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Billet de blog 20 avril 2020

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Il était un fois : rêver !

Il était une fois Un pays étrange qu’on nommait « terre de lune »

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Il était une fois

Un pays étrange qu’on nommait « terre de lune »

Pourquoi ? Aussi loin que pouvait se soumettre la mémoire, personne ne s’en souvenait.

Etrange, il l’était ce pays. Les gens et les animaux y vivaient librement en partageant avec bonheur leur échanges et quotidien.

Y vient, un jour brumeux, un personnage bizarre, avec chapeau bleuté sur la tête, une moustache lisse  et  un bagout détonnant dans cet univers communal ponctué de rencontres programmée annuellement et des « savoirs »  se nourrissant des habitudes et convivialités.

Ces habitudes étaient bien programmées : Chaque année, le bulletin municipal mensuel venait rappeler les « agapes » régulières de l’année. Chaque association, créée souvent par des notables locaux pour se donner une bonne visibilité locale, organisait sa festivité annuelle à laquelle ne participait que les habitués ou les adhérents souvent en retard du paiement de leur adhésion.

Le chapeau bleuté se crapahutait depuis plusieurs années de ville en ville avec son sac de tristesse rassemblant quelques effets personnels, surtout la photo de sa fille qu’il n’avait revu depuis ses douze ans. Cette photo le hantait et l’enivrait.  

Cadre, autrefois dans une grosse boite,, la société « jenveuxplus », du côté de Rennes, la vie était heureuse et sans doute insouciante. DRH, les débuts furent facile, seulement gérer les absences anormales et les rapports avec la seule organisation syndicale de l’entreprise qu’il avait intelligemment mis en avant avec quelques salariés de sa connaissance et proche de la famille actionnaire dont appartenait aussi son épouse, Maria.

Le bonheur se résume parfois à peu de chose : un boulot bien payé, une épouse attentionnée et exerçant dans le milieu médical, deux enfant en école privée, une maison avec petit jardin en centre de ville, des abonnements à plusieurs centre culturels, juste pour frimer, le resto peinard de temps, à autres et des amis invités et parfois un « obligé » pour asseoir sa notoriété.

Comment tout s’est cassé la gueule ? Il ne s’en souvient plus exactement.  L’épidémie covid-19 avait débarqué subitement sur le pays. DRH, il se devait de réagir, facile au début puisqu’il suffisait de mettre la grande majorité des salariés en chômage partiel puisque l’Etat allait financer le paiement d’au moins 85% des salaires. Facile, ce fut, bien évidemment à cet instant.

Puis vint la fin de la pandémie, ou enfin les signes montrant, pour le commerce et le monde financier  que tout pouvait recommencer, tranquillement, comme avant.

Entre temps, les actionnaires de sa boite avaient dû faire l’impasse, parfois seulement en partie,  de dividendes qu’ils attendaient pour grossir leurs bénéfices en bénéficiant seulement de la rente de leurs actions sans mettre leurs mains « au cambouis ».

« Tout vient à qui sait attendre » dit l’adage, mais il n’a pas eu à attendre. Son job, même s’il ne se faisait aucune illusion  sur son volet social, lui imposait une gestion rigoureuse des effectifs de la société afin de permettre, selon les actionnaires « de diminuer au plus vite la charge salariale ».

Il lui fut assez facile, dans un premier temps, avec l’aide du syndicat « maison » de faire accepter une diminution de salaire puis une augmentation du temps de travail.

Il en reçut des remerciements enflammés lors d’une réception organisée par l’actionnaire principal qui, le même soir, fit comprendre, que malgré ces efforts, la survie de l’entreprise ne pouvait être assurée, les mêmes prestations pouvant être réalisées en Inde avec des coûts de fonctionnement dérisoires.

Plus tard, le Président de la société « jenveuxplus », un verre de champagne à la main :

- « Avez-vous pensé à cette opportunité sur l’Inde ? »

-« Quelle opportunité ? »

-« Nous avons confiance en vous et vous avez montré une réelle capacité à gérer les salariés. Nous souhaitons vous faire confiance sur notre sire en Inde ».

L’homme au chapeau bleuté s’est senti honteux et blessé mais a gardé le silence.

Le Président s’est éclipsé. Le lendemain, l’homme au chapeau bleu était remplacé et licencié.

Et tout est parti en quenouille ? Sans doute, dans un premier temps, le licenciement, les égards fuyants des  anciens « pseudos » amis, les  doutes et inquiétudes de ses enfants et le regard inquiet puis fuyant de son épouse.

Puis, un souvenir, celui de son adolescence. Plein de rêves, partant en auto-stop sur tous les chemins, touchant Copenhague puis Paris, Naples, et même Cotonou au Bénin. Des rencontres, plaisirs, découvertes, éliminées au seuil du boulot quotidien sans rêves.

Lui, chapeau bleuté, est descendu à ses sources, ses envies, ses espoirs.

Il ne reviens pas au pays où il est né, ni dans une chimère de bonheur individuel ou cerné autour d’un simple cercle familial. Il reviens seulement chez lui, se reprendre, dans la vie sociale à laquelle il n’aurait jamais du s’échapper.  Le bonheur est à portée de mains, tout tendre et sensible.

Son chapeau bleuté, il le dépose auprès de l’antre d’un avenir meilleur forcement possible. Il lui suffit de lutter intérieurement et « ensembles » ! La « terre de lune » a de beaux jours heureux devant elle si nous le voulons. Dans mon village, aujourd’hui, il regarde ces habitudes de convivialités  en espérant ouvrir les siennes.

Et il commence le soir même, reprendre contact avec ses deux enfants et ses amis anciens, simplement pour échanger, rire et vivre !

Ce soir, avant de s'endormir, il  repose son chapeau bleuté, rêve et souris enfin.

Demain sera un nouveau jour

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