiennement." explique Amélie, du collège Diderot. "Nous sommes déçus, la DSDEN nie totalement la réalité du terrain" déplore Dominique, de l'école Jean Perrin. "La DSDEN compte largement sur la bonne volonté des personnels qui, chaque jour, assurent leurs missions dans des conditions qui ne sont pas dignes d'un service public de l'éducation".
Alors, de nouveau, les enseignants ont demandé audience à la DSDEN. Ce mercredi 21 mars, 14h, ils ont reçu une fin de non-recevoir, pas d'audience possible à l'échelle de la ville. Pourtant, Aubervilliers veut montrer que la situation ne relève pas d'un cas particulier. Pour tous ici, le classement en REP+ de l'ensemble des établissements de la ville, plus largement, de tout le département de Seine-saint-Denis, est une évidence. La mobilisation, soutenue par plusieurs élus, dont Bastien Lachaud, député de la 6e circonscription de la Seine Saint Denis, ira se faire entendre jusqu'au ministère de l'éducation si le déni perdure.
Prochaines actions : Jeudi 22 mars
- 9h : AG de ville Education au foyer Ambroise Croizat, 166 av. Victor Hugo, Aubervilliers
- 13h : Départ de Nation du cortège Education 93
- 18h : Rassemblement parents/ élèves/profs à la mairie d'Aubervilliers à l'occasion du lancement du réseau discrimin'Action.
- 18h45 : le Comité local du Mouvement Génération.s à Aubervilliers organise une conférence débat sur le thème "L'école garantit-elle encore l'égalité des chances ?". Une délégation partira de la mairie pour y assister.
Photos haute résolution et rushs disponibles sur demande.
Facebook : Auber en colère