Sisi l’anti islamiste, va-t-il réussir ce que Nasser n’a pas pu faire ?
"Pour l’armée égyptienne, Sisi est le type presque parfait. Pour la politique, il est le pire."
N’oubliez jamais cette phrase, que je viens de dire.
Dans une interview diffusée sur CBC, Sisi a commencé sa campagne électorale, en Egypte. Le futur Rais n’a pas raté l’occasion de montrer les grands (vagues) axes de son programme.
Comme prévu, Sisi s’est appuyé sur “l’argument facile”: pas de Frères musulmans durant ma présidence. (Sabahy, l’autre candidat, a promis la même chose.)
Comment Sisi compte faire pour éliminer les Frères musulmans ?
A partir de juillet 2013, des centaines d’islamistes ont été tués pendant des manifestations, dites pacifiques, ou lors des confrontations directes avec l’armée. Sisi, dans l’interview, a rappelé que n’importe quelle personne menaçant l’Egypte sera “éradiqué”. Une phrase forte qui montre la détermination du futur president et qui réconforte les millions d’égyptiens anti FM et surtout Pro Sisi.
Depuis la chute de Morsi, des milliers ont été emprisonnés, dont beaucoup ont été sanctionnés lourdement, dernièrement 529 personnes ont été condamnés à mort mais finalement ce ne sera appliqué que sur 37 personnes. Idem pour d’autres 683 personnes en attendant le verdict final.
Par l’armée et ensuite par la Justice, le régime égyptien continue à étouffer l’organisation islamiste sans pouvoir réagir, ne trouvant pas le soutien que de la part d’une minorité des égyptiens.
La deuxième partie du plan de Sisi est de les éliminer du paysage politique en Egypte.
Sisi, tout comme son adversaire Sabahy, a promis de ne pas laisser les Frères musulmans, déjà classés terroristes en décembre dernier, jouer un rôle politique durant son mandat. Il a annoncé aussi, comme on le savait, que l’Egypte a contacté la ligue arabe pour classer cette organisation comme terroriste, une chose qui serait quasi impossible à réaliser malgré la pression de beaucoup de pays arabes. La confrérie ne trouve qu’un peu de soutien et ça vient principalement du Qatar, contrairement à l’Arabie Saoudite et les UAE, deux pays anti Frères Musulmans, qui avaient annoncé leur aide au nouveau régime dés les 1ers jours après la chute de Morsi.
La dernière partie du plan anti FM de Sisi est de mettre en oeuvre une nouvelle vision de l’Islam, plus modéré. L’ex Maréchal a dit lors de l’interview que le discours religieux de ces dernières années a fait perdre l’islam son humanité et qu’il fallait changer cette tendance. On comprend que Sisi n’évitera pas d’utiliser la religion mais comme les FM, il l’utilisera à sa manière. D’ailleurs, il s’est pris pour un défenseur de l’Islam, à un certain moment de l’interview.
Malgré le fait qu’il faisait partie de l’ancien régime, et même choisi par le président déchu Morsi pour remplacer Tantaoui, Sisi avait l’idée d’éliminer les frères musulmans du paysage politique égyptien, dès le début. Il avait confirmé que le coup d’Etat se préparait dès le mois de janvier 2013. Et deux mois plus tard, il a contacté les américains pour leur annoncer la nouvelle, alors qu’ils n’étaient pas d’accord et ont même demandé que le coup soit reporté.
Soutenu par la plus grande force en Égypte, l’armée et même la justice, Sisi fera tout pour réaliser ses ambitions, dont la fin de la plus ancienne organisation islamiste. L’Égypte aura besoin aussi d’une révolution économique et sociale, deux secteurs souffrant de graves crises. Pour cela, Sisi avait promis d’améliorer la situation en 2 ans. Un programme de génie ou du bluff politique pour réussir sa campagne ?